Pour le retour de la République

Pour le retour de la République

Par Jacques Médecin, dans l’Identité de la France du Carrefour de l’Horloge

 

La patrie est, par essence, lieu d’enracinement 

 

En ce sens, la décentralisation représente une chance pour ceux qui veulent recréer des territoires pour l’homme, à condition de respecter les terroirs, les affinités et de ne pas supporter des découpages artificiels et contre-nature. La commune, dans ce sens, demeure le lieu par excellence de l’enracinement. Je voudrais citer, d’ailleurs, une des très belles phrases de Philippe Pries selon lequel « la commune est le lieu autour duquel la communauté vit avec ses morts ». C’est dire combien ce territoire est lieu d’équilibre psychologique et historique.

On conçoit par conséquent, que les conditions de l’appartenance doivent reposer sur la volonté de partager un même destin et sur celle de s’enraciner dans une mémoire.

Il s’agit de se considérer tout à la fois comme l’individu membre d’une communauté historique et de s’approprier une histoire pour désormais la partager si l’on n’est pas fils, à l’origine, de cette communauté.

Tous ceux qui refuseraient cette démarche resteront des étrangers, ce qui est tout à leur honneur s’ils doivent, par là, témoigner de leur conscience d’appartenance à leur propre nation.

Dans le premier cas, ils seront des citoyens, dans le second, des individus dotés de droits propres à la dignité humaine, mais ils demeureront soumis aux règles de l’hospitalité et du respect des intérêts propres de la nation d’accueil.

Cette évocation du citoyen me permet une transition sur le point gouvernant mes réflexions.

Si le réveil des nations repose, partout dans le monde, dans la résurgence de la conscience d’appartenance et du retour de l’histoire, il se manifeste par l’irruption du charnel. Le réveil de notre nation passe également par un discours plus authentiquement républicain et par le recours au citoyen.

 

La république et le recours au citoyen

 

Tocqueville décrivait déjà les risques de l’État-providence régnant sur une « foule innombrable d’hommes semblables et égaux, qui tournent sans repos sur eux-mêmes pour se procurer des petits et vulgaires plaisirs ».

Le risque de l’indifférenciation était magistralement démontré. Cependant, la république ne repose pas seulement sur le suffrage universel, elle invoque aussi une éthique où l’homme s’élève aux exigences de la citoyenneté.

En d’autres termes, la république postule que l’homme dispose de droits politiques en tant que citoyen, tandis que la nation n’est pas la seule addition des citoyens, mais un tout qu’elle exprime dans le temps.

En d’autres termes, le fondement de la république, c’est la nation, à laquelle on appartient par la citoyenneté. Quant au réveil de la nation républicaine, il implique le rappel des exigences de la citoyenneté et le postulat de la liberté par la souveraineté.

 

Le fondement de la république repose sur le principe de l’appartenance par la citoyenneté

 

Le principe induit que l’unité nationale existe dès que les citoyens ont conscience de leurs devoirs nationaux et qu’ils font la différence entre leurs intérêts d’hommes et leurs devoirs d’appartenance. C’est à cette condition que la liberté de tous garantit celle de chacun.

Le citoyen est donc celui qui exerce son droit de suffrage. Ce droit lui est conféré par la naissance ou par sa volonté d’appartenance. Ce qui signifie que seuls les citoyens votent et sont donc contraints par leurs propres décisions. Dans ce cas, la liberté n’évoque nullement une libération dans le sens d’une émancipation vis-à-vis de la collectivité, mais souligne une appartenance, laquelle confère la liberté. Etre un citoyen, c’est appartenir à une nation et, de ce fait, posséder la capacité politique de participer à la vie de la cité. Cette liberté républicaine ne légitime pas la sécession, mais témoigne du lien qui relie les personnes à la cité. Les individus sont libres parce que la cité est libre.

La liberté, dans notre république, est fondatrice. C’est la liberté de participer à la vie politique de la cité qui crée le citoyen. Par conséquent, l’égalité découle de la liberté et de la citoyenneté. Tous les citoyens sont égaux et ne sont égaux que par l’exercice égal du droit de suffrage.

Cela constitue la trame de notre mémoire républicaine. Cela signifie par conséquent :

 

1 – Seule l’appartenance nationale confère la citoyenneté ;

2 – seuls les citoyens ont le droit de voter ;

3 – l’égalité des droits politiques n’existent qu’entre citoyens ;

4 – la liberté des citoyens garantit la liberté des individus non citoyens mais la limite par le respect des droits des citoyens ;

5 – la nation républicaine est dépositaire de ces exigences ;

6 – l’unité nationale est la condition de l’indépendance de la cité et donc de la liberté des membres qui la constituent.

 

Ces principes composent aujourd’hui l’essence d’un renouveau de la nation républicaine et les incantations du discours égalitariste contredisent notre tradition. Car l’égalité ne signifie par l’identité.

Il est d’ailleurs curieux que les hérauts fatigués de la pensée de gauche en France cherchent depuis peu à récupérer le thème républicain pour se reconstituer une virginité historique. Cette démarche est curieuse alors qu’aucun parti de gauche ne fait figurer le mot de République dans sa dénomination ! Cette grande partie de la gauche a abandonné la République pour la pseudo-démocratie cosmopolite !

Aussi, convient-il de rappeler, pour finir, que le réveil de la nation républicaine sera complet lorsque sera revendiquée l’exigence de souveraineté.

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La république doit en effet être souveraine

 

Cette affirmation signifie que la république ne peut tolérer des pouvoirs concurrents, qui ne procèdent pas de la représentation nationale, et qu’elle seule peut consentir les réductions de compétences.

Cela signifie, tout d’abord, que les pouvoirs concurrents, telles les organisations syndicales, doivent occuper leur rang, mais rien que leur rang. Organe de représentation des intérêts professionnels, de consultation, les syndicats ne peuvent pas concurrencer, pour l’essentiel, les pouvoirs de la nation et de leurs représentants. Cela signifie également que l’État doit se désengager des activités que les particuliers peuvent mener à bien seuls. Sa présence dans tous les secteurs galvaude son autorité et mène à une confusion permanente entre l’intérêt général et les intérêts de certaines catégories sectorielles non représentatives de la nation. L’État républicain est avant tout en charge de l’indépendance de la nation. À ce titre, il doit orienter les stratégies économiques, mais non diriger les tactiques.

Pour conclure, je dirai que la République s’est nourrie parfois de romantisme, que ce siècle naturaliste ne tolère pas. Pourtant, au plus profond de notre mémoire, le mythe de l’unité et de l’harmonie de la cité antique demeure un souvenir lancinant.

Si les nations républicaines, aujourd’hui, doivent s’éveiller, c’est par les retrouvailles de la citoyenneté aristocratique, là où l’individu s’élève par la fidélité à la nation, le sens du don et le sentiment que son au-delà historique passe par le devenir de la cité.

 

Lectures complémentaires :

On n’est pas républicain quand on est cosmopolite

Pour un racisme républicain

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