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L’antiracisme contre la science

Philippe Rushton entouré de manifestants antiracistes après un cours donné à l’université de l’Ontario de l’ouest en 1991.

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« Toute politique implique quelque idée de l’homme. » (Paul Valéry)
« L’utopie égalitaire est fondée sur l’anthropologie […] de Jean-Jacques Rousseau. Selon celui-ci, l’homme, bon par nature, serait corrompu par la société. L’origine du mal ne serait pas à chercher dans l’homme lui-même, mais dans la société, qu’il conviendrait de reconstruire sur des bases entièrement nouvelles[1]. »

Introduction
En France, Mai 68 fut une révolution cosmopolite, mais cette révolution eut lieu partout en Occident dans les années 1960. Au Royaume-Uni, l’on peut prendre la date symbolique de 1963, donnée par le poète Philippe Larkin, qu’il place entre la levée de la censure d’un roman de David Herbert Lawrence, qui contenait des passages érotiques, et la sortie du premier album des Beatles. Aux États-Unis, c’est le mouvement hippie et l’apogée des manifestations pour les droits civiques – la loi qui met définitivement fin à la discrimination raciale est votée en 1968. Le politologue américain Ronald Inglehart considère que cette mutation des valeurs en Occident fut la marque d’une révolution silencieuse. Le développement économique, chassant le socialisme, aurait orienté la gauche vers des valeurs moins matérielles, relatives, par exemple, à l’émancipation individuelle et à l’égalité des sexes. L’antiracisme est une autre manifestation de cette révolution silencieuse ou cosmopolite et nous tâcherons ici d’estimer les dégâts qu’elle a pu faire dans le champ des sciences de l’homme, et notamment de l’anthropologie.
Dans une vidéo de mai 2020, nous notions que, contrairement à une idée répandue, il n’y avait pas de consensus parmi les scientifiques à propos de l’existence des races humaines[2]. Suivant les pays, une minorité substantielle ou une majorité d’anthropologues et de biologistes continuent à défendre la pertinence du concept de race pour l’humanité. Nous notions aussi que le débat était piégé par l’idéologie cosmopolite, et que des chercheurs, comme Jared Diamond ou Charles Murray, rapportaient que certains de leurs confrères n’hésitaient pas à déclarer, en privé, confidentiellement, que les races humaines existaient, tout en soutenant la thèse inverse en public. Comme Henry Harpending l’a écrit[3] : « [Aujourd’hui], un sondage sur l’existence des races serait comme un sondage sur le marxisme dans l’Allemagne de l’est des années 1980. Tout le monde mentirait. »
Nous proposons ici de revenir chronologiquement sur des controverses qui ont animé et animent encore l’anthropologie. Nous constaterons que l’antiracisme et les prétendus bons sentiments font rarement bon ménage avec la science.

Franz Boas : culture contre nature
L’influence de l’antiracisme à l’université ne date pas des années 1960. L’un de ses premiers acteurs est Franz Boas, né en Prusse en 1858 et mort aux États-Unis en 1942. Il est le principal responsable de la dissociation de la biologie et des sciences sociales. L’historien Carl Degler a écrit : « On peut difficilement exagérer l’influence qu’a eue Franz Boas sur les sciences sociales américaines et leur rapport à la race. À une époque où les États du sud imposaient la ségrégation raciale, où l’eugénisme commençait à s’imposer comme réponse aux problèmes de société, Boas se lançait dans la bataille d’une vie, bataille contre l’idée selon laquelle la race serait la cause principale des différences intellectuelles et comportementales entre les groupes humains. Cette bataille a été remportée grâce à la mise en avant systématique et sans répit du concept de culture[4]. »
Boas partit pour La nouvelle York en 1887, cherchant à fuir le climat antijuif qui régnait alors en Allemagne. En 1894, il n’était pas encore ce chercheur dont l’horizon sera la négation totale de la force de l’hérédité dans les différences raciales. Cette année-là, il publia une analyse des données anthropométriques du Français Paul Topinard, et concluait que seuls 27% des congoïdes avaient un volume crânien supérieur au volume crânien moyen des caucasoïdes. Boas écrivit alors que l’on devrait s’attendre à trouver peu de génies chez les congoïdes.
C’est à partir de 1896, à 38 ans, année où il devint maître de conférences à Columbia, que son environnementalisme prit le dessus. C’est une époque où le sentiment antijuif montait et où les publications de Madison Grant sur la race nordique connaissaient un certain succès, ce qui rendait Boas furieux. Il arriva à se convaincre que l’hérédité ne jouait aucun rôle dans les différences intellectuelles et comportementales entre les races ou entre les immigrés, quelle que fût leur origine, et les Américains. Boas ira jusqu’à s’impliquer dans les affaires politiques de son temps, notamment en 1924, auprès d’Emanuel Celler, un démocrate membre du congrès. La question de l’immigration lui importait beaucoup, ce qui le poussa à conduire une étude sur les « changements des caractéristiques physiques des descendants d’immigrés[5] ». Publiée en 1912, elle fut citée durant tout le XXe siècle. Boas prétendait y montrer que les enfants qui vivaient aux États-Unis connaissaient un changement radical de leur indice céphalique, c’est-à-dire le rapport entre la longueur et la largeur du crâne, qui sert notamment à déterminer les sous-races de la race caucasoïde, lesquelles sont soit plutôt brachycéphales, comme la sous-race alpine, soit plutôt dolichocéphales, comme les sous-races nordique et méditerranéenne. Que vaut cette étude ? En 2002, deux équipes de chercheurs, indépendamment l’une de l’autre, se sont penchées sur la question. La première[6], en réanalysant les données, confirma que les descendants d’immigrés avaient bien vu leur indice céphalique changer, et cela donnerait raison à Boas quand il affirma qu’il s’agissait là des effets de l’environnement américain.
La deuxième équipe[7] poussa ses analyses un peu plus loin, et conclut :
« Dans cette étude, nous avons évalué les données de Franz Boas avec des méthodes statistiques modernes, et nous avons tenté de reproduire ses conclusions sur la plasticité du crâne. Au lieu de retrouver cette plasticité substantielle, que Boas et les innombrables chercheurs qui l’ont cité prétendaient pouvoir observer, notre analyse révèle une haute héritabilité et des variations au sein des groupes ethniques qui persistent dans l’environnement américain. […] L’acceptation, sans esprit critique, des données de Boas a causé 90 ans de malentendus sur la nature de cette plasticité. La réanalyse de ces données non seulement montre que la plasticité du crâne n’est pas la première source des variations de sa forme, mais montre aussi que c’est la génétique qui en est la première cause, ce que savaient les morphométriciens depuis longtemps.
[…] Aux États-Unis, depuis 150 ans, les noirs comme les blancs ont connu des changements significatifs dans leur morphologie crânienne, mais celle-ci n’a pas convergé vers une même forme, comme on aurait pu s’y attendre si la plasticité environnementale jouait un rôle majeur. »
Par ailleurs, les auteurs notent que c’est l’antiracisme qui a motivé Boas à conduire cette étude, ce qui est loin d’être une spéculation, car Boas ne cachait pas ses idées politiques[8]
Madison Grant, eugéniste américain connu pour The Passing of the Great Race [Le Déclin de la grande race][9], ode à la sous-race nordique publiée en 1916, s’opposa vigoureusement à Boas et à ses méthodes. Grant blâmait plus généralement les Juifs et les accusait d’empêcher les anthropologues de publier dans les journaux leurs trouvailles sur les différences raciales. L’anthropologie raciale fut en effet petit à petit marginalisée par l’activisme de Boas et de ses disciples. Kevin MacDonald, auteur désormais célèbre pour sa trilogie sur la question juive[10], a écrit : « À partir de 1915, les boasiens contrôlaient l’Association américaine d’anthropologie et composaient les deux tiers de son conseil d’administration. En 1919, Boas déclarait que la plupart des travaux anthropologiques aux Etats-Unis étaient dorénavant faits par ses élèves de l’université de Columbia. À partir de 1926, tous les grands départements d’anthropologie étaient dirigés par des élèves de Boas, juifs pour la plupart[11]. » Un de ses protégés, Melville Herskovits, a pu dire : « Les quatre décennies pendant lesquelles Boas fut professeur à Columbia lui permirent de former des élèves qui finirent par composer une grande part des anthropologues qui tinrent et dirigèrent les plus importants départements d’anthropologie des États-Unis. À leur tour, ils formèrent des étudiants qui ont fait perdurer cette tradition[12]. »
Selon l’anthropologue Leslie White, les étudiants les plus influents de Boas furent Ruth Benedict, Alexander Goldenweiser, Melville Herskovits, Alfred Kroeber, Robert Lowie, Margaret Mead, Paul Radin, Edward Sapir et Leslie Spier. Un « petit groupe restreint d’universitaires, rassemblés autour de leur chef », qui étaient juifs pour les deux tiers (Kroeber, Benedict et Mead n’étaient pas juifs). Gelya Frank, anthropologue, cite les autres étudiants de Boas qui eurent une brillante carrière : Alexander Lesser, Ruth Bunzel, Gene Weltfish, Esther Goldfrank et Ruth Landes. Tous juifs. Ashley Montagu, né Israël Ehrenberg, fut un autre étudiant juif et influent de Boas. Il se battit avec force contre l’idée que les différences raciales dans l’intelligence étaient héréditaires. Cependant, les deux étudiants de Boas les plus renommés n’étaient pas juifs : Margaret Mead et Ruth Benedict. Kevin MacDonald y voit, avec l’historien John Efron, un phénomène intéressant : ils pensent que Boas, comme Freud, mit en avant des figures non juives afin d’être plus audible et ne pas paraître trop partisan à une époque où le sentiment antijuif était prégnant.
Coming of Age in Samoa [Adolescence à Samoa][13] est l’ouvrage qui valut à Margaret Mead sa renommée. Bonne élève de Boas, elle analysa la société samoane en excluant tout facteur héréditaire et en se contentant d’une description ethnographique dénuée de considérations théoriques. Dans cette étude, Mead se pencha avec beaucoup de sympathie sur la vie sexuelle prémaritale des jeunes Samoanes et y dépeignit une sorte de paradis de l’amour libre, où les affres de l’adolescence n’existeraient pas. Cet ouvrage fut violemment critiqué par un anthropologue néo-zélandais qui connaissait extrêmement bien Samoa, Derek Freeman, lequel accusa Mead d’avoir plaqué ses idées utopistes et égalitaires sur la société samoane, ainsi que d’avoir gravement manqué de rigueur dans ses descriptions. Il lui reprocha notamment d’avoir omis tout ce qui aurait pu faire de l’ombre à ce nouveau mythe du bon sauvage – à savoir, les viols, la violence ou encore l’importance de la virginité avant le mariage. Freeman l’accusa aussi d’avoir été crédule face à ce qu’il considérait être de faux témoignages que des jeunes filles se seraient amusées à donner à Mead. Cependant, Freeman étudia Samoa vingt ans après Mead, après que les missionnaires chrétiens eurent peut-être déjà bien bouleversé les mœurs. Mais, surtout, le travail publié de Mead, comme ses notes personnelles, montrent qu’elle était loin de se faire berner par les blagues des jeunes Samoanes, et qu’elle avait conscience de l’importance de la morale sexuelle à Samoa. Seulement, elle préféra documenter la vie des jeunes filles aux mœurs les plus légères, quitte à donner au lecteur une vision déformée de la vie samoane. La controverse entre Freeman et Mead dura trente ans, et fut surtout due à la personnalité impétueuse de Freeman, qui chercha sans relâche, dès le début de sa carrière, à détruire la réputation de Mead. Cette controverse, qui était très personnelle et passionnée pour Freeman, fut probablement un prétexte qui lui permit d’attaquer cette anthropologie culturelle qui ne laissait aucune place aux considérations sociobiologiques. Malgré l’acharnement de Freeman, Mead reste probablement l’anthropologue la plus célèbre au monde[14].
Ruth Benedict, presque aussi connue que Margaret Mead, a aussi largement contribué à la domination des idées de Boas dans l’anthropologie culturelle en Occident. Patterns of Culture [Échantillons de civilisations][15], publié en 1934, installa fermement le relativisme culturel aux États-Unis. Aussi a-t-on pu dire « qu’à partir du milieu du XXe siècle, c’était un lieu commun pour l’Américain cultivé d’évoquer les différences entre les peuples sous l’angle culturel et de dire que la science moderne avait montré que les races n’existaient pas[16]. »
Boas citait à l’envi Mead, Benedict et ses autres élèves, mais rarement les anthropologues qui ne faisaient pas partie de son cercle. MacDonald y voit là l’un des nombreux aspects du microcosme boasien qui ressemblait fortement, selon lui, au judaïsme : un groupe à l’identité forte, fermé sur lui-même, uni dans la poursuite d’intérêts communs, autoritaire et excluant les dissidents. Comme Freud, Boas fut une figure patriarcale et paternelle, très dure avec les gens qui étaient en désaccord avec lui, mais qui chérissait ses soutiens. Si Boas était particulièrement sceptique et se voulait rigoureux dès que la génétique entrait en jeu, ses propres thèses ne reposaient souvent que sur des données ténues, et les historiens des sciences l’ont trouvé plutôt indulgent avec Mead et Benedict, dont le travail aurait dû un peu plus souvent le questionner[17].
À partir de la deuxième partie des années 1930, l’anthropologie boasienne, selon laquelle la culture et non la génétique déterminait l’action des hommes, influençait une large part des sciences sociales. Les disciples de Boas devinrent par ailleurs d’ardents défenseurs de la psychanalyse et ce, selon Marvin Harris[18], parce qu’elle était particulièrement utile pour critiquer la civilisation occidentale. Dès les années 1920, d’importants boasiens étaient en effet versés dans la critique de la culture américaine, jugée trop homogène, trop hypocrite et trop restrictive, notamment de la sexualité. Fut opposée aux cultures occidentales une sorte de romantisme primitif, typique d’Adolescence à Samoa et d’Échantillons de civilisations, où l’on sent bien la fascination pour des cultures qui feraient bien, pour les boasiens, d’inspirer l’Occident. Aussi l’une des conséquences de la domination de l’anthropologie boasienne à l’université fut-elle la quasi absence de recherches sur la guerre et la violence dans les sociétés primitives. MacDonald note un fait très révélateur : quand Primitive War [La guerre primitive][19] fut publiée en 1949 par l’anthropologue américain Harry Turney-High, ses confrères l’ignorèrent complètement. Voilà la tactique habituelle des boasiens, qui ne voulaient pas entendre dire que la guerre était aussi cruelle qu’universelle, et qui préféraient réserver leurs critiques à l’homme blanc.

Carleton Coon démissionne
La mort de Boas en 1942 n’a pas provoqué le déclin de ses idées dans le champ de l’anthropologie culturelle. Bien au contraire, celle-ci monta en puissance jusqu’aujourd’hui. Prenons cette mésaventure rencontrée en 1961 par Carleton Coon alors qu’il présidait l’Association américaine d’anthropologie physique. Coon apprit que des membres de l’association voulaient profiter de sa convention annuelle pour publier une résolution condamnant Race et raison[20]. Cet ouvrage, écrit par Carleton Putnam, cousin éloigné de Carleton Coon, donnait des arguments pour la continuation de la ségrégation raciale aux États-Unis, qu’il justifiait par la profonde inégalité des races. Coon, comme son prédécesseur, W. Montague Cobb, estimait qu’une telle condamnation de Race et raison serait malvenue et irresponsable, les arguments scientifiques contenus dans l’ouvrage n’étant pas nécessairement faux. Mais, en dépit de l’avis de Coon, président de l’association, la résolution allait être prise. Sur place, au moment fatidique, Coon demanda aux nombreux membres présents s’ils avaient au moins lu l’ouvrage de Putnam. Une main se leva. Il demanda qui avait entendu parler de l’ouvrage avant cette réunion. Quelques mains seulement se levèrent. Écœuré, Carleton Coon démissionna.
Cette anecdote doit nous mettre en garde contre les positions que les biologistes ou les anthropologues peuvent tenir sur la question raciale. Pour le profane, leurs déclarations quant à l’inexistence des races peuvent apparaître raisonnables, surtout quand elles émanent d’organismes censés faire autorité, comme l’Association américaine d’anthropologie physique. Mais les chercheurs, souvent très spécialisés, sont capables de se tromper sur des questions qu’ils n’ont pas précisément étudiées, surtout quand le sujet est aussi polémique que celui de la question raciale. De surcroît, l’autocensure est évidemment particulièrement répandue[21].

L’étrange affaire Cyril Burt
Un exemple éloquent de biais causé par l’idéologie est celui de l’affaire Cyril Burt. Burt (1883-1971), spécialiste de l’intelligence et de l’hérédité, fut l’un des plus importants psychologues du XXe siècle. Ses apports empiriques et théoriques furent remarquables, mais sa réputation fut entachée, après sa mort, par des accusations de fraude. C’est Léon Kamin, psychologue juif et communiste, qui déclencha l’affaire en 1974. Dans un ouvrage intitulé The Science and Politics of I.Q. [La science et la politique du QI][22], où il s’en prit à la recherche sur l’intelligence et son héritabilité, Kamin prétendit passer au crible le travail de Burt et soutena y trouver les preuves d’une fraude. Kamin avait un argument majeur ; il nota que Burt donnait le même coefficient de corrélation (0,771), à la troisième décimale près, pour trois études de l’intelligence de jumeaux monozygotes séparés à la naissance, ce qui lui semblait plus que suspect. En 1976, le London Sunday Times titra[23]: « Un éminent psychologue truquait ses données », ce qui porta la controverse au grand jour. Dans cet article de presse, il fut aussi affirmé que Burt avait inventé l’existence de deux assistantes de recherche. En 1979, le biographe de Burt, Leslie Hearnshaw, qui avait accès à la correspondance et aux notes privées de Burt, conclut qu’il était bien coupable de fraude[24]. En 1980, la Société britannique de psychologie refusa de conduire une enquête indépendante, et accepta le verdict d’Hearnshaw. La réputation de Burt fut ainsi bien ternie, mais, plus gravement encore, c’est toute la génétique comportementale qui vit sa réputation noircie[25].
Il faut attendre la fin des années 1980 et le début des années 1990 pour que deux considérables défenses de Burt soient publiées[26]. Nous y retenons, premièrement, que les assistantes prétendument inventées furent retrouvées. Ensuite, l’analyse d’un article de 1966, dans lequel Burt aurait falsifié une corrélation, démontre qu’on n’y trouve aucune trace de trucage, mais plutôt des erreurs d’inattention. Dans cet article écrit à la hâte, par un Burt fatigué, âgé de plus de 80 ans, qui cherche à répondre rapidement à ses détracteurs, on trouve en effet quelques erreurs de frappe. Et pourquoi Burt, s’il avait voulu inventer une corrélation, aurait-il repris celle de 0,771, qui datait d’une étude précédente, et qui avait si peu de chances d’être retrouvée à nouveau ? Il est assez peu charitable de partir du principe que Burt fut malhonnête. Mais Léon Kamin, qui l’accusait, était-il charitable ? Pas vraiment. Notons en effet que dans son attaque originale, il reprocha à Burt d’avoir malhonnêtement réutilisé, en 1958 aussi, cette corrélation de 0,771 après qu’elle fut publiée la première fois en 1955. Mais cet article de 1958 n’était qu’une redite des résultats précédents ! Tout est à l’avenant dans la critique de Kamin. Il reproche par exemple à Burt de ne jamais expliciter ses procédures et sa méthode… alors qu’il le fit autant que possible.
En 1995, Nicholas Mackintosh revint sur l’affaire Burt[27]. Contrairement à Kamin, et convaincu en partie par les défenseurs de Burt, il considéra lui aussi que cette histoire de corrélation ne fut probablement due qu’à une simple erreur d’inattention. Cependant, il s’accorda avec Hearnshaw pour dire que les données de Burt sur la mobilité sociale étaient suspectes. Il fallut attendre 2015 pour qu’un anthropologue, Gavan Tredoux, montrât quelle méthode statistique, pourtant bien connue, fut utilisée, ce qui rendit l’analyse de Burt dénuée d’anomalie[28]. Mackintosh reprocha aussi à Burt d’avoir inventé des données à propos d’un éventuel déclin intellectuel des élèves des écoles de Londres entre 1914 et 1965. Il nota que durant cette période, dans le reste de l’Angleterre comme dans tout l’Occident, le quotient intellectuel augmentait – c’est l’effet Flynn. Mackintosh estima alors peu probable que des données pussent montrer qu’un point de QI se perdait par génération à Londres, même en prenant en compte l’immigration d’Afrique noire et des Caraïbes, ou encore la fuite des blancs face à cette immigration. Mackintosh estima que l’erreur de Burt ne fut peut-être pas volontaire, et que ses données purent simplement n’être que peu représentatives ou mal normalisées, mais ce n’est pas l’hypothèse qu’il favorisa. Selon lui, Burt n’aurait pas supporté que ses prédictions quant à la baisse du QI, qui serait due à la fécondité en déclin des femmes les plus éduquées, ne se réalisassent pas. Notons cependant qu’il est aujourd’hui montré que l’augmentation du QI pendant le XXe siècle n’est pas la preuve de l’absence de fécondité dysgénique, mais que celle-ci a été camouflée par l’augmentation du QI. Cette augmentation du QI, qu’on appelle effet Flynn, concerne des formes d’intelligence spécialisées, peu héritables. L’intelligence générale, hautement héritable, est bel et bien en déclin depuis la moitié du XIXe siècle. Burt, comme Raymond Cattell, n’ont pas su éclairer ce paradoxe, mais cela a récemment été fait par le psychologue et généticien écossais Michael Woodley of Menie.[29] Bref, Mackintosh admit que les accusations de Kamin, qui lança l’affaire, ne valaient rien ; mais il continua à chercher des noises à Burt.
Plusieurs autres choses sont à noter en défense de Burt. Premièrement, à sa mort, ses archives furent détruites par sa secrétaire à la demande du professeur qui prit la place de Burt à l’université, et qui n’avait aucune sympathie pour lui et son travail. Deuxièmement, on a affirmé qu’une fois parti de l’université, Burt n’aurait plus eu accès à de nouvelles données concernant des jumeaux, ce qui l’aurait poussé à en inventer. C’est d’ailleurs notamment de là que vinrent les soupçons à l’égard de son travail tardif. Or, rien n’était plus faux, mais il fallut attendre le début des années 2000 pour le découvrir dans une allocution qui n’avait encore jamais été publiée et que Burt donna à des psychologues en 1964, à 81 ans[30]. Dans cette allocution, il expliqua avoir accès à des cohortes de jumeaux séparés à la naissance qui provenaient d’hôpitaux et d’écoles londoniens. Troisièmement, la haute héritabilité de l’intelligence donnée par Burt, qui paraissait improbable à Kamin, a été systématiquement confirmée depuis. Les données de Burt ne sont pas en rupture avec le consensus aujourd’hui formé par les chercheurs en génétique comportementale, bien au contraire[31].
Ce qui ressort de la prose des universitaires qui se sont penchés sur l’affaire, de Hearnshaw à Mackintosh, en passant par Eysenck[32], est que les accusations portées contre Burt après sa mort, quand il ne pouvait plus se défendre de ces critiques fielleuses, et alors même que l’on avait détruit ses archives après sa mort, sont purement diffamatoires et n’ont jamais pu être prouvées. Rien ne permet de douter de son honnêteté, d’autant que ses résultats ont été confirmés par la suite. Le leitmotiv principal des accusateurs est que Burt avait besoin de données pour continuer à se défendre, et qu’il n’en avait plus accès à aucune. Or, nous l’avons dit, il existe une allocution d’un Burt déjà âgé qui prouve le contraire.
S’il y a bien quelque chose de certain dans cette affaire, c’est que Burt fit l’objet d’une cabale violente après sa mort, que la plupart des accusations se révélèrent malhonnêtes, superficielles et finirent par être rejetées. Ces attaques furent trop souvent motivées par un rejet radical de la génétique comportementale, lui-même motivé par des idées politiques égalitaires, qu’elles fussent marxistes ou cosmopolites.

Stephen Jay Gould : tel est pris qui croyait prendre
Avec Steve Rose, Richard Lewontin ou encore Stephen Jay Gould, Leon Kamin fit partie d’une clique d’universitaires qui se donna l’objectif, sous prétexte de rigueur scientifique, de détruire une partie des sciences de l’évolution.
Gould est connu pour avoir publié The Mismeasure of Man [La Mal-Mesure de l’homme]en 1981[33]. C’est un ouvrage d’une malhonnêteté et d’une mauvaise foi désormais légendaires, qui porte principalement sur la craniométrie et l’analyse du QI. Une version augmentée est sortie en 1996 pour répondre à The Bell Curve [La Courbe en cloche][34], le fameux ouvrage de Charles Murray et Richard Herrnstein qui a démontré l’importance du QI dans la vie sociale américaine. Entre les deux versions de La Mal-Mesure de l’homme, beaucoup de critiques furent faites à Gould, notamment issues de nouvelles études, et il n’en tint pas compte. En effet, un premier reproche que l’on peut faire à Gould est son obsession pour la science du XIXe et du début du XXe siècle, sous prétexte que la science moderne serait « éphémère ». Ce raisonnement spécieux lui facilita la tâche dans la mesure il lui permit d’insister sur certaines insuffisances des recherches passées, pourtant généralement confirmées ou précisées, tout en ignorant les analyses récentes, souvent très denses et raffinées[35].
Une marotte de Gould, qui fut aussi celle de Kamin, portait sur les débats dans les années 1920 à propos de la politique migratoire à mener aux États-Unis, dont les épreuves de QI auraient été un élément central. Gould dénatura férocement les propos d’Henry Goddard, le psychologue américain qui traduisit les épreuves de QI des Français Binet et Simon. Il décrivit Goddard comme un « héréditarien rigide et élitiste » qui considérait la majorité des immigrés juifs, hongrois, russes ou italiens comme des arriérés mentaux. Or, si Goddard avait bien noté les déficiences mentales de beaucoup d’immigrés, ce n’était pas à l’aide d’épreuves de QI, mais à cause de leur surreprésentation dans les institutions consacrées aux déficients mentaux. Surtout, Goddard précisait qu’il n’avait pas de données sur l’origine de ces troubles et qu’il était très probable qu’ils fussent dus à l’environnement, ce que Gould se garda bien de préciser, même dans la réédition de La Mal-Mesure de l’homme.
De manière générale, Gould et Kamin dénaturèrent totalement les positions des psychométriciens et leur rôle dans le débat sur l’immigration. Par exemple, Gould, soutint que des références incessantes furent faites aux épreuves de QI lors des débats autour de la loi sur la restriction de l’immigration de 1924. Mais on n’en trouve aucune référence dans cette loi, et pas plus dans les rapports du Congrès. En fait, on ne trouve qu’une référence critique au QI, par ailleurs sans réponse, dans les 600 pages du débat préalable au vote de la loi. Aucun des grands psychométriciens de l’époque ne fut non plus cité, et ce n’est pas étonnant, car la volonté de maîtriser l’immigration aux États-Unis préexistait largement à l’arrivée des épreuves de QI.
Kamin diffama aussi Goddard, mais également les autres pionniers de la psychométrie comme Lewis Terman et Robert Yerkes, en les accusant d’être influencés par leurs idées politiques prétendument racistes et nordicistes[36]. Cependant, Terman notait que les immigrés mongoloïdes n’étaient pas intellectuellement inférieurs aux blancs, et que les Juifs étaient surreprésentés dans ses cohortes d’enfants surdoués. Cela est difficilement compatible avec l’image d’un homme tendancieux à cause de son hostilité envers les autres races.
Kamin conclut que cette loi de 1924 sur l’immigration fut raciste, que ce biais raciste venait de cette approche psychométrique des différences ethniques et raciales, et qu’on trouvait là l’une des causes de la Choah : « Cette loi, pour laquelle la psychométrie a beaucoup fait, a donné lieu à la mort de centaines de milliers de personnes, victimes des théoriciens nazis de la biologie. Les victimes ont vu leur entrée aux États-Unis refusée parce que le “quota allemand” était rempli[37]. » Gould tint la même position : les quotas de l’immigration américaine auraient indirectement fait périr des milliers de Juifs. Cependant, MacDonald n’a probablement pas tort de penser que beaucoup de Juifs se sentaient directement visés par ces lois sur l’immigration, car il est vrai que des écrivains comme Madison Grant et Charles Davenport motivaient leurs positions anti-immigrationnistes en partie par la crainte d’une influence négative du groupe juif.
En 1994, la publication de La Courbe en cloche fit beaucoup de bruit. En guise de réponse, en 1996, Gould republia La Mal-Mesure de l’homme, avec un épilogue consacré à l’ouvrage d’Herrnstein et Murray, ainsi qu’une nouvelle introduction dans laquelle il osa écrire : « Que je finisse à côté de Judas Iscariote, Brutus et Cassius dans la bouche du diable, au centre de l’Enfer, si je ne réussis pas à présenter les faits de la manière la plus honnête possible. » Malgré cette fausse tentative d’objectivité, Gould ne fit pas l’effort de répondre à ses détracteurs, pourtant nombreux et rigoureux, ni de corriger les erreurs grossières contenues dans la première version de son livre. Gould s’en défendit en déclarant qu’il n’y avait pas eu de progrès dans la recherche sur le QI, mais seulement une récurrence des mêmes mauvais arguments. Aussi, par exemple, continua-t-il de nier le lien entre l’intelligence et la taille du cerveau, en dépit de l’accumulation de données depuis 1981. En effet, l’imagerie par résonance magnétique confirme largement les travaux de Samuel Morton, Paul Broca et Francis Galton, que Gould ne cessa pourtant d’attaquer[38].
La plus célèbre erreur de Gould concerne les données de Morton (1799-1851), grand naturaliste américain qui possédait une importante collection de crânes humains. Morton mesura ces crânes et trouva des différences entre les races : notamment, les caucasoïdes avaient de plus gros crânes, en moyenne, que les congoïdes. Gould prétendit que Morton, nécessairement influencé par une vision du monde raciste, aurait été sélectif dans le choix des crânes afin de faire correspondre ses moyennes à ses a priori. Il considérait aussi que Morton biaisait inconsciemment ses mesures et ses calculs pour que ceux-ci fissent émerger la supériorité blanche. En 1988, un étudiant en anthropologie remesura une partie des crânes de la collection de Morton et ne trouva rien qui pût confirmer les dires de Gould. Il publia ses résultats dans une revue universitaire, que Gould ignora. En 2011, une équipe d’anthropologues remesura la moitié des crânes de la collection et ne trouva pas non plus de biais dans les mesures de Morton. Il semblerait alors que ce fut Gould plutôt que Morton dont les analyses furent teintées d’erreurs et de biais idéologiques[39].
Enfin, Gould ne prit pas la peine de tenter de tenter de démontrer que les psychométriciens de renom avaient tort quand ils lui montraient que le facteur g, c’est-à-dire l’intelligence générale, n’était pas seulement un artefact statistique. Le facteur g est cette capacité qui sous-tend la performance, à des degrés divers, dans toutes les tâches cognitives, ce qui explique la validité de toutes les épreuves de QI. g a été découvert en 1903 par Charles Spearman, qui avait constaté la corrélation positive qui existait entre différentes épreuves. Autrement dit, un individu qui avait de bons résultats sur une épreuve de QI était tendanciellement bon sur les autres épreuves de QI. C’est pourquoi l’on parle aussi d’intelligence générale, parce qu’elle permet de résoudre tout type de problème. Aussi bien des choses laissent-elles penser que g est un système neurologique issu de la sélection naturelle, qui a permis de résoudre les défis cognitifs qui se sont posés à l’homme et à bien d’autres espèces au fur et à mesure de leur évolution. Premièrement, en effet, g n’est pas limité aux humains, il se retrouve chez les autres primates, mais aussi chez des mammifères comme les chiens, les chats, les souris ou les rats, et aussi chez des oiseaux comme le corbeau. L’on peut analyser l’intelligence de ces animaux en les soumettant à une série de problèmes, dont la résolution permet de former, comme chez l’homme, un facteur général d’intelligence. Mais est-ce bien là une question d’intelligence et pas seulement « d’apprentissage par association », c’est-à-dire par la simple réaction à un stimulus ? Il semble bien qu’il soit question d’intelligence, par exemple chez le corbeau calédonien, qui est capable de résoudre des problèmes dans un environnement nouveau et sans qu’il soit seulement question d’apprentissage par association[40]. Ensuite, les différences cognitives entre les espèces portent sur g, pas sur des formes d’intelligence spécialisée, ce qui pousse à croire que l’évolution de l’intelligence se fait par une sélection de g. De plus, les capacités cognitives les plus liées à g sont aussi les plus héritables. Et chez les humains, g est corrélé à différentes variables biologiques comme la vitesse de conduction nerveuse ou l’intégrité des faisceaux de matière blanche. En prenant tout cela en compte, il est difficile de considérer, comme Gould le fit, que g est un artefact statistique.
Gould fut un anti-adaptationniste forcené. C’est-à-dire qu’il ne voulait pas voir dans les caractéristiques biologiques de l’homme, notamment dans son intelligence, des adaptations à l’environnement, mais plutôt le fruit du hasard. Un important biologiste de l’évolution, John Maynard Smith, notait que Gould était perçu par les profanes comme un éminent théoricien de l’évolution, mais que ses confrères considéraient ses « idées si confuses qu’elles ne valaient pas la peine d’être discutées ». Il ajoutait « que cela n’aurait pas eu d’importance s’il ne donnait pas aux non-biologistes une vision erronée de la théorie de l’évolution ». Steven Pinker reproche aussi à Gould d’avoir des idées trompeuses et peu informées sur l’adaptationnisme, et de ne pas citer les chercheurs importants qui ont pu proposer des explications non-adaptationnistes à certains comportements tout en étant adaptationnistes de manière générale. Robert Wright, journaliste américain reconnu, a écrit un article intitulé « Homo deceptus : ne faites jamais confiance à Stephen Jay Gould[41] » dans lequel il nota toutes les malhonnêtetés de Gould, cette fois-ci à propos de l’évolution des différences sexuelles. Wright écrivit : « Gould a réussi à convaincre le public non seulement qu’il était un bon écrivain, mais aussi qu’il était un grand théoricien de l’évolution. Cependant, parmi les meilleurs biologistes de l’évolution, il est vu comme un nuisible – et pas un petit, mais un homme confus qui a tout fait pour déformer la vision que le public pouvait avoir du darwinisme. »
John Alcock, autre biologiste d’envergure, décrit la rhétorique de Gould comme hyperbolique, violente envers ses adversaires, et qui finit toujours par ignorer les données contradictoires. Edward Wilson le qualifiait de « charlatan » qui ne pensait qu’à sa réputation. Robert Trivers raconte que parmi les théoriciens de l’évolution qui connaissaient Gould personnellement beaucoup le considéraient comme un imposteur qui maniait bien les mots, mais, derrière, que tout était creux. En effet, même l’apport majeur à la paléontologie qu’on lui attribue n’est pas de lui, mais d’Ernst Mayr, dont Gould était l’assistant à Harvard. Il s’agit de l’équilibre ponctué, l’idée selon laquelle l’évolution des espèces peut se faire par à-coups rapides après de longues périodes de stagnation. L’idée fut d’ailleurs donnée la première fois par un Français, Pierre Trémaux, et on la retrouve timidement chez Darwin, probablement influencé par Trémaux[42]. Quoi qu’il en soit, quand Gould écrit sur l’équilibre ponctué, cela n’a rien de particulièrement révolutionnaire. Mais Goud s’appropria l’idée, et Lewontin, avec qui il a pu travailler, nota à quel point il l’exagéra, la caricatura, au point de la vider de sa substance, avec pour seul but de se mettre en avant.
Comme pour Boas, il est difficile de sous-estimer l’influence néfaste que Gould a pu avoir dans les champs, entre autres, de la recherche sur l’intelligence humaine. En 2018, une quinzaine de chercheurs notaient l’existence d’un effet Gould[43].

Graphique illustrant l’effet Gould. En ordonnée : la fréquence des publications. En tireté : celle qui traitent du racisme et du QI ou de l’intelligence. En noir : la fréquence des publications qui traitent de l’héritabilité de l’intelligence.

Entre 1965 et 2000, l’association des mots racisme ou raciste avec les mots intelligence ou QI a augmenté (ligne en pointillé sur le schéma ci-dessus), ce qui n’est pas surprenant eu égard aux controverses grandissantes qui entourent la recherche sur l’intelligence. Cependant, les phrases qui lient les mots héritable ou héritabilité aux mots intelligence ou QI ont augmenté aussi (ligne en noir), mais seulement jusqu’en 1984, puis ont diminué. Les auteurs notent que cette corrélation devient négative « trois ans après la publication de la première édition de la Mal-Mesure de l’homme, dans laquelle la recherche sur l’intelligence est condamnée parce qu’elle serait raciste et élitiste ». Cette « controversialisation » de ce champ de la recherche aurait poussé les chercheurs à s’auto-censurer. Si Gould n’est pas le seul à avoir participé à cette campagne massive de dénigrement, les auteurs notent « qu’aucun autre intellectuel n’a autant fait pour polariser l’opinion publique à propos de données scientifiques en les présentant de manière malhonnête et en les déformant systématiquement ».

Lewontin, l’antiscience pour le peuple
Comme Gould, Richard Lewontin fit partie de l’organisation « La science pour le peuple » (Science for the people), composée de marxistes versés dans l’antiracisme et le féminisme. Il a coécrit avec Steven Rose et Leon Kamin Not in Our Genes [Nous ne sommes pas programmés][44], qui fut publié en 1984. Le titre est explicite, comme celui de l’ouvrage de Richard Lerner, qu’il a préfacé en 1992 : Final Solutions: Biology, Prejudice, and Genocide [Solutions finales : biologie, préjugé et génocide][45]. C’est un ouvrage qui rejette les sciences de l’homme informées par la biologie et la génétique. Ce rejet est justifié par les liens plus ou moins directs que ces sciences entretiendraient avec le racisme et l’antisémitisme. Lerner prétendit pouvoir dégager la chaîne causale suivante : darwinisme → déterminisme génétique → légitimation de la hiérarchie sociale comme impératif biologique → dénigrement des individus en bas de l’échelle sociale en raison de leur génotype prétendument inférieur → eugénisme → extermination. Un deuxième prétexte est invoqué pour rejeter toute étude qui lie la génétique avec le comportement humain : les interactions entre les gènes et l’environnement seraient trop complexes pour être analysées. En fait, Lerner comme Lewontin ont condamné la génétique comportementale, l’éthologie humaine et la sociobiologie par principe. Ils s’inscrivent, comme Boas et Gould, dans une démarche hypercritique dès qu’il s’agit de comprendre le comportement humain.
Dans l’Encyclopédie des sciences évolutionnaires et psychologiques, à l’entrée « Controverses autour de la psychologie évolutionniste[46] », nous trouvons des paragraphes intéressants sur ces critiques radicaux des sciences de l’évolution. Gould, Lewontin et aujourd’hui Massimo Pigliucci, peut-on lire, n’ont jamais éprouvé le besoin de critiquer les sciences sociales dans leurs productions les plus faibles, qu’elles relèvent de la sociologie ou des sciences politiques. Pour des raisons qu’ils n’ont jamais explicitées, seule la psychologie évolutionniste est soumise à une charge de la preuve extraordinaire, c’est-à-dire une obligation pour les chercheurs dans ce domaine à justifier leurs propos avec les méthodes les plus rigoureuses qui soient. À l’inverse, dans les sciences sociales, le rejet de la biologie comme facteur explicatif n’a pas besoin d’être justifié. Pourquoi ? L’explication la plus plausible est évidemment que ces critiques ont une sympathie prononcée pour les idées politiques de gauche. Si c’est explicite pour Gould et Lewontin, qui n’ont jamais caché leur orientation marxiste et antiraciste, rien n’est avoué pour Pigliucci. Mais sa sympathie pour Gould et Lewontin est évidemment suspecte. Alors, pourquoi la gauche est-elle si hostile à l’explication du comportement humain par la génétique ? Parce que la gauche est l’expression idéologique de l’utopie égalitaire. En montrant l’héritabilité du caractère et de l’intelligence, qui déterminent en partie la hiérarchie sociale, la génétique comportementale et les sciences associées font de l’ombre à tout projet politique qui vise à remodeler la société.
Prises dans leur ensemble, ces critiques radicales de la biologie et de la psychologie de l’évolution n’ont pas pour projet de faire avancer la science, mais de la retarder ou de la pervertir. Dans le même temps, tout est fait pour protéger les théories du comportement humain que la gauche affectionne. La manœuvre est toujours la même : 1) affirmer qu’il est impossible de déterminer la part génétique ou le rôle de l’évolution dans l’apparition d’un caractère ; 2) présenter une hypothèse environnementale, qui serait nécessairement supérieure à l’hypothèse génétique, avec des données faibles, souvent discréditées depuis longtemps. Par exemple, dans Nous ne sommes pas programmés, Lewontin et ses confrères affirment que « les bonnes performances aux épreuves de QI sont simplement le reflet d’un certain type d’environnement familial ». Pourtant, des années avant la publication de l’ouvrage en 1984, l’on savait déjà que l’environnement familial ne jouait aucun rôle dans la variance aux épreuves de QI chez les adultes, et que les facteurs génétiques en expliquaient 70 à 80%[47]. Il s’agit donc d’un pur mensonge de Lewontin, une manifestation parfaite de néo-lyssenkisme.
À ce propos, le Carrefour de l’Horloge a écrit : « Maître de la biologie soviétique sous Staline et Khrouchtchev, Lyssenko combattit la génétique, en montrant que ses enseignements sont contraires au marxisme. Selon son analyse, la science progressiste appelle à la transformation de la société et s’oppose à la science réactionnaire – bourgeoise, fasciste, nazie –, qui justifie le conservatisme et l’inégalité. Ceux qui s’attaquent aux théories jugées par eux réactionnaires, et dénoncent les auteurs qui soutiennent celles-ci dans les divers domaines de la science, sont fidèles à l’inspiration de Lyssenko, à défaut de s’attacher à la lettre de sa pensée[48]. »
Le Carrefour de l’Horloge remet un prix parodique, le prix Lyssenko, dont le généticien français Albert Jacquard a été le premier récipiendaire en 1990. On peut lire ceci dans le discours de la remise du prix : « Albert Jacquard a diffusé dans notre pays les raisonnements biaisés du scientifique américain Richard Lewontin. Celui-ci, pour contester la pertinence des classifications raciales, fait ressortir que la variation génétique est plus importante à l’intérieur de n’importe quelle population qu’entre celle-ci et toute autre. On pourrait aussi bien, sur cette base, refuser l’existence des espèces, puisque, par exemple, le système sanguin ABO se retrouve chez les chimpanzés. On pourrait encore nier la différence des sexes. » C’est en effet là l’un des plus grands méfaits de Lewontin. Il a diffusé ce sophisme qui prétend démontrer l’inexistence des races, et qui est répété encore aujourd’hui ad nauseam par des gens bien naïfs ou peu scrupuleux. Cette remarque de Lewontin sur la façon dont se répartit la diversité génétique humaine, bien qu’elle fût vraie sur le plan statistique, ne disait rien de taxinomique[49]. En 2003, un grand biologiste, Anthony Edwards, le fit remarquer[50]. Nous lui devons le terme de « sophisme de Lewontin ». Par ailleurs, on peut s’étonner que Luigi Luca Cavalli-Sforza n’ait pas relevé ce sophisme, mais il semble que la prudence l’ait emporté. Cavalli-Sforza, du jour au lendemain, sans raison apparente, se mit à parler non plus de races mais de populations. Il reprit même à son compte le sophisme de Lewontin. Cependant, en 2006, dans un entretien, il put déclarer : « Edwards et Lewontin ont tous les deux raisons. Lewontin a dit que la part de la variabilité génétique était très faible entre les populations humaines […]. Il a en effet été démontré plus tard qu’elle était l’une des plus petites chez les mammifères. Lewontin espérait probablement, pour des raisons politiques, qu’elle soit ridiculement petite […]. En substance, Edwards a répondu qu’elle n’était pas ridiculement petite, parce qu’elle était suffisante pour reconstituer l’arbre évolutionnaire humain, comme nous l’avons fait, et il a évidemment raison[51] ». Ce fut un aveu à demi-mot.
David Reich, spécialiste de l’ADN fossile, a écrit sur la postérité du sophisme de Lewontin et sa grande valeur instrumentale pour les antiracistes : « Quand nous [les généticiens] sommes interrogés sur l’existence de différences biologiques entre les populations humaines, nous tendons à embrouiller l’auditoire, à faire des déclarations mathématiques dans l’esprit de Richard Lewontin, comme celle qui consiste à dire que la différence moyenne entre les individus à l’intérieur d’une même population est six fois plus grande plus que la différence moyenne entre ces populations. […]. Mais cette formulation prudente masque délibérément la possibilité de différences moyennes substantielles entre les populations[52]. »
Robert Trivers, que nous avons déjà rencontré à propos de Gould, nous éclaire sur les motivations de Lewontin à affirmer des choses qui dépassent de beaucoup ce que les données permettent de dire : « L’histoire de Lewontin est celle d’un homme avec de grands talents, qui les gâche par idiotie, narcissisme, arrogance, une pensée politique superficielle et des ruminations philosophiques […]. Pendant des années, il dirigea avec succès un laboratoire, et il récoltait facilement des fonds de recherche, aussi beaucoup de généticiens américains ont-ils un souvenir naïf du temps passé avec lui comme étudiant à Harvard. Mais en tant que penseur de l’évolution, et encore plus en tant que généticien, au-delà de son travail sur le déséquilibre de liaison, il n’a pas montré grand-chose et les meilleurs de ses anciens étudiants ont admis qu’il n’avait rien fait de notable pendant plus de 20 ans. Par ailleurs, Lewontin ment ouvertement, il l’a reconnu. En effet, il admet, au moins en privé, que certaines de ses affirmations sont des inventions, mais il dit aussi que le combat est idéologique, que ses adversaires mentent, alors lui aussi[53]. »

Les critiques internes à la psychologie évolutionniste
Même débarrassée des critiques qui veulent la détruire, la psychologie évolutionniste n’est pas exempte de biais qui sont très probablement issus d’une sensibilité antiraciste. Le modèle de référence de la psychologie évolutionniste est celui de John Tooby et Leda Cosmides, dont nous allons souligner ce qui nous apparaît être des points faibles.
Premièrement, nous ne pensons pas, contrairement à Tooby et Cosmides, que les différences individuelles ne sont pas le fruit d’adaptations. Nous pensons qu’elles sont significatives d’un point de vue évolutionnaire. Deux psychologues évolutionnistes remarquables, Philippe Rushton et Aurelio Figueredo, ont défendu ce point de vue à l’aide de la théorie des histoires de vie[54]. Celle-ci se fonde sur l’idée que les organismes vivants sont perpétuellement face à un dilemme, face à la nécessité d’un compromis sur la manière d’utiliser leurs ressources énergétiques afin d’optimiser leur valeur sélective, et ce en fonction de la dureté et de l’imprévisibilité de l’environnement. Les organismes qui vivent ou ont évolué dans des environnements où la mortalité est importante ou aléatoire tendent à remplacer leur progéniture disparue (effort d’accouplement) au prix du sacrifice de l’investissement dans leur progéniture (effort parental), dans le maintien de leur condition (effort somatique) et dans la valeur sélective altruiste (effort communautaire). À l’inverse, les environnements avec une mortalité faible ou prévisible[55] favorisent de hauts niveaux d’efforts parentaux, somatiques et communautaires. Les stratégies d’histoire de vie rapide se caractérisent par un mauvais état de santé générale, une vie sociale limitée, une tendance à prendre des risques et à la promiscuité, une capacité d’attachement moindre, des fonctions exécutives affaiblies, et, concomitamment, des difficultés à planifier et à maîtriser ses impulsions. À l’inverse, les individus se trouvant du côté lent du spectre sont en meilleure santé, socialement plus doués, plus altruistes, sexuellement et comportementalement plus inhibés, prosociaux (besoin fort d’attachement), orientés vers le futur, etc. Notons que si l’idée que l’on puisse placer les individus sur ce spectre allant de la vie lente à la vie rapide connait un certain succès depuis plusieurs années, le silence – notamment depuis la mort de Philippe Rushton – est presque total quand il s’agit d’y placer des peuples et des races.
Michael Woodley of Menie est allé plus loin en affirmant que la présence de nombreuses niches socioculturelles (métiers, rôles sociaux…), créées par l’existence des variations individuelles dans le caractère et les formes d’intelligence spécialisées – ce qui est une marque d’histoire de vie lente – augmentait les chances de succès des groupes qui rentraient en compétition. L’idée est qu’une meilleure division du travail, en plus de permettre une plus grande densité de population, donne un avantage important face aux autres groupes[56]. Kevin MacDonald y a ajouté le concept de sélection culturelle de groupe, selon lequel certaines variations individuelles permettent de préserver l’intégrité culturelle des groupes en réprimant les comportements des passagers clandestins, et ainsi d’assurer la cohésion et la domination d’un groupe sur les autres.
Le deuxième problème du modèle dominant de la psychologie évolutionniste vient de la notion d’environnement de l’adaptation évolutive, c’est-à-dire l’endroit où l’être humain aurait connu l’essentiel de son évolution. C’est un concept qui ne fait pas référence à une zone géographique précise. Nous y voyons au moins deux insuffisances : 1) il se fonde sur l’idée que l’homme « moderne » est sorti d’Afrique il y a 60 ou 50.000 ans, après des centaines de milliers d’années d’adaptation à l’environnement africain ; 2) il sous-estime les évolutions récentes qui ont pu avoir lieu depuis le néolithique. Prenons le temps de les analyser.

L’homme « moderne » vient-il réellement d’Afrique ?
Le modèle dominant de la sortie d’Afrique d’homo sapiens est né dans les années 1970 sous la plume d’un anthropologue allemand, Reiner Protsch, qui, après s’être inventé des origines aristocratiques, se fit appeler Protsch von Zieten. Son deuxième doctorat était tout aussi faux que sa particule et, entre autres méfaits, il apparut que toute sa carrière fut faite au gré de fraudes et de plagiats[57]. Protsch faussait en effet la datation des restes qu’il étudiait pour leur donner plusieurs dizaines de milliers d’années alors qu’ils n’en avaient que quelques milliers voire quelques centaines seulement[58].
En 1987, l’idée d’une « Ève mitochondriale » africaine vit le jour et donna un vernis génétique à la théorie de la sortie d’Afrique de l’homme moderne. Selon elle, les hommes modernes forment une nouvelle espèce qui serait apparue en Afrique il y a 150 ou 200 mille ans. C’est l’ADN mitochondrial, qui se transmet par la mère, qui sert de fondement à cette estimation parce qu’il ne se recombine pas et ne serait pas adaptatif. Aussi, chaque nouvelle mutation ferait avancer l’aguille d’une « horloge moléculaire » qui permettrait d’estimer le temps passé entre ces deux génomes. Commence alors une confrontation entre l’approche paléontologique – soutenue principalement par Milford Wolpoff et qui aboutit vers une origine multirégionale de l’homme moderne[59] – avec l’approche moléculaire.
La théorie de l’Ève africaine permet de faire des prédictions vérifiables grâce à la paléontologie. Notamment, là où l’on trouve homo sapiens hors d’Afrique, les fossiles devraient montrer une similarité avec leurs prétendus ancêtres africains plutôt qu’avec les hommes robustes et archaïques qui vivaient déjà là. On devrait aussi noter une rupture anatomique entre les « anciens » et les « modernes ». La théorie de l’Ève africaine implique aussi une spéciation en Afrique, qui aurait dû rendre toute hybridation avec d’autres espèces humaines impossible. La réfutation de ce dernier point est désormais bien connue. Il a été montré qu’homo sapiens, en Eurasie, s’était mélangé avec l’homme de Néandertal. Les caucasoïdes et les mongoloïdes portent en moyenne 1 à 2% du génome de Néandertal, mais ce ne sont pas les mêmes gènes néandertaliens que l’on retrouve dans toutes les populations et chez tous les individus ; aussi, ce serait jusqu’à 30% du génome de Néandertal qui existerait dans l’homme moderne[60].
L’on fait dire beaucoup de choses à la génétique, parfois de manière un peu hasardeuse. Par exemple, les partisans de l’Ève africaine ont cru pouvoir retrouver dans l’ADN mitochondrial l’arbre évolutif de l’espèce humaine et le faire remonter en Afrique. Or, il a été montré qu’ils avaient sélectionné un de ces arbres parmi… 10267 autres possibles ! Et qu’il y en avait au moins 10.000 plus simples. L’horloge moléculaire qui vise à estimer le temps passé depuis la prétendue sortie d’Afrique part du principe que les mutations de l’ADN mitochondrial sont neutres et se font à fréquence constante, ce qui est loin d’être démontré[61]. Aussi, on a pu donner à Ève un âge allant de 17.000 à 889.000 ans. Quand on cherche à estimer des durées avec l’ADN nucléaire, en particulier avec l’ADN du chromosome Y, qui ne se recombine pas, les résultats sont tout aussi changeants et ne peuvent donc pas être pris au sérieux. L’argument génétique le plus fort pour la sortie d’Afrique est alors qu’on y trouverait la plus grande diversité génétique, et que le reste du monde n’en serait porteur que d’une fraction. Les coefficients de diversité génétique sont cependant les mêmes en Afrique et en Asie (0,0046), et celui de l’Europe est à peine plus petit (0,0044). Quoi qu’il en soit, l’argument est spécieux : en Afrique, les populations fermières ont une plus grande diversité génétique que les populations de chasseurs-cueilleurs ; pourtant, on n’en déduit pas que les derniers sont issus des premiers.
Si l’on revient aux fossiles, il apparaît que les prévisions de la théorie d’un remplacement des populations locales en Eurasie par une nouvelle espèce africaine ne se confirment pas. En Europe, maintenant que les fausses datations de Protsch ont été corrigées, on ne retrouve pas de fossiles anatomiquement modernes de plus de 28.000 ans. Les squelettes trouvés à Cro-Magnon, qu’on présente comme des archétypes d’hommes modernes, conservent en réalité de nombreux traits robuste et néandertaloïdes. En anthropologie physique, sont considérés robustes les individus les plus musculeux, aux os les plus épais. Les individus les moins robustes sont dits graciles.

La gracilisation en Europe à la fin du pléistocène (en abscisse : durée depuis le temps présent).

C’est en fait le cas des centaines de squelettes de la fin du pléistocène que l’on retrouve à travers toute l’Eurasie, et qui présentent des formes transitionnelles de la robustesse vers la gracilité, c’est-à-dire vers un homme « moderne ». On ne trouve ni rupture, ni traits africains. En Afrique, les données paléoanthropologiques dessinent le même schéma qu’en Europe, c’est-à-dire une transition graduelle des anciens vers les modernes. L’homme de Kibish, découvert en Éthiopie, qu’on présente parmi les plus vieux homo sapiens, a des traits graciles, mais aussi remarquablement archaïques. L’homme de Dali, en Chine, a des traits robustes mais aussi graciles, à la fois d’homo erectus et d’homo sapiens, et l’on a estimé sa naissance à plus de 295.000 ans.
L’archéologie et l’art rupestre sont également intéressants pour montrer que l’hypothèse de l’arrivée d’une nouvelle espèce venue d’Afrique tient difficilement la route. En effet, leur étude ne montre aucune corrélation spatiale et temporelle entre la prétendue arrivée des graciles africains et la maîtrises de nouvelles technologies, qui marquerait une certaine modernité comportementale. Il s’avère que l’homme de Néandertal était presque aussi doué qu’homo sapiens. La génétique, en montrant que les robustes et les modernes ont pu se mélanger sans difficulté, laisse entendre qu’homo sapiens, comme l’homme de Néandertal ou celui de Denisova, appartiennent en fait à la même espèce. Pourtant, les partisans de la sortie d’Afrique de l’homme moderne, cette fois, rejettent les conclusions de la génétique.
Nous retrouvons ici Gould, qui ne nous avait pas manqué, et qui écrivit ceci en 1988, après la publication de la thèse de l’Ève africaine : « L’unité de l’humanité n’est pas une formule creuse… Tous les hommes modernes sont physiquement unis par une origine africaine récente. » Nous voyons bien là ce qui peut séduire dans cette thèse. Nous voyons donc aussi ce à quoi peut être assimilée la thèse de l’origine multirégionale de l’homme moderne, et pourquoi il peut être difficile, socialement, de la défendre.
C’est par ailleurs là l’une des raisons qui firent que Gould fut tant attaché à la théorie de l’équilibre ponctué, qui s’appliquait alors pour la première fois au genre homo. Il y avait ici pour lui une preuve flagrante que l’évolution agissait par bonds et non par gradation[62].
Le préhistorien australien Robert Bednarik a publié La Domestication de l’homme en 2020. Dans cet ouvrage, il compile les données paléontologiques et archéologiques, nombreuses, qui pointent assez clairement vers une origine multirégionale de l’homme moderne. Il propose aussi une hypothèse originale qui explique la gracilisation de l’homme comme elle résout le paradoxe de Keller et Miller, ainsi que le paradoxe selon lequel, alors que la demande cognitive a augmenté depuis 40 ou 50.000 ans, notre volume crânien s’est graduellement réduit. C’est l’hypothèse de l’auto-domestication de l’humanité, phénomène bien connu, mais qui n’avait jamais été exploré aussi loin. Bednarik estime que sa cause la plus probable est la sélection sexuelle par l’homme des traits néoténiques chez la femme. À la suite de cela, on retrouverait chez l’être humain les caractéristiques typiques de la domestication, comme la perte de robustesse, la disparition des chaleurs et la diminution de la taille du crâne – celle-ci est loin d’être entièrement expliquée par la diminution de l’effort somatique qu’implique la gracilisation.

Atrophie du volume cérébral ces 40.000 dernières années comparée à la demande cognitive qui augmente pendant la même période.

Le paradoxe de Keller et Miller est le constat selon lequel la sélection naturelle n’a pas évacué, chez l’homme moderne, les troubles mentaux qui pourtant lui sont nocifs. Bednarik, non convaincu par les explications habituellement données[63], propose qu’ils résultent de ce phénomène d’autodomestication. Des mutations aux effets multiples auraient été sélectionnées, nous rendant notamment plus dociles, mais nous prédisposants, dans le même temps, à certains troubles mentaux. En effet, les gènes sont souvent pléiotropiques, c’est-à-dire qu’ils modifient plusieurs traits à la fois. Par exemple, quand la docilité est sélectionnée chez un animal, on voit apparaître des changements physiques qui, eux, n’ont pas été volontairement sélectionnés.
Quant au paradoxe de la réduction de la taille du cerveau, Bednarik pense le résoudre par l’existence des exogrammes, c’est-à-dire des symboles qui procéderaient à l’externalisation de la mémoire. En effet, la taille du cerveau commence à se réduire à un moment où l’art rupestre se développe substantiellement.

L’explosion des 10.000 ans
Le deuxième point noir de la psychologie évolutionniste que nous aimerions évoquer se rapporte aussi à ce concept d’environnement de l’adaptation évolutive. Nous venons de le voir, l’espèce humaine s’est « modernisée » dans les quatre continents (Europe, Asie, Afrique, Australie), ce qui limite déjà largement la portée dudit concept. Nous aimerions maintenant insister sur l’évolution récente, précisément celle qui commence à partir du néolithique, et qui est largement ignorée par Tooby et Cosmides. Le développement de l’agriculture, l’explosion démographique, la densité urbaine et les nouvelles organisations sociales ont créé de nouvelles niches évolutives, accélérant l’évolution de l’humanité[64]. Le premier constat moléculaire fut fait en 2007 par John Hawks[65], et a donné lieu à un ouvrage cosigné en 2009 par Henry Harpending et Gregory Cochran, The 10,000 Year Explosion [L’explosion des 10.000 ans][66]. Michael Woodley of Menie en donne la synthèse suivante : « Des changements culturels radicaux induisent des changements génétiques radicaux ; l’augmentation de la fréquence de certains allèles permet à leurs porteurs de s’adapter à de nouvelles cultures. Par exemple, l’arrivée de l’agriculture sédentaire a permis, par le biais de la sélection naturelle, d’augmenter rapidement la résistance aux maladies qui touchaient ces populations en pleine croissance, parce qu’elles ne pouvaient plus simplement quitter les zones où se déclaraient les épidémies. L’agriculture a aussi permis le développement de sociétés plus complexes et hiérarchisées, dans lesquelles le succès reproductif s’est lié à la capacité à maîtriser des ressources qui demandait une certaine intelligence générale ; et ces populations en pleine expansion, grâce à l’agriculture, ont pu produire plus de mutations génétiques, dont celles qui ont augmenté l’intelligence[67]. »
Pour une période plus récente, les travaux de Gregory Clark, historien et, de fait, sociobiologiste, éclairent l’évolution des traits de caractère. Dans A Farewell to Alms: A Brief Economic History of the World [Adieu aux aumônes : brève histoire économique du monde] publié en 2007[68], il documente minutieusement la façon dont les mille dernières années d’histoire de la démographie britannique s’articulent autour de la « survie du plus riche. » Autrement dit, plus haut était le statut social et économique, plus haute était la fécondité et plus basse était la mortalité infantile. Cela a eu pour conséquence l’augmentation dans la population de la fréquence des allèles de la conscienciosité et de l’intelligence, et ce par le biais d’une mobilité sociale descendante – c’est-à-dire par le remplacement progressif de la vieille paysannerie par une nouvelle classe sociale plus aisée. Cette tendance eugénique a ouvert la voie à la révolution industrielle, puis s’est inversée, au moins pour l’intelligence[69].

L’anthropologie judiciaire et ses contradictions
Revenons concrètement à l’influence de l’antiracisme et, pour ce faire, prenons le cas de l’anthropologie légale. Elle est traversée depuis quelques années par un débat lancé par les tenants de la théorie critique de la race, c’est-à-dire des cosmopolites qui considèrent que les races n’existent pas d’un point de vue biologique, mais que les représentations que l’on s’en fait conduisent à des discriminations qui seraient, elles, à l’origine des inégalités raciales.
Durant l’été 2020, peu de temps après la mort de George Floyd[70], deux anthropologues ont écrit au journal officiel de l’Académie américaine des sciences médico-légales[71]. Ils reprochaient à l’anthropologie judiciaire de continuer à utiliser des méthodes héritées de l’anthropologie raciale des XIXe et XXe siècles. Bien que le terme de race ait commencé à être remplacé par celui d’origine (ancestry) à partir de 1992, à la suite des recommandations d’un anthropologue américain, Norman Sauer, les deux auteurs déploraient que rien, au fond, n’avait changé. L’on distingue dans leur lettre deux critiques principales.
La première serait l’imprécision des données morphométriques dans la distinction des races. Par exemple, si la dépression post-bregmatique[72] est plus fréquente chez les individus de race congoïde, on est loin de la retrouver systématiquement chez tous les individus. Mais que vaut cet argument ? Un philosophe des sciences, Neven Sesardić, s’est penché sur la question et a noté un paradoxe : les anthropologues médico-légaux aiment à déclarer au grand public que les races n’existent pas, mais, pourtant, en pratique, leur métier consiste précisément à les déterminer[73]. En 1992, Norman Sauer écrivait même un article intitulé : « Si les races n’existent pas, pourquoi les anthropologues arrivent-ils si bien à les déterminer ? ». Dans cet article, il expliquait qu’une série de données morphométriques et un algorithme suffisaient à déterminer la race d’un individu ; et, si cela ne suffisait pas, c’était généralement parce qu’il s’agissait d’un métis ou que le squelette était incomplet. Neven Sesardić notait que la littérature scientifique était nourrie sur la question. Il suffit d’un peu plus d’une douzaine de variables pour estimer la race d’un individu avec 99% de chances de réussite.
La deuxième critique contenue dans la lettre consiste à dire que la détermination de l’origine raciale par les anthropologues pourrait entraver le déroulement des enquêtes. Cette affirmation ne repose pas sur des données empiriques, mais une intuition, nourrie par le syndrome de la femme blanche disparue. Cette expression vient du fait que les media anglo-américains tendraient à insister sur les disparitions des femmes blanches plutôt que celles des femmes noires ou hispaniques. En conclusion, les auteurs souhaitent que l’origine des victimes cesse d’être donnée par les médecins légistes. C’est évidemment grotesque, la race de la victime, comme sa taille, son âge ou son sexe, sont des informations importantes pour l’identifier et donc élucider un crime.
Le 19 octobre 2021, le New York Times revenait sur ce débat dans un article intitulé « Les squelettes peuvent-ils avoir une identité raciale ?[74] ». Dans cet article, entièrement complaisant envers les théoriciens critiques de la race, on pouvait lire : « Le docteur Elizabeth DiGangi s’inquiète que ces estimations [de l’origine des victimes] puissent suggérer à la police que la race soit une réalité biologique […]. « Quand je dis à la police que j’ai pris des mesures, que j’ai regardé ces choses sur le crâne et que j’en ai déduit que la personne était afro-américaine, évidemment qu’ils vont penser que c’est biologique. Pourquoi ne le penseraient-ils pas ?” » Mais DiGangi ne dit pas quelle autre conclusion l’on devrait en tirer… La porte de sortie des théoriciens critiques de la race en anthropologie légale est compliquée, puisque leur postulat ressemble à peu près à cela : les races biologiques n’existent pas, mais il y a bien une réalité biologique aux races sociales…
L’article du New York Times évoque aussi les idées d’une anthropologue américaine, Ann Ross, qui souhaiterait que le terme d’origine, qui n’est qu’un euphémisme pour race, fût remplacé par celui « d’affinité avec telle ou telle population ». C’est plus précis, certes, mais, dans la plupart des cas, trop précis pour être fonctionnel. Nous n’y voyons pas autre chose que des œillères volontaires ; une tentative d’évacuer une réalité trop dérangeante. DiGangi a par ailleurs des mots très révélateurs : « Ce n’est pas parce qu’on peut estimer l’origine d’un individu qu’on doit le faire. »

Jugements de fait et jugements de valeur
Cette réflexion de DiGangi fait écho à un débat plus général qui fait régulièrement l’objet de publications depuis les années 1970 : doit-on interdire la recherche sur les différences raciales ? Les partisans de la censure pensent que la publication de données qui étaieraient l’ampleur ou l’origine génétique des différences raciales aurait très probablement des conséquences délétères pour la société. Autrement dit, la connaissance scientifique ne serait pas toujours tolérable. Certains ne recommandent pas l’interdiction pure et simple de ce genre de recherche, mais proposent que le niveau de preuve soit plus élevé – c’est, nous l’avons vu, la technique de Gould, Kamin et Lewontin – ; d’autres recommandent qu’une instance de contrôle décide de ce qui puisse être publié. Dans tous les cas, il y une volonté manifeste de la part de scientifiques et de philosophes d’étouffer le débat[75].Des universitaires se sont dressés contre ces arguments, qu’ils jugent problématiques et contre-productifs. Un problème courant dans l’argumentaire des censeurs est que les jugements de fait se retrouvent confondus avec des jugements de valeur. Autrement dit, les faits sont tenus en otage par des conceptions qu’ils jugent immorales. Avec cette façon de penser, dire qu’il y a des différences raciales dans l’intelligence est une proposition raciste. C’est une position dangereuse pour les tenants de ce paralogisme, car, s’il s’avère qu’il existe bien de telles différences, alors le racisme deviendrait juste et bon.
Deuxièmement, l’idéologie de la table rase, celle qui nie la génétique dans le façonnement de l’identité individuelle, a été la mère de politiques odieuses et criminelles. L’ascension de Lyssenko, protégé de Staline, s’est accompagnée de l’emprisonnement et de la mise au Goulag des scientifiques qui défendaient la génétique mendélienne. Pour Lyssenko, nous l’avons vu, cette génétique, la génétique, était fasciste et incompatible avec le communisme. Lénine souscrivit à l’idéal de Nikolaï Boukharine qui consistait à « fabriquer l’homme communiste à partir du matériel humain de l’ère capitaliste ». L’admirateur de Lénine, Maxime Gorki, écrivit : « Les classes ouvrières sont pour Lénine ce que les minéraux sont pour le métallurgiste » ; et tandis qu’il admirait un canal construit par des esclaves, il nota que « la matière première humaine [était] incommensurablement plus difficile à travailler que le bois. » Nous retrouvons la métaphore de la table rase dans les écrits d’un homme responsable de soixante-cinq millions de morts, Mao Tsé Toung : « Une feuille blanche n’a pas de taches, et l’on peut donc y écrire les mots les plus beaux et les plus nouveaux. » Aussi, c’est bien clair, il est débile d’affirmer que l’étude de la génétique du comportement mène à des horreurs collectivistes, puisqu’on peut produire l’argument exactement inverse.
D’un point de vue utilitariste, nous pouvons même noter l’intérêt qu’il y aurait à mettre en lumière la question raciale. Dans le domaine médical, par exemple, où ces dernières années, 10% des nouvelles molécules mises sur le marché avaient des effets différents en fonction de la race[76]. En ce qui concerne l’efficacité des politiques publiques, Nathan Cofnas note un fait intéressant : « Il y a plusieurs dizaines d’années de cela, Jensen fut attaqué pour avoir prédit que le programme Head Start [aux États-Unis], fondé sur l’idée environnementaliste que des interventions précoces peuvent augmenter durablement l’intelligence et les performances scolaires, n’aurait pas les effets attendus. Dans La Courbe en cloche, les héréditaristes Herrnstein et Murray montrèrent avec des données convaincantes que Head Start ne marchait pas. En 2012, un rapport commandé par le Congrès et réalisé par le Département de la Santé et des Services sociaux des États-Unis déclara que les effets se dissipait dès le CE2 – et donc que le programme ne marchait pas. Bien entendu, il n’était pas question de donner raison à l’héréditarisme ou de mettre fin au programme ; il fut plutôt suggéré que Head Start avait des effets bénéfiques, mais pour l’instant qu’ils étaient indétectables. Quoi qu’il en fût, le gouvernement américain continua à financer le projet à coup de centaine de millions de dollars. Si nous avions suivi les recommandations de Jensen de 1969, à savoir financer des programmes d’éducation pensé selon les forces et les faiblesses de chaque groupe plutôt que de financer Head Start, 200 milliards de dollars auraient été économisés[77] […]. »
À ces arguments utilitaristes, nous pouvons évidemment ajouter les conséquences des politiques migratoires, qui sont pensées par des gens qui croient l’homme malléable et remplaçable. Les natifs des pays occidentaux portent le poids fiscal d’une immigration qui ne donne pas une contribution nette, et ces mêmes natifs subissent l’insécurité et l’insalubrité qui résultent de l’immigration. Paradoxalement, en Europe de l’ouest, si l’immigration a de manière générale des conséquences négatives pour les pays d’accueil, elle a en a aussi pour les pays d’où viennent les immigrés : dans leur pays d’origine, les immigrés font partie de la frange cognitive supérieure, mais, dans leurs pays d’accueil ils font partie de la frange cognitive inférieure[78].
De toute façon, la vérité nous semble bonne pour elle-même. Mais elle a aussi une valeur instrumentale. En 2007, Peter Singer écrivait que « […] ne pas poursuivre de recherches dans ce domaine [des différences raciales en intelligence] reviendrait à dire qu’il faudrait se fermer à toute enquête honnête sur les causes des inégalités de revenu, d’éducation et de santé entre des individus de races ou d’ethnies différentes. Lorsqu’on fait face à un tel problème de société, préférer l’ignorance à la connaissance est une position difficile à défendre[79]. »
Une autre raison fondamentale de défendre ce type de recherche relève de la justice. Si le racisme est considéré comme la cause à tort des disparités économiques et sociales entre les races, alors on blâmera injustement les racistes, qui n’y sont en réalité pour rien. Si le racisme systémique est l’explication favorite, alors les coupables seront les Occidentaux, qui n’auraient pas tout fait pour mettre fin à ce prétendu état d’oppression systémique[80].

Que pensent réellement les chercheurs ?
Nous l’avons vu précédemment, d’éminents scientifiques se sont déjà dressés contre les sophismes des antiracistes. Et nous avions noté dans une précédente vidéo qu’il n’y avait pas, en Occident, de consensus parmi les anthropologues et les biologistes quant à l’existence des races humaines[81]. Le terme de race étant l’objet de polémiques, il est intéressant de voir ce qu’il advient quand une question relative aux différences cognitives et comportementales entre les populations est posée. En 2022, un sondage demanda à des biologistes, des psychologues et des anthropologues, tous versés dans la théorie de l’évolution, la question suivante : « Y a-t-il des différences psychologiques et comportementales entre les populations qui résulteraient de différences dans leurs environnements et dans leurs écologies ancestrales[82] ? ». La grande majorité (74,4%) des 581 chercheurs sondés répondirent oui.

Pourcentage des chercheurs d’accord pour dire que les gènes contribuent aux différences psychologiques entre les groupes. Friedrichs (1973) : psychologues ; Snyderman & Rothman (1987) : psychologues, sociologues et généticiens du comportement ; von Hippel & Buss (2017) : psychologues sociaux ; Horowitz et al. (2019) : anthropologues ; Rinderman et al. (2020) : chercheurs en intelligence ; Kruger et al. (2022) : scientifiques évolutionnistes. Graphique de Noah Carl.

Pris dans leur ensemble, comme le montre le graphique ci-dessus, les sondages des chercheurs concernés par l’intelligence, que ce soit d’un point de vue psychométrique ou évolutionnaire, montrent une acceptation substantielle du rôle des gènes dans les différences entre les groupes humains[83].
Il ne faudrait cependant pas que ces chiffres donnassent l’impression que la question des différences raciales dans l’intelligence fût désormais discutée sans difficulté. En 2019, Noah Carl et Michael Woodley of Menie ont produit une analyse scientométrique des controverses dans le champ de recherche sur l’intelligence depuis les années 1950[84]. Ils notèrent quatre ères, à chaque fois concentrées autour d’un petit groupe de chercheurs qui furent à l’origine de la plupart des controverses : l’ère Arthur Jensen durant les années 1970, dans laquelle on retrouve Hans Eysenck et William Shockley ; l’ère Philippe Rushton de la fin des année 1980 au début des années 1990, dans laquelle on retrouve les controverses autour de La Courbe en cloche d’Herrnstein et Murray ; l’ère James Watson, au milieu des années 2000 ; l’ère Conférence de Londres sur l’Intelligence en 2018. En décembre 2022, Noah Carl mit à jour cette étude[85] et nota quatorze nouvelles controverses. Celles-ci, les anciennes comme les nouvelles, ont pu impliquer de la violence physique – au point que certains chercheurs, comme Philippe Rushton, eurent besoin d’une protection policière –, des intimidations, des pétitions, et surtout, des carrières brisées, avortées, et des renvois de l’université. Cette ambiance délétère pousse les chercheurs à ne pas s’aventurer dans des domaines trop controversés, et donc à faire stagner la science[86].

Peut-on faire confiance aux chercheurs ?
Gordon Gauchat, sociologue américain, a soutenu que les Américains de droite, depuis les années 1970, faisaient de moins en moins confiance à « la science ». Il s’est fondé sur des données solides, celles de l’Enquête sociale générale (ESG, General Social Survey). Celle-ci montrait qu’en 2010 les Américains de droite n’était que 38% à donner leur confiance à la science contre 50% des Américains de gauche. À la question de savoir pourquoi, deux réponses émergent dans la littérature sociologique : 1) la droite, par son attachement aux traditions, serait naturellement plus réticente aux explications scientifiques ; 2) la droite, par nature, n’est pas plus réticente aux explications scientifiques, mais serait contrariée par l’évolution des débats scientifiques (autour, par exemple, du climat ou, pour certains chrétiens, de l’évolution…).
Nous ne sommes pas convaincus par ces explications et pensons, comme Nathan Cofnas, qu’il s’agit en réalité d’une défiance à l’égard des scientifiques et non pas de la science en elle-même[87]. En effet, un premier bémol dans l’étude de Gauchat est qu’il ne se soucie pas de la méthode de l’ESG, qui consiste à lister des institutions scientifiques puis à demander le degré de confiance qu’on leur accorde. Il est aussi question de donner son avis sur la « communauté scientifique ». Tout cela ne revient pas à demander au sondé ce qu’il pense de la méthode scientifique. En ce sens, Cofnas note que le scepticisme de la droite envers les scientifiques n’est pas du tout homogène, et dépend des matières traitées : par exemple, si la climatologie n’a pas la faveur de la droite, la science des matériaux, elle, est bien mieux considérée par la droite que par la gauche. Il nous semble donc tout à fait convaincant qu’il soit bien en réalité question d’un rejet des scientifiques, et précisément quand ils donneraient l’impression de servir une cause politique de gauche.
Pour illustrer son propos, Cofnas cite des exemples édifiants de biais politiques de gauche dans les sciences sociales. Il commence par la fameuse étude Robert Putnam[88], ancien président de l’Association américaine des sciences politiques, à propos du délitement de la « confiance sociale » dans les communautés racialement hétérogènes des États-Unis. Putnam notait que l’effet de la diversité raciale sur la confiance interindividuelle était désastreux, même entre les individus de la même race. Les gens se dégageaient de la vie civique, votaient moins, donnaient moins aux œuvres de charité, perdaient confiance dans leur maire, etc. Particulièrement perturbé par ses trouvailles, Putnam admit qu’il retarda volontairement leur publication. Il attendait de trouver des données qui pouvaient les contredire. Mais ne trouvant rien, il se contenta d’une prédiction : tous les groupes ethniques et raciaux aux États-Unis finiront par se sentir appartenir à un même groupe, comme ont fini par le faire les immigrés blancs et occidentaux qui sont venus aux États-Unis autrefois.
Dans un amicus curiae[89] donné lors d’une affaire judiciaire aux États-Unis qui portait sur la légalité de la discrimination positive à l’université, on cita Putnam « dont les découvertes contredisaient les formes les plus naïves de l’hypothèse du contact ». Selon l’hypothèse du contact, la mixité sociale, ici raciale, permettrait d’améliorer l’entente entre deux groupes. Putnam répondit, mécontent qu’on l’eût cité partiellement, qu’il fallait le lire en entier. Mais que dit le reste de l’étude de Putnam ? Eh bien, il s’agit simplement de dire que si « […] l’augmentation de la diversité peut poser des problèmes dans le court terme, la société pourra en tirer des bénéfices à moyen et long terme ». Autrement dit, c’est une pétition de principe. Nous l’avons vu, Putnam ne sait pas si les nouveaux immigrés s’assimileront.
Dans cette même affaire, les associations américaines de sciences politiques, de sociologie et d’anthropologie sont intervenues pour dire que la littérature scientifique montrait que la diversité raciale, entre autres choses, favorisait l’engagement civique. Et l’étude de Putnam ne fut citée qu’en note de bas de page, accompagnée d’une critique de la méthode employée. Il n’est pas question pour nous de dire que l’étude en question est parfaite, mais que l’un des politologues occidentaux les plus éminents a longuement hésité à publier ses données parce qu’elles contredisaient le mantra cosmopolite selon lequel la diversité est une force. Par la suite, les citer a pu impliquer de prendre le risque d’être accusé de sélectionner les passages favorables. Enfin, certaines des plus grandes associations scientifiques du monde ont préféré ignorer ces données, pourtant issues d’un travail rigoureux et de haute volée, et ce pour des raisons évidemment politiques. Notons, enfin, que la méta-analyse la plus récente qui étudie l’influence de la diversité sur la « confiance sociale » confirme les travaux de Putnam[90].
Nous n’insisterons jamais trop sur le rôle néfaste de ces associations. En 2000, une association américaine de pédiatrie attesta devant le Congrès américain que pas moins de 3.500 études avaient examiné le lien qu’il pouvait y avoir entre l’exposition médiatique à la violence et la commission d’actes violents. L’association prétendit que toutes ces études, excepté dix-huit d’entre elles, dégageaient une corrélation positive. C’est là un sujet cher à la gauche, qui voudrait voir dans la violence un comportement acquis plutôt qu’inné. La même année, six associations de psychiatres et de médecins déclarèrent que plus de mille études confirmaient un lien fort et durable entre l’exposition à des images violentes et les comportements violents.
Par ces déclarations, ces associations mirent leur crédit en jeu, et le firent devant le Congrès américain. Or, il apparut qu’aucune d’entre elles n’avait conduit de revue de la littérature sur cette question. Un chercheur spécialiste des media, Jonathan Freedman, s’attela à la tâche et ne trouva pas 1.000, encore moins 3.500, mais seulement 200 études qui traitaient du sujet. Parmi elles, la moitié n’étaient pas compatibles avec l’existence d’un lien causal. L’autre moitié étaient compatibles avec un tel lien causal, mais ouvrait aussi la porte à d’autres explications. Par ailleurs, les méthodes utilisées laissaient largement à désirer. Par exemple, on demanda aux enfants, après l’exposition à des images violentes, s’ils étaient prêts à faire exploser un ballon de baudruche ou s’ils souhaitaient frapper une poupée. Il s’agissait aussi de mesurer, sur le moment, leur état d’excitation.
Un autre spécialiste des media, John Murray, admit que le mythe des milliers d’études venait de lui, après qu’il eut compilé les articles scientifiques, mais aussi les articles de journaux sur la question, et toutes les publications qui s’y rapportaient de près ou de loin. Et sans recul critique, des associations prestigieuses, comme l’association américaine de psychologie, reprirent ce mythe. Pourquoi ? Encore une fois, car il allait dans le sens de leur idéologie cosmopolite[91].

Conclusion
En 2019, nous demandions à Michael Woodley of Menie[92] son avis sur l’avenir de la recherche sur l’intelligence, et précisément sur les différences raciales. Sa réponse fut pessimiste, et nous la comprenons. La situation semble se dégrader, puisque ce n’est plus seulement la question des différences raciales qui prête à controverse, mais dorénavant, semble-t-il, celle toute entière de la génétique comportementale et de la simple étude des différences individuelles. En effet, en 2018, Robert Plomin, éminent chercheur, publiait L’Architecte invisible[93], ouvrage dans lequel il synthétisait ses recherches en génétique comportementale, qui n’ont jamais porté sur les différences intellectuelles et comportementales entre les races ; pourtant, de manière très surprenante, on a pu trouver dans Nature une critique particulièrement hostile au travail de Plomin[94]. De surcroît, en 2021, Kathryn Paige Harden publiait La Loterie génétique[95], et Harden, contrairement à Plomin, a toujours été véhémente dans son antiracisme et dans son opposition aux scientifiques qui travaillent sur les différences raciales. Pourtant, Marcus Feldman and Jessica Riskin, dans The New York Review of Books, l’ont attaquée avec force et accusée de perpétuer, plus ou moins tacitement, une vision du monde raciste, eugéniste et essentialiste[96]. Si on peut voir là l’expression d’un cosmopolitisme qui monte en puissance, il s’agit aussi, comme le fait remarquer Noah Carl, de la suite logique du rejet de l’étude des différences raciales[97]. En effet, si l’on pense qu’évoquer les différences raciales sous l’angle génétique est raciste, alors pourquoi l’évocation des différences génétiques entre les individus ne rendrait-elle pas « classiste » et ne porterait-elle pas à considérer qu’il existerait des individus inférieurs ? Voilà ce qu’il en coûte à s’asseoir entre deux chaises.
Bien qu’elle soit loin d’être exhaustive, notre étude, nous l’espérons, aura permis au lecteur peu au fait des controverses présentes et passées qui traversent la recherche sur le sujet sensible de l’hérédité d’aiguiser son esprit critique et de ne pas être intimidé tant par les condamnations en grande pompe que par les arguments d’autorité[98].

Pierre de Tiremont


[1] « Minimum doctrinal » du Carrefour de l’Horloge (2019).

[2] « Races humaines : l’avis des experts » sur la chaîne YouTube Tiremont.

[3] Henry Harpending, « Reviewed Work: Taboo: Why Black Athletes Dominate Sports and Why We’re Afraid to Talk about It Jon Entine » [Revue de : Tabou : pourquoi les athlètes noirs dominent le sport et pourquoi nous avons peur d’en parler], Population and environnement (2000).

[4] Cité par Kevin MacDonald dans The Culture of Critique: An Evolutionary Analysis of Jewish Involvement in Twentieth-Century Intellectual and Political Movements [La Culture de la critique : analyse évolutionnaire de l’implication juive dans les mouvements intellectuels et politiques du XXe siècle], Praeger (1998), p. 22.

[5] Franz Boas, « Changes in the Bodily Form of Descendants of Immigrants » [Changements des caractéristiques physiques des descendants d’immigrés], American Anthropologist (1912).

[6] Clarence Gravelee et al., « Heredity, Environment, and Cranial Form: A Reanalysis of Boas’s Immigrant Data » [Hérédité, environnement et forme du crâne : réanalyse des données de Boas sur les immigrés], American anthropologist (2003).

[7] Corey Sparks et Richard Jantz, « A reassessment of human cranial plasticity: Boas revisited » [Réexamen de la plasticité du crâne : Boas reconsidéré], PNAS (2003).

[8] Boas pensait que la meilleure manière de mettre fin au racisme et au sentiment antijuif était que les blancs se mélangeassent avec les noirs et les Juifs avec les non-Juifs. Cependant, sans surprise, Boas se maria avec une Juive.

[9] Madison Grant, The Passing of the Great Race: Or, The Racial Basis of European History, Scribner, La nouvelle York (1916) ; l’ouvrage fut publié en français chez Payot (1926) sous le titre de Le Déclin de la grande race et préfacé par Georges Vacher de Lapouge.

[10] A People That Shall Dwell Alone: Judaism As a Group Evolutionary Strategy, With Diaspora Peoples [Un peuple qui doit demeurer seul : le judaïsme comme stratégie évolutionnaire de groupe, avec les peuples de la diaspora], Praeger (1994) ; Separation and Its Discontents Toward an Evolutionary Theory of Anti-Semitism [La séparation et ses travers : vers une théorie évolutionnaire de l’antisémitisme], Praeger (1998) ; The Culture of Critique An Evolutionary Analysis of Jewish Involvement in Twentieth-Century Intellectual and Political Movements, [La Culture de la critique : analyse évolutionnaire de l’implication juive dans les mouvements intellectuels et politiques du XXe siècle], Prager (1998).

[11] La Culture de la critique, p. 25.

[12] Ibidem.

[13] Margaret Mead, Coming of Age in Samoa: A Psychological Study of Primitive Youth for Western Civilisation, William Morrow and Co., La nouvelle York (1928), est paru en français chez Plon, Paris, en 1963 dans un recueil d’essais intitulé Mœurs et sexualité en Océanie.

[14] Si Freeman eut raison de sévèrement critiquer les insuffisances de Margaret Mead, il n’était pas lui-même dénué de biais. Une analyse de la controverse se trouve dans La Démolition de Margaret Mead : anatomie d’une controverse anthropologique [The Trashing of Margaret Mead : Anatomy of an Anthropological Controversy], University of Wisconsin Press (2009). Même si elle penche en faveur de Mead, elle n’est pas dénuée d’intérêt en ce qu’elle compare avec précision les approches des deux anthropologues, et permet ainsi de constater les insuffisances de Mead comme celles de Freeman.

[15] Ruth Benedict, Patterns of Culture, Houghton Mifflin, La nouvelle York (1934), est paru en France chez Gallimard, Paris, en 1950 sous le titre d’Échantillons de civilisations.

[16] La Culture de la critique, p. 26. MacDonald note par ailleurs que si Claude Lévi-Strauss était probablement guidé par les mêmes intérêts ethniques que Boas, le structuralisme français n’était pas un mouvement juif. En tout cas, Lévi-Strauss, comme Boas, évinçait les explications évolutionnaires et biologiques de ses recherches anthropologiques.

[17] Ibidem, p. 27.

[18] Ibidem, p. 28.

[19] Primitive War: Its Practices and Concepts, University of South Carolina Press (1949).

[20] Carleton Putnam, Race and Reason: A Yankee View, Public Affairs Press (1961).

[21] Une étude récente montre que les universitaires de droite ont bien plus tendance à s’autocensurer que les universitaires de gauche. Norris, Pippa, « Cancel culture: Heterodox self-censorship or the curious case of the dog-which-didn’t-bark » [Culture de l’effacement : diversité dans l’autocensure à propos de l’intrigante affaire du chien qui n’aboyait pas]. HKS Working Paper No. RWP23-020 (2023).

[22] Leon Kamin, The Science and Politics of I.Q., Lawrence Erlbaum Associates (1974).

[23] O. Gillie, « Crucial Data was Faked by Eminent Psychologist », London Sunday Times (1976).

[24] Leslie Hearnshaw, Cyril Burt, psychologist [Cyril Burt, psychologue], Hodder & Stoughton, Londres (1979).

[25] Jamy Gourmaud, le célèbre vulgarisateur scientifique de C’est pas sorcier, considérait dans une émission du 3 juillet 2022 sur la chaîne YouTube Jamy – Epicurieux que Burt fut responsable, avec les faussaires de l’homme de Piltdown et William Summerlin et ses souris tachetées, de l’une des « trois arnaques scientifiques les plus folles ».

[26] R. Joynson, The Burt affair [L’affaire Burt], Routledge, Londres (1989) ; Ronald Fletcher, Science, ideology and the media: the Cyril Burt scandal [La science, l’idéologie et les media : le scandale Cyril Burt], Transaction, Brunswick, Nouvelle-Jersey (1991).

[27] N. Mackintosh, Cyril Burt: fraud or framed? [Cyril Burt : fraude ou coup monté ?], Oxford University Press (1995).

[28] Gavan Tredoux, « Defrauding Cyril Burt: A reanalysis of the social mobility data » [Réhabiliter Cyril Burt : réanalyse des données de la mobilité sociale], Intelligence (2015).

[29] Voir notre vidéo intitulée « Baisse du QI : déjà tous crétins ? » (2020) publiée sur la chaîne YouTube Tiremont.

[30] Philippe Rushton, « New evidence on Sir Cyril Burt: His 1964 Speech to the Association of Educational Psychologists » [Nouvelle preuve à propos de Cyril Burt : son allocution de 1964 pour les psychologues de l’éducation], Intelligence (2002).

[31] Voir notre article « Nous sommes nos gènes. Voyage en génétique comportementale avec Robert Plomin » (2023) sur lesquen.fr.

[32] Qui passa de la défense à l’accusation.

[33] Stephen Jay Gould, The Mismeasure of Man, W. W. Norton & Company, La nouvelle York (1981, 1996). La version française est parue chez Odile Jacob, Paris, sous le titre de La Mal-Mesure de l’homme en 1997.

[34] Richard J. Herrnstein et Charles Murray, The Bell Curve: Intelligence and Class Structure in American Life [La Courbe en cloche : intelligence et classe sociale en Amérique], Free press, La nouvelle York (1994). L’ouvrage n’a jamais été traduit en français.

[35] Par exemple, dans la première édition de La Mal-Mesure de l’homme, Gould ne consacre que quatre pages superficielles aux travaux d’Arthur Jensen, et, dans la deuxième édition, il ignore complètement les réponses que Jensen lui a faites.

[36] Leon Kamin, op. cit., cité par MacDonald dans La Culture de la critique, op. cit., p. 33.

[37] Ibidem.

[38] Emil O. W. Kirkegaard et John G.R. Fuerst, « A Multimodal MRI-based Predictor of Intelligence and Its Relation to Race/Ethnicity » [Prédicteur multimodal de l’intelligence fondé sur l’imagerie par résonnance magnétique et ses relations avec la race ou l’ethnie], Mankind Quarterly (2023).

[39] On pourrait aussi citer l’accusation de fraude que proféra Gould envers Goddard, qui aurait retouché des photographies de la famille Kallikak, qu’il étudiait, pour la rendre menaçante et arriérée. On a montré par la suite que les traits qui pouvaient paraître étranges étaient probablement dus à la façon dont les photographies furent reproduites. De plus, un sondage réalisé auprès de gens qui ne connaissaient pas la famille a montré que, en regardant ces photos, ils avaient largement tendance à trouver les membres de la famille sympathiques et intelligents plutôt que l’inverse.

[40] Voir l’article de Kevin MacDonald et Michael Woodley of Menie, « Evolution of intelligence » [L’évolution de l’intelligence], Encyclopedia of Evolutionary Psychological Science, Springer, La nouvelle York (2021).

[41] Robert Wright, « Homo Deceptus: Never trust Stephen Jay Gould », Slate (1996), cité par MacDonald, ibidem, p. 37.

[42] Wilkins, John S. et Nelson, G. J. « Trémaux on species: A theory of allopatric speciation (and punctuated equilibrium) before Wagner » [Trémaux à propos des espèces : théorie de la spéciation allopatrique (et de l’équilibre ponctué) avant Wagner », History and Philosophy of the Life Sciences (2008). Moritz Wagner (1813-1887) était un naturaliste bavarois.

[43] Michael Woodley of Menie et al., « Communicating intelligence research: Media misrepresentation, the Gould Effect, and unexpected forces » [Communiquer la recherche sur l’intelligence : désinformation médiatique, l’effet Gould et autres tendances inattendues], Intelligence (2018).

[44] Richard Lewontin, Steven Rose, Leon Kamin, Not in Our Genes: Biology, Ideology and Human Nature, Pantheon Books, La nouvelle York (1984). Cet ouvrage a été publié en français sous le titre de Nous ne sommes pas programmés en 1985 aux éditions La Découverte, Paris.

[45] Richard Lerner, Final Solutions: Biology, Prejudice, and Genocide [Solutions finales : biologie, préjugé et génocide], University of Pennsylvania Press (1959).

[46] Michael Woodley of Menie et Matthew Sarraf, « Controversies in Evolutionary Psychology », Encyclopedia of Evolutionary Psychological Science, Springer, La nouvelle York (2018).

[47] Voir notre article « Nous sommes nos gènes. Voyage en génétique comportementale avec Robert Plomin » sur lesquen.fr (2023).

[48] Voir, sur le site du Carrefour de l’Horloge, la page du prix Lyssenko : https://carrefourdelhorloge.fr/prix-lyssenko/.

[49] En effet, si l’on applique à l’espèce humaine les critères utilisés par les biologistes pour déterminer les sous-espèces, l’existence de races humaines ne fait aucun doute. Voir l’article de Heiner Rindermann, « Biological categorization within Homo sapiens and its consequences for differences in behavior – or not » [Catégorisation biologique au sein d’homo sapiens et ses implications dans les différences comportementales – ou pas], Human Evolution (2023).

[50] A. W. F. Edwards, « Human genetic diversity: Lewontin’s fallacy » [Diversité génétique humaine : le sophisme de Lewontin], BioEssays (2003).

[51] Razib Khan, « 10 questions for Luigi Luca Cavalli-Sforza » [Dix questions pour Luigi Luca Cavalli-Sforza], Gene Expression (2006).

[52] David Reich, Who We Are and How We Got Here, Oxford University Press (2018). Une version française a été publiée en 2019 sous le titre de Comment nous sommes devenus ce que nous sommes. La nouvelle histoire de nos origines révélée par l’ADN ancien aux éditions Quanto, de l’école polytechnique fédérale de Lausanne.

[53] Robert Trivers, « Vignettes of Famous Evolutionary Biologists, Large and Small » [Anecdotes à propos de célèbres biologistes de l’évolution, petites et grosses], The Unz Review (2015).

[54] D’abord pensée pour les différences interspécifiques par Edward Wilson et Robert MacArthur en 1967, c’est Philippe Rushton qui applique le premier aux êtres humains la théorie des histoires de vie, dont la version la plus détaillée se trouve dans son maître ouvrage, Race, Evolution, and Behavior: A Life History Perspective [Race, évolution et comportement : la théorie des histoires de vie], The Charles Darwin Research Institute, Port Huron, Michigan (2000). Pour une reproduction récentes des travaux de Rushton, voir Aurelio Figueredo, « The biogeography of human diversity in life history strategy » [La biogéographie de la diversité humaine dans les stratégies d’histoire de vie], Evolutionary Behavioral Sciences, (2021).

[55] La mortalité est dite aléatoire quand elle n’est pas prévisible comme, par exemple, celle d’une épidémie. On lui oppose une mortalité dite prévisible comme, par exemple, celle due aux hivers froids.

[56] Michael Woodley of Menie, « The Cognitive Differentiation-Integration Effort Hypothesis: A Synthesis between the Fitness Indicator and Life History Models of Human Intelligence » [L’hypothèse du résultat d’intégration-différenciation cognitive : synthèse de l’indicateur d’adaptation et les modèles d’histoire de vie », Review of General Psychology (2011).

[57] Il tenta de brûler les archives de l’université de Francfort, pour laquelle il travaillait, ou encore de vendre la collection de crânes de chimpanzés qu’elle possédait.

[58] Robert Bednarik, The Domestication of Humans [La Domestication de l’homme], Routledge, Londres (2020), p. 27.

[59] Nous tirerons les développements suivants du livre de Milford Wolpoff, Race and Human Evolution : a Fatal Attraction [Race et évolution humaine : attirance fatale], Westview Press, Boulder, Colorado (1997) ainsi que de La Domestication de l’homme, précédemment cité.

[60] Michel Tibayrenc et Francisco Ayala, Notre humaine nature, Éditions Rue de Seine, Paris (2022), p. 88.

[61] Elle part aussi du principe que la transmission est exclusivement maternelle, ce qui est loin d’être certain non plus. Un autre problème de l’ADN ancien est qu’il a pu être dégradé avec le temps, ce qui rend son analyse peu fiable.

[62] Il est amusant de noter que Gould expliquait son attirance pour cette idée de changements rapides et brutaux dans l’évolution par une homologie avec la révolution, laquelle était son horizon politique en tant que marxiste.

[63] Voir https://lucperino.com/382/maladies-mentales-trois-hypotheses-evolutionnistes.html (2015).

[64] La théorie de la coévolution gènes-culture est parfois dite théorie du double héritage. Le premier terme a été donné par deux généticiens de Stanford, Marc Feldman et Luca Cavalli-Sforza, et le second par deux anthropologues de l’université de Californie, Robert Boyd et Peter Richerson. Bien que certains chercheurs considèrent que ces intitulés représentent des conceptions différentes, la plupart d’entre eux les prennent comme synonymes. À la fin des années 1970, Charles Lumsden et Edward Wilson furent engagés dans une course contre Cavalli-Sforza et Feldman pour publier le premier livre sur le sujet. C’est l’ouvrage de Lumsden et Wilson, Genes, Mind and Culture [Les gènes, l’esprit et la culture]qui fut publié en premier en 1981, mais c’est La transmission de la culture et l’évolution [Cultural Transmission and Evolution]de Cavalli-Sforza et Feldman, sorti plus tard la même année, qui aura une influence durable.

[65] John Hawks et al., « Recent acceleration of human adaptive evolution » [L’accélération récente de l’évolution adaptative humaine], PNAS (2007).

[66] Gregory Cochran et Henry Harpending, The 10,000 Year Explosion: How Civilization Accelerated Human Evolution [L’explosion des 10.000 ans : comment la civilisation a accéléré l’évolution de l’humanité], Basic Books, La nouvelle York (2009).

[67] Michael A. Woodley, « The Biosocial Model of the Rise of Western Civilization: a Counter-Point to Oesterdiekhoff (2013) » [Le modèle biosocial de l’apparition de la civilisation occidentale : critique d’Oesterdiekhoff (2013)], The Mankind Quarterly (2014).

[68] Gregory Clark, A Farewell to Alms: A Brief Economic History of the World, Princeton University Press (2007).

[69] Voir, à nouveau, notre vidéo « Baisse du QI : déjà tous crétins ? » (2020) sur la chaîne YouTube Tiremont, qui se fonde largement sur le travail de Michael Woodley of Menie.

[70] George Floyd était un noir américain, repris de justice multirécidiviste, qui est mort en mai 2020 lors de son arrestation par un policier. Cet incident a provoqué le vaste mouvement « Black Lives Matter ».

[71] Elizabeth A. DiGangi et Jonathan D. Bethard, « Letter to the Editor—Moving Beyond a Lost Cause: Forensic Anthropology and Ancestry Estimates in the United States » [Lettre à l’éditeur – Au-delà d’une cause perdue : l’anthropologie judiciaire et l’estimation de l’origine aux États-Unis], Journal of forensic sciences (2020).

[72] Un petit affaissement sur le haut du crâne.

[73] Neven Sesardić, « Race: A Social Destruction of a Biological Concept » [Race : la destruction sociale d’un concept biologique], Biology and Philosophy (2010).

[74] Sabrina Imbler, « Can Skeletons Have a Racial Identity? » [Les squelettes peuvent-ils avoir une identité raciale ?], New York Times (19 octobre 2021).

[75] Nous fondons largement cette partie sur les deux articles suivants : Noah Carl, « How Stifling Debate Around Race, Genes and IQ Can Do Harm » [Comment étouffer le débat au sujet de la race, des gènes et du QI peut nuire], Evolutionary Psychological Science (2018) ; Nathan Cofnas, « Research on group differences in intelligence: A defense of free inquiry » [Différences entre les groupes dans l’intelligence : en défense d’une recherche libre], Philosophical Psychology (2020).

[76] Anuradha Ramamoorthy, « Racial and Ethnic Differences in Drug Disposition and Response: Review of New Molecular Entities Approved Between 2014 and 2019 » [Différences ethniques et raciales dans les réactions aux médicaments : revue des formules moléculaires autorisées entre 2014 et 2019], The Journal of Clinical Pharmacology (2022).

[77] D’aucuns ont pu prétendre que l’effet du stéréotype expliquait pourquoi les femmes comme les noirs n’étaient pas aussi bons que les hommes ou les blancs dans certaines tâches cognitives. Concrètement, la diffusion d’un lieu commun selon lequel les noirs seraient moins intelligents que les blancs, ou les femmes moins bonnes en mathématiques que les hommes, influencerait leurs résultats à l’école ou sur les épreuves de QI. Cependant, la littérature sur l’effet du stéréotype est criblée de biais et les principales études n’ont jamais pu être reproduites. L’idée que les noirs soient sujets à un tel effet est par ailleurs surprenante puisqu’il a été remarqué que leur estime de soi était supérieure à celle des blancs. Voir, pour ce dernier point, J. Bachman et al., « Adolescent self-esteem: Differences by race/ethnicity, gender, and age » [L’estime de soi chez l’adolescent : différences selon la race, l’ethnie, le sexe et l’âge], Self and Identity (2011).

[78] Ce paradoxe est analysé par Heiner Rindermann dans Cognitive capitalism: Human capital and the wellbeing of nations [Capitalisme cognitif. Capital humain et bien-être des nations], Cambridge University Press (2018).

[79] Peter Singer, « Should We Talk About Race and Intelligence? » [Devrions-nous parler de race et de l’intelligence ?], Syndicate Project (2007).

[80] En Californie, les « réparations », qui seront de nature financière, sont déjà au programme.

[81] « Races humaines : l’avis des experts » (2020) sur la chaîne YouTube Tiremont.

[82] Cité par Noah Carl dans son article « Expert surveys on biological group differences » [Sondages des experts à propos des différences biologiques entre les groupes], https://www.noahsnewsletter.com (2022).

[83] Évidemment, ces données ne sont pas parfaites. Les sondés peuvent rechigner à répondre à un sondage mené par un chercheur dont ils n’apprécieraient pas les idées, ce qui peut expliquer un taux de réponse parfois faible, comme celui de l’étude d’Heiner Rindermann : sur 1.237 chercheurs contactés, seuls 265 ont répondu.

[84] Noah Carl et Michael Woodley of Menie, « A scientometric analysis of controversies in the field of intelligence research » [Analyse scientométrique des controverses dans le champ de la recherche sur l’intelligence], Intelligence (2019).

[85] Noah Carl, « Recent controversies in intelligence research » [Controverses récentes dans la recherche sur l’intelligence], https://www.noahsnewsletter.com (2022).

[86] Nous l’avons déjà citée : une étude récente a montré que les universitaires de droite avaient bien plus tendance à s’auto-censurer que les universitaires de gauche. Norris, Pippa, « Cancel culture: Heterodox self-censorship or the curious case of the dog-which-didn’t-bark » [Culture de l’effacement : auto-censure hétérodoxe ou la curieuse affaire du chien qui n’aboyait pas], HKS Working Paper No. RWP23-020 (2023).

[87] Cette partie se fonde largement sur l’article de Nathan Cofnas, Noah Carl et Michael Woodley of Menie « Does Activism in Social Science Explain Conservatives’ Distrust of Scientists? » [L’activisme dans les sciences sociales explique-t-il le manque de confiance dont font preuve les gens de droite envers les scientifiques ?], The American Sociologist (2017).

[88] Robert Putnam, « E Pluribus Unum: Diversity and Community in the Twenty-first Century. The 2006 Johan Skytte Prize Lecture » [E pluribus unum : diversité et communauté au XXIe siècle – Conférence pour le prix Johan Skytte, 2006], Scandinavian Political Studies (2007).

[89] « En droit, un amicus curiae est une personnalité ou un organisme, non directement lié aux protagonistes d’une affaire judiciaire, qui propose au tribunal de lui présenter des informations ou des opinions pouvant l’aider à trancher l’affaire, sous la forme d’un mémoire (un amicus brief), d’un témoignage non sollicité par une des parties, ou d’un document traitant d’un sujet en rapport avec le cas. » Définition donnée par Wikipédia.

[90] Peter Thisted Dinesen, Merlin Schaeffer, Kim Mannemar Sønderskov, « Ethnic Diversity and Social Trust: A Narrative and Meta-Analytical Review » [Diversité ethnique et confiance sociale : revue descriptive et méta-analytique], Annual Review of Political Science (2020).

[91] Nous ne résistons pas à l’envie d’évoquer la fraude massive de Diederik Stapel, psychologue néerlandais dont les publications furent massivement retirées – plus de 58 ! Stapel, en effet, inventait toutes ses données, ce qui lui permit de concocter des articles très cosmopolitiquement corrects, lesquels lui valurent une certaine renommée, au point d’être publié dans la très prestigieuse revue Science et d’être nommé dans la liste des « dix scientifiques de l’année » de Nature en 2011. Entre autres inventions, Stapel affirmait que vivre entouré d’ordures faisait naitre des sentiments racistes, ou que la consommation de viande rouge réveillait des instincts égoïstes et antisociaux. Dans Science Fictions: How Fraud, Bias, Negligence, and Hype Undermine the Search for Truth [Fictions scientifiques : comment la fraude, les biais, la négligence et le matraquage minent la recherche de la vérité], Metropolitan Books, La nouvelle York (2020), Stuart Ritchie raconte l’histoire de Stapel et de nombreuses autres.

[92] Publié en 2019, l’entretien a été dépublié à la demande de Michael Woodley of Menie afin d’éviter les controverses.

[93] Robert Plomin, Blueprint: How DNA Makes Us Who We Are [L’Architecte invisible. Comment l’ADN façonne notre personnalité], Penguin, Londres (2018) et les Presses de la cité, Paris (2023) pour la version française.

[94] Nathaniel Comfort, « Genetic determinism rides again » [Le déterminisme génétique est de retour], Nature (2018).

[95] Kathryn Paige Harden, The Genetic Lottery: Why DNA Matters for Social Equality [La Loterie génétique. Comment les découvertes en génétique peuvent être un outil de justice sociale], Princeton University Press (2021) et Les Arènes, Paris (2023) pour la traduction française.

[96] Marcus Feldman et Jessica Riskan, « Why Biology is not Destiny » [Pourquoi la destinée n’est pas biologique], The New York Review of Books (2022).

[97] Noah Carl, « They’re coming for behaviour genetics » [Ils débarquent sur la génétique comportementale], https://www.noahsnewsletter.com (2022).

[98] Helmuth Nyborg raconte les mésaventures de nombreux chercheurs, dont Arthur Jensen, Philippe Rushton et Richard Lynn dans un article intitulé « The Greatest Collective Scientific Fraud of the 20th Century: The Demolition of Differential Psychology and Eugenics » [La plus grande fraude collective scientifique du XXe siècle : la démolition de la psychologie différentielle et de l’eugénisme], Mankind Quarterly (2011).

Vive Donald Trump ! Victoire du racisme positif ! Par Henry de Lesquen.

Voici une analyse en 10 points sur la victoire de Donald Trump aux États-Unis.

 

1. L’élection de Trump, c’est la victoire du racisme positif, du racisme républicain : conscience de race des caucasoïdes américains.

 

2. La nouvelle lutte des classes oppose les peuples du monde à la superclasse mondiale. La victoire de Trump est celle des peuples.

 

3. La victoire de Trump valide la stratégie de ceux qui, comme moi, pensent qu’il faut casser les codes du cosmopolitiquement correct.

 

4. La victoire de Trump invalide la stratégie de dédiabolisation du funeste Philippot.

 

5. Trump n’a jamais tapé sur l’extrême droite, il s’est même appuyé sur elle. Le FN pourrait en prendre de la graine.

 

6. Trump n’a pas gagné au nom de « l’Amérique apaisée ». Marine Le Pen va-t-elle enfin comprendre ?

 

7. Trump n’a pas tout fait pour se dédiaboliser. Il ne s’est pas soumis aux media. Marine Le Pen va-t-elle enfin comprendre ?

 

8. La victoire de Trump montre qu’il faut cogner sur les cosmopolites.

 

9. Trump : « Quiconque est entré illégalement aux États-Unis est sujet à déportation. » C’est mon programme pour la France.

 

10. En devenant le 45e président des États-Unis, Donald Trump s’ajoute à la liste des dirigeants nationaux-libéraux.

 

Conclusion. Je représente le courant national-libéral en France.

En 2017, unissons-nous pour que la France redevienne la France !  

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Henry de Lesquen

Président du P.N.L.

L’antiracisme à l’origine de la crise financière, par Henry de Lesquen

L’antiracisme à l’origine de la crise financière

ÉCRIT PAR HENRY DE LESQUEN

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Les prêts des banques à des noirs insolvables

La crise financière est partie des Etats-Unis, comme en 1929, mais ses origines sont, cette fois-ci, bien différentes. Chacun a entendu parler des fameux crédits « subprime ». En anglais, « prime » signifie « excellent », « de première qualité ». Un crédit « subprime », c’est-à-dire, mot à mot, « sous-excellent », est désigné par cet euphémisme parce que c’est un prêt de très mauvaise qualité, en ce sens que l’emprunteur a de bonnes chances de ne pas payer sa dette. Or, à partir de 1992, l’Etat américain a décidé de favoriser l’accession à la propriété de leur logement des membres des minorités ethniques, principalement les noirs et les « Hispaniques », comme on appelle aux Etats-Unis les métis de langue espagnole. Il a, dans ce but, utilisé deux organismes théoriquement privés, mais assujettis en réalité à la tutelle publique, et joliment surnommés Fannie Mae et Freddie Mac, pour alimenter sans limite le marché du refinancement des prêts au logement, et pour ainsi faire en sorte que les banques, sûres de pouvoir se défausser de leurs créances douteuses sur des institutions paragouvernementales, consentent à prêter les yeux fermés à des noirs ou à des métis potentiellement insolvables.

 

La finance américaine dans le piège de l’antiracisme

En même temps, les banques se sont trouvées en butte aux accusations des groupes de pression antiracistes, sous prétexte qu’elles refusaient trop souvent de prêter aux membres des minorités. En 1995, l’État américain a donc renforcé une loi antidiscriminatoire de 1977, le Community Reinvestment Act, pour sanctionner les banques qui n’accompagneraient pas suffisamment la politique du logement dont nous avons parlé. Le piège s’est alors refermé sur la finance américaine. Comme l’écrit Vincent Bénard, président de l’Institut Hayek de Bruxelles, « les banques durent abandonner partiellement le rôle prudentiel qu’elle jouent habituellement lorsqu’elles refusent un prêt à une personne objectivement peu solvable » (Le Figaro du 9 septembre 2008). Les crédits « sous-excellents », souscrits principalement par des membres des minorités en question, ont fini par représenter au moins trois trillions (3.000 milliards) de dollars.

 

Les conditions de la paix raciale

Ainsi, si les banquiers américains ont bel et bien été irresponsables, ils ont été encouragés par l’extraordinaire démagogie des dirigeants politiques américains qui, pour des raisons idéologiques et électorales, ont incité les membres des minorités à s’endetter inconsidérément. Le résultat – après la chute des prix de l’immobilier, qui a entraîné celle des prêts « subprime » –, c’est qu’ils ont réussi à faire à la fois le malheur des noirs (et des métis hispaniques), dont on saisit les logements, et celui des blancs, qui doivent mettre la main au portefeuille pour renflouer les banques : c’est le plan Paulson, qui consiste, en quelque sorte, à faire financer les dettes des noirs par les impôts des blancs. Ce n’est pas ainsi que l’on pourra établir les conditions de la paix raciale !

 

Henry de Lesquen

Président du Parti national-libéral

(VdF)

Le seuil de tolérance, justification du racisme

Catherine Wihtol de Wenden et Yvan Gastaut, prix Lyssenko en 2006 pour leurs analyses des bienfaits de l’immigration et de la mixité sociale

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I – Le seuil de tolérance, justification du « racisme » ?

 

La notion de « seuil de tolérance » a longtemps été reçue comme un évidence, tant il paraissait incontestable, à ceux qui se penchaient sur la réalité de l’immigration, comme à ceux qui la vivaient quotidiennement, que la cohabitation entre immigrés et Français de souche soulevait de graves difficultés, dès que la proportion des immigrés dépassait un certain seuil, dans un quartier où ils cohabitaient avec des Français de souche. Et il paraissait légitime d’extrapoler à la communauté nationale : il devait donc y avoir une limite à fixer à l’immigration, ou, plus précisément, à la proportion d’immigrés inassimilés vivant en France, pour éviter une explosion sociale. Le 4 juin 1970, Michel Massenet, directeur de la population et des migrations, déclarait ainsi, devant l’Académie des sciences morales et politiques : « Les seuils à partir desquels la population d’accueil se ferme à la population étrangère et risque de lui manifester plus que de l’indifférence ont pu faire l’objet de mesures empiriques. » Il évoquait un seuil de 20 % d’étrangers à l’école, de 10 à 15 % dans les immeubles. Le président François Mitterrand, dont on sait la responsabilité dans l’expansion de l’immigration, a cependant regretté, lors de son intervention radio-télévisée du 10 décembre 1989, la « trop forte concentration géographique des étrangers », ajoutant : « Le seuil de tolérance a été atteint dès les années soixante-dix, où il y avait déjà 4,1 à 4,2 millions d’étrangers. »

Jacques Chirac, maire de Paris, écrivait dans Le Monde le 15 juillet 1983 :

« Le seuil de tolérance est dépassé dans certains quartiers et cela peut risquer de provoquer des réactions de racisme. » Il fut plus concret, au cours d’un dîner à Calais, le 22 février 1991, où il déclara : « Avoir des Espagnols, des Polonais et des Portugais travaillant chez nous, ça pose moins de problèmes que d’avoir des musulmans et des noirs. Comment voulez-vous que le travailleur français qui travaille avec sa femme et qui ensemble gagnent environ 15.000 francs et qui voit sur le palier à côté de son HLM, entassée, une famille, avec un père de famille, trois ou quatre épouses et une vingtaine de gosses, et qui gagne 50.000 francs de prestations sociales, sans naturellement travailler, si vous ajoutez à cela le bruit et l’odeur, eh bien, le travailleur français sur le palier, il devient fou. Et ce n’est pas être raciste que de dire cela.« 

[1] A l’époque, M. Chirac essayait encore de passer pour un homme de droite, proche des préoccupations populaires… On n’ose plus parler, aujourd’hui, de seuil de tolérance, parce que la formule est censurée par le terrorisme intellectuel de la gauche, mais les émeutes ethniques de novembre 2005 semblent montrer qu’elle n’a rien perdu de sa pertinence. En général, donc, les spécialistes de l’immigration, sociologues, politologues ou économistes, évitent purement et simplement d’évoquer le concept de seuil de tolérance. C’est comme s’il n’existait pas.

Le premier de nos deux lauréats, Mme Catherine Wihtol de Wenden, a écrit de très nombreux ouvrages et articles, bourrés de données et de chiffres, mais elle ne veut voir dans l’immigration qu’un phénomène entièrement positif. Dans un recueil qu’elle a dirigé avec le lauréat du prix Lyssenko 2005, M. Olivier Le Cour Grandmaison, elle donnait, dès 1993, le « la » du terrorisme intellectuel : « A l’heure où l’on évoque une Europe sans frontières intérieures, les vieux démons du nationalisme et de la xénophobie se réveillent. » [2] Et elle n’a cessé, depuis, de militer pour une complète ouverture des frontières. Mme de Wenden est libre, bien entendu, de ses jugements de valeur et de ses positions politiques, qui ne sauraient justifier en eux-mêmes l’attribution du prix Lyssenko, prix de la désinformation scientifique, mais son silence obstiné sur la notion de seuil de tolérance, dans une Éuvre abondante consacrée à l’étude de l’immigration et qui se prétend scientifique, ne serait excusable que si, en effet, ladite notion n’avait pas de fondement scientifique. C’est ce que prétend ouvertement, pour sa part, le second lauréat, M. Yvan Gastaut, qui a publié, à ce propos, un article au titre éloquent : « Le « seuil de tolérance », une justification du racisme » [3] . M. Gastaut utilise, à cet égard, un schéma typiquement lyssenkiste, qui peut s’analyser en quatre étapes successives. Dans le cas de Trophime Lyssenko, qui était le biologiste chéri de Staline, puis de Khrouchtchev, l’entreprise de désinformation scientifique peut se résumer ainsi :

 

1. Il y a, au départ, une observation quotidienne que peut faire tout un chacun : les enfants ressemblent plus ou moins à leurs parents ; c’est le phénomène de l’hérédité ;

2. Il y a, ensuite, une théorie qui explique ce phénomène : la génétique ;

3. Apparaît alors une contradiction très gênante entre la théorie et l’idéologie, entre la génétique et le marxisme, avec sa prétention de créer un homme nouveau ;

4. D’où, enfin, la censure de cette théorie qui invalide le marxisme, et le recours au terrorisme intellectuel (complété par l’envoi au Goulag des plus récalcitrants) : la génétique est déclarée science « nazie ». Dans le cas de M. Gastaut, évidemment, le Goulag n’est pas de saison pour les méchants « racistes » (encore que la loi Pleven permette de les envoyer en prison).

 

Mais le schéma est fondamentalement analogue à celui de Lyssenko.

 

1. On part d’une réalité bien connue, la difficulté de cohabitation entre immigrés et Français de souche (et aussi entre immigrés d’origines diverses), et la ségrégation urbaine qui en est la conséquence ;

2. On sait qu’il existe une théorie scientifique qui rend compte de ce phénomène : le seuil de tolérance ; théorie qui, comme nous allons le voir, a été élaborée, aux Etats-Unis, par d’éminents scientifiques ;

3. On est gêné par la contradiction éclatante qui apparaît entre ladite théorie et l’idéologie immigrationniste, idéologie qui n’est, au demeurant, qu’une des formes de l’égalitarisme ;

4. En conséquence, on lance l’anathème contre toute personne qui évoquerait le concept de seuil de tolérance, en la dénonçant comme raciste.

 

Yvan Gastaut est d’autant plus coupable qu’il n’ignore pas les travaux des sociologues de l’école de Chicago sur le seuil de tolérance, travaux qui remontent aux années 1920. Il les résume ainsi : « Les premières recherches au sujet d’un seuil de tolérance des étrangers furent entreprises par l’école sociologique de Chicago dans les années 20 dans le cadre de travaux sur les relations interethniques et la ségrégation urbaine. (…) une proposition établit de manière empirique un seuil critique d’acceptabilité des noirs par la population blanche des Etats-Unis, nommé tipping point : tant que les noirs constituent moins de 10 % de la population d’un quartier donné, ils conservent une « marge de liberté résidentielle » qui leur permet de se disperser. En revanche, au delà des 10 %, on observe la formation de ghettos. Le tipping point a servi de modèle pour le « seuil de tolérance » français. » [4] Et il ajoute, dans une note en bas de page :

« Les propositions qui ont découlé des travaux de l’école de Chicago sont devenues classiques. L’attitude des blancs à l’égard des noirs varie avec la distance sociale qui les sépare ; les réactions racistes apparaissent lorsque la population blanche se sent menacée dans son statut. »

[5] Après avoir ainsi donné des gages à un semblant d’objectivité, notre « lauréat » s’empresse alors d’ajouter, dans une pitoyable pirouette :

« Il n’a jamais existé d’étude scientifique sur le « seuil de tolérance », qui relève d’une mauvaise interprétation de la sociologie américaine. »

[6] Or, si l’expression française « seuil de tolérance » n’est que la traduction de l’anglais « tipping point », il y a bel et bien une abondante littérature scientifique sur la question. Il est vrai que ces études ont été faites aux Etats-Unis, et non en France, malheureusement, mais cela ne retire rien à la valeur de la théorie, et il faut être particulièrement obscurantiste pour refuser d’appliquer à la France une loi sociologique qui a été découverte dans un autre pays. Nous concéderons seulement à M. Gastaut que l’on devrait plutôt traduire littéralement « tipping point » par « point de basculement », et que l’expression française « seuil de tolérance » a l’inconvénient d’avoir des implications morales, l’intolérance n’ayant pas bonne réputation. Nous proposons donc d’employer indifféremment les deux expressions, « point de basculement » ou « seuil de tolérance ».

 

II – Le « tipping point » ou seuil de tolérance, une découverte scientifique

 

La théorie du « tipping point » a été découverte dans les années 1920 par les sociologues de l’école de Chicago, dont le chef de file était Robert Ezra Park (1864-1944), mais l’expression elle-même a été proposée beaucoup plus tard, dans les années 1960, par le politologue Morton M. Grodzins (1919-1964). L’économiste Thomas C. Schelling, prix Nobel en 2005 pour ses travaux sur la théorie des jeux, a proposé en 1971 un modèle de comportement individuel qui rend compte du phénomène.

 

tippingpoint

 

1. L’école de Chicago était très engagée à gauche. Henrika Kuklik la considère « comme l’expression académique de l’idéologie progressiste » [7] . (Autant dire qu’il ne faut pas confondre ces sociologues avec les économistes d’une autre école de Chicago, dont Milton Friedman est le plus célèbre.) Park avait été lui-même un militant de la cause des noirs. Il est donc remarquable que ces savants aient su faire preuve d’une objectivité qui les a conduits à des propositions scientifiques peu conformes à leurs préjugés idéologiques. Leurs homologues français pourraient méditer leur exemple. Park et ses disciples étaient des empiriques. La croissance de l’agglomération de Chicago était pour eux un extraordinaire laboratoire social. Ils ont analysé comment l’arrivée des noirs venus du sud dans certains quartiers a provoqué brutalement, au delà d’un certain seuil, le départ des blancs. C’est ce que Grodzins appellera plus tard le « White flight », la fuite des blancs. Le quartier, qui était naguère entièrement peuplé de blancs, devient alors entièrement noir, comme Harlem à New York.

L’école de Chicago avait bien compris que l’homme était un animal territorial, bien avant que les éthologues, comme Konrad Lorenz, ne viennent en faire la démonstration. Park, qui entendait fonder une « écologie humaine », considérait la ségrégation sociale dans l’habitat comme un phénomène inéluctable : « La croissance d’une communauté a pour conséquence la sélection et la ségrégation sociales, donc la création de groupes sociaux naturels, d’une part, d’aires sociales naturelles, d’autre part. Nous avons pris conscience de ce processus de ségrégation à propos des immigrants et, plus particulièrement, à propos de ce qu’on appelle les « races historiques », c’est-à-dire des populations qui portent les traits distinctifs de leur race, qu’il s’agisse d’immigrants ou non. Les Chinatown, les Little Sicily et autres « ghettos », familiers aux spécialistes de la vie urbaine, sont des types particuliers d’une espèce plus générale d’aire naturelle que les conditions et les tendances de la vie urbaine produisent inévitablement. » [8] Selon le résumé qu’en font Yves Grafmeyer et Isaac Joseph, l’école de Chicago a une « approche écologique dans l’étude de la communauté humaine », dans laquelle « les individus entretiennent des rapports spatiaux qui sont réglés par la compétition, analogue dans ses effets à la lutte pour la vie observable chez les animaux et les plantes », et où « les éléments les plus vigoureux parviendront à s’assurer la maîtrise des emplacements privilégiés, conformément à la loi de dominance identifiée par l’écologie animale et végétale » [9] .

L’un des principaux auteurs de l’école, Roderick D. McKenzie, parle à ce propos d’invasions : « … de même que dans les communautés végétales les successions sont le produit de l’invasion, de même, dans la communauté humaine, les formations, ségrégations et associations qui apparaissent constituent le résultat d’une série d’invasions. (…) L’étape initiale d’une invasion est à mettre en relation avec le point d’entrée, la résistance ou l’encouragement qu’offrent à l’envahisseur les premiers habitants du lieu et l’effet sur les valeurs du sol et des loyers. (…) La résistance à l’invasion dépend simultanément du type d’envahisseur et du degré de solidarité des occupants actuels. (…) On observe communément que les races étrangères et autres envahisseurs indésirables, à quelques exceptions près, élisent domicile près du centre d’affaires ou en d’autres points de forte mobilité et de faible résistance. Une fois installés, ils font progressivement leur chemin (…). Le processus d’invasion atteint son apogée avec l’émergence du type dominant d’organisation écologique capable de résister à d’autres formes d’invasion. (…) L’action continue des phénomènes d’invasion et d’adaptation a pour effet d’attribuer à la communauté développée des aires bien définies, dont chacune possède ses propres critères de sélection et ses traits culturels spécifiques. » [10] En 1932, le sociologue français Maurice Halbwachs, élève de Durkheim, a donné une recension de ces travaux dans les Annales d’histoire économique et sociale, présentant de manière saisissante le phénomène du tipping point ou point de basculement, qui n’avait pas encore reçu son nom, dans un article intitulé « Chicago, expérience ethnique » : « Depuis que les Américains du nord sont en contact avec les nègres de façon plus étroite et fréquente qu’autrefois, les mÉurs rétablissent les barrières supprimées par les lois, et ils s’efforcent de les tenir à distance, mais ils n’ont pu les priver du droit de louer ou d’acheter des maisons. Il s’est produit alors un phénomène très curieux : dès que les nègres ont réussi à prendre pied dans quelques maisons (…), alors, dans toute la rue, sur une longueur de 4 ou 5 km, quelquefois de 7 ou 8, les maisons se vident, les appartements deviennent vacants, les blancs disparaissent, cédant la place aux nouveaux venus. Ainsi s’explique la formation du black belt [11] . (…) On peut suivre, sur le plan, la progression des nègres vers le sud, à l’ouest de Washington Park : ils encerclent peu à peu la communauté universitaire qui, au delà du parc et des avenues de Hyde Park et de Midway, n’est séparée du black belt que par une sorte de bouclier juif. » [12] La doctrine de l’école de Chicago a été suivie et développée par les experts du FHA (Federal Housing Administration, direction fédérale du logement), créé en 1934, et notamment par un certain Homer Hoyt, qui a eu une grande influence sur la politique urbaine aux Etats-Unis. La ségrégation résidentielle et l’abandon du centre-ville par les blancs étaient considérés comme inévitables. Quand ce que Hoyt appelait, par euphémisme, les « races dissonantes », étaient fortement représentées dans une zone, la valeur des logements baissait. Il pouvait y avoir, pendant un certain temps, une cohabitation multiraciale (ou multiethnique), mais, comme « la présence d’un non-blanc, fût-il seul, dans un îlot occupé par des blancs peut marquer le début d’une période de transition » [13] , il en résultait que les quartiers devenaient en général homogènes pour un groupe racial ou ethnique déterminé. En conséquence, les blancs étaient repoussés vers les banlieues.

Il est remarquable que les travaux des sociologues de l’école de Chicago aient précédé ceux des éthologues, comme le prix Nobel Konrad Lorenz, dont le grand public a commencé à entendre parler dans les années 1970. Ceux-ci ont mis en évidence les conséquences désastreuses de l’entassement urbain, qui sont aggravées par l’hétérogénéité des populations. La ségrégation spontanée observée dans les grandes agglomérations américaines est une réponse aux difficultés de cohabitation de populations qui n’ont pas les mêmes mœurs et pas toujours la même langue. Dans ses deux premiers ouvrages, le Club de l’Horloge a insisté sur l’importance de l’instinct territorial de l’être humain et sur le besoin d’enracinement qui en est le corollaire. Ainsi, dans Les Racines du futur, en 1977, nous écrivions :

« Le plus souvent, les délinquants se révèlent comme des déracinés, isolés dans des villes où ils ne parviennent pas à trouver leur place. (…) C’est dans ce contexte que s’inscrit la surcriminalité des immigrés mise en évidence par les statistiques du ministère de l’Intérieur.« 

Et nous citions le bulletin d’information du ministère de l’Intérieur du 28 juillet 1976, où l’on pouvait lire :

« Les étrangers vivant en France commettent proportionnellement davantage de crimes et délits que les Français et dans un domaine où se perçoit la plus forte progression, celui de la plus grande criminalité.« 

[14] (Il n’est pas certain que les collaborateurs de ce ministère ait gardé une telle liberté de plume.) Dans La Politique du vivant, en 1979, nous écrivions : « C’est l’espèce humaine dans son ensemble qui souffre des dramatiques conséquences de l’entassement urbain. Celles-ci sont ressenties d’une manière plus aiguë encore dans les agglomérations dont la population est hétérogène. » [15]

2. Dans les années 1960, nous l’avons dit, le politologue Morton Grodzins s’est inspiré des travaux des sociologues de l’école de Chicago pour proposer le concept de « tipping point », point de basculement ou seuil de tolérance : lorsqu’une « population dissonante » commence à s’installer dans un quartier, les premiers occupants du lieu finissent par tous partir, et cela très rapidement, lorsqu’une certaine proportion d’individus dissonants a été atteinte. Ce point de basculement dépend de nombreux facteurs, mais l’on peut retenir, avec Michel Massenet, un taux de 10 à 15 % pour la France, un peu supérieur, sans doute, à celui qui a été mesuré aux Etats-Unis, pour les noirs qui font irruption dans un quartier blanc. L’économiste Thomas Schelling a modélisé le comportement humain qui explique la ségrégation spontanée, que d’aucuns déplorent en la qualifiant d’apartheid urbain. Il a traité de la dynamique de partage de l’espace entre les races ou ethnies dans un fameux article de 1971 publié dans le Journal of Mathematical Sociology [Journal de sociologie mathématique] et intitulé « Dynamic Models of Segregation » [Modèles dynamiques de la ségrégation]. Si chacun des individus souhaite que ses voisins ne soient pas trop nombreux à être trop différents de lui-même, et qu’il est disposé à déménager dans le cas contraire, le quartier peut se retrouver dans une situation stable de ségrégation pure et simple : il devient parfaitement homogène, n’étant plus habité que par les membres d’une seule race, ethnie ou communauté (quel que soit le critère qui définisse l’identité collective des membres de cette communauté). Un résultat important du modèle de Schelling est qu’il suffit que les gens aient une certaine préférence, même faible, pour que leurs voisins leur ressemblent pour parvenir à ce résultat radical. Point n’est donc besoin de supposer qu’ils sont « racistes », quel que soit le sens précis que l’on veuille donner à ce terme d’exécration.

Le modèle de Schelling met au jour les conséquences de décisions individuelles parfaitement rationnelles. Même si les gens sont peu exigeants, et se contentent, par exemple, de 30 % de voisins de même origine qu’eux, les simulations démontrent que la ségrégation peut être fort importante. Ces conclusions sont renforcées par les travaux d’un autre pionnier de la théorie des jeux, l’économiste israélien Robert J. Aumann, qui a reçu le prix Nobel la même année que Schelling, en 2005, et qui a introduit la notion fondamentale, pour le fonctionnement des groupes humains, de la « connaissance commune ». L’interaction des individus n’est harmonieuse que s’ils partagent suffisamment d’opinions et de valeurs. C’est l’insuffisance de cette connaissance commune qui complique les relations entre individus d’origine diverses et qui suscite des conflits entre eux, lesquels proviennent en partie d’une mauvaise compréhension réciproque du comportement d’autrui.

 

III – Dire la vérité aux Français

 

La conclusion que l’on peut tirer de toutes ces études, de celles du sociologue Robert Park et de son école de Chicago, du politologue Morton Grodzins et de l’économiste Thomas Schelling, est tout à fait claire, et ne peut être contestée que par un disciple de Lyssenko : les populations immigrées, tant qu’elles ne sont pas assimilées, donc tant qu’elles conservent une identité propre, au lieu de se fondre dans la communauté nationale, ne se « mélangeront » pas avec les Français de souche.

La politique actuelle nous conduit donc tout droit à la constitution d’une société multiraciale, multiculturelle et multicommunautaire, laquelle est aux antipodes du modèle républicain. Ce n’est donc ni par hasard ni du fait de la méchanceté des hommes que se sont formées des cités et des villes entières qui ont été annexées par les populations immigrées. C’est la conséquence inéluctable de la loi sociologique du point de basculement ou seuil de tolérance. Cette conclusion réfute deux explications fallacieuses de la triste situation actuelle, explications qui font partie du « prêt-à-penser » de l’idéologie dominante et qui sont devenues aussi la doctrine officielle des pouvoirs publics.

On nous dit, premièrement, que, si les immigrés sont relégués dans des ghettos, c’est que les Français sont « racistes ». Pour faciliter « l’intégration », il faudrait donc réprimer les actes et les opinions prétendus « racistes ». On nous dit, deuxièmement, que nous sommes coupables de ne pas avoir fait assez d’efforts pour les banlieues. Les voyous immigrés brûlent des centres sportifs ? Il faudrait en reconstruire deux fois plus ! La « politique de la ville », qui voudrait être, sous cette appellation euphémistique, une politique de pacification des banlieues de l’immigration, ne peut être qu’un échec total, parce qu’elle part d’une fausse analyse de la situation. On nous propose maintenant une politique encore plus dangereuse, que les Américains ont essayée, sous le nom d’affirmative action, et qu’ils ont peu ou prou abandonnée : c’est la prétendue « discrimination positive ».

La discrimination, qui est interdite aujourd’hui dans notre pays, parce qu’elle est contraire au principe d’égalité inscrit à l’article 1er de la déclaration des droits de l’homme et du citoyen du 26 août 1789, et qui tombe, depuis 1972, sous le coup de la loi pénale, on veut la rendre non seulement possible, mais même obligatoire… pourvu que les Français de souche en soient les victimes ! On veut changer la loi et la Constitution pour que les étrangers soient favorisés par rapport aux Français, les immigrés par rapport aux Français de souche, les musulmans par rapport aux chrétiens et les noirs par rapport aux blancs. Voilà la discrimination que l’on prétend positive ! Nous sommes obligés d’avouer, cependant, que cette politique de discrimination pro-immigrés, aussi scandaleuse soit-elle, à l’aune des principes républicains, n’est pas incohérente, car elle ne paraît pas avoir la même finalité que les deux précédentes.

On persécute, au nom d’un prétendu antiracisme, de malheureux Français innocents, on gaspille l’argent public dans une stupide politique de la ville, sans que cela puisse permettre le mélange des populations que l’on voudrait obtenir. Dans cet esprit, la seconde loi du communiste Gayssot, en date du 13 décembre 2000, dite SRU (solidarité et renouvellement urbain), qui institue dans les villes une proportion minimum de 20 % pour les logements publics ultra-sociaux, réservés, en pratique, aux personnes d’origine immigrée, ne peut rien changer aux lois de la sociologie, fondées sur la nature humaine : à défaut d’assimilation, les immigrés et les Français de souche voudront toujours vivre à part. La discrimination dite « positive » paraît relever d’une logique bien différente, et que ses protagonistes s’efforcent de dissimuler. Disons-le sans ambages : elle tourne le dos au modèle républicain, elle est en elle-même la négation des principes fondateurs de la République française. Elle est, en effet, en adéquation avec le modèle anglo-saxon, celui des Anglais et des Américains.

Les Anglo-Saxons, ou du moins ceux qui les gouvernent, acceptent ou même favorisent la constitution et le développement d’une société multiculturelle, où les individus seront étiquetés en fonction de leur appartenance communautaire. Dans ce type de société, il est concevable que les individus qui appartiennent à des communautés différentes obéissent à des lois différentes et que l’on réserve des emplois aux membres de certaines communautés, en leur attribuant, par exemple, des quotas. Le débat sur l’immigration, en France, n’est pas seulement vif, il est aussi extrêmement confus. Cette confusion est entretenue volontairement par ceux qui veulent, non seulement que les immigrés venus du tiers monde s’installent définitivement sur le territoire national (« ils resteront », disent ces immigrationnistes), mais aussi qu’ils continuent à venir, de plus en plus nombreux, car ils veulent conduire le peuple français dans une direction où il n’irait pas volontiers si les enjeux lui étaient clairement exposés.

Les jugements de valeur sont essentiels, dans l’action politique. L’amour de la patrie ne se démontre pas. Mais le devoir des sociologues et des autres hommes de science est de faire preuve d’objectivité. Il ne leur est pas interdit d’avoir des engagements à gauche, et même à l’extrême gauche, et d’être immigrationniste, mais ce qui est contraire à l’éthique de leur métier, c’est de travestir les faits pour occulter les conséquences de la politique actuelle. Celle-ci est parfaitement incompatible avec la cohésion nationale et avec ce qu’il est convenu d’appeler le modèle républicain, qui suppose l’assimilation des immigrés. Il ne peut pas y avoir de mélange harmonieux de populations hétérogènes. Les sociologues dignes de ce nom devraient dire la vérité aux Français en leur présentant les deux termes de l’alternative qui commande l’avenir de leur patrie. La première solution est celle qui est implicitement choisie par les dirigeants actuels, mais que l’on n’avoue pas aux citoyens : le modèle anglo-saxon de société multicommunautaire ; dans cette hypothèse, il faudrait cesser de tenter d’obliger à vivre ensemble des gens qui ne le souhaitent pas, comme le voudrait la loi SRU du communiste Gayssot ; il faudrait, au contraire, comme en Angleterre, publier les statistiques ethniques des localités, pour que les gens choisissent leur logement en connaissance de cause (ces statistiques sont publiées chez nos amis d’Outre-Manche sur un site Internet tout à fait officiel : http://neighbourhood.statistics.gov.uk).

La seconde solution, c’est le choix de la France éternelle, c’est le refus de laisser la nation éclater pour se transformer en société multiculturelle. Il faut alors poser en principe que les immigrés non assimilés devront tôt ou tard regagner le pays de leurs ancêtres : « ils partiront ». En attendant, ces immigrés inassimilés doivent être considérés comme des étrangers, qui bénéficient provisoirement de l’hospitalité de notre patrie. Entre ces deux solutions, il n’y a pas de troisième voie. Nous sommes persuadés que les Français choisiraient la France, c’est-à-dire la seconde solution, si la question leur était posée en termes clairs. C’est parce qu’ils ont tout fait pour cacher aux Français la nature de ce qui était en cause, dans leurs études sur l’immigration, que nos deux « lauréats » méritaient au plus haut point de recevoir le prix Lyssenko.

 

[1] Cité dans Serge de Beketch, Catalogue des nuisibles, éd. Les Vilains Hardis, 2006, p. 149. [2] Olivier Le Cour Grandmaison et Catherine Wihtol de Wenden (sous la direction de), Les Etrangers dans la cité – expérience européenne, préface de Madeleine Rebérioux, éd. La Découverte/Ligue des droits de l’homme, 1993, p. 11. [3] Yvan Gastaut, Historiens et géographes, nE 385, janvier 2004, « Le « seuil de tolérance », une justification du racisme ». [4] Yvan Gastaut, L’Immigration et l’opinion en France sous la Ve République, éd. du Seuil, 2000, pp. 467-8. [5] Ibid., pp. 467-8. [6] Ibid., p. 468. [7] In Yves Grafmeyer et Isaac Joseph (présentation par), L’Ecole de Chicago – naissance de l’écologie urbaine, Aubier, 1990, p. 338. [8] Ibid., pp. 202-3. [9] Ibid., p. 25. [10] Ibid., pp. 161-4. [11] La « ceinture noire ». [12] Ibid., pp. 298-9. [13] Ibid., pp. 351-2. [14] Jean-Yves Le Gallou et le Club de l’Horloge, Les Racines du futur – demain la France, Albatros, 1984, p. 45 (1ère édition, Albin Michel, 1977). [15] Henry de Lesquen et le Club de l’Horloge, La Politique du vivant, Les éditions du Bastion, 1999, pp. 208-9 (1ère édition, Albin Michel, 1979)

 

Prix Lyssenko 

Pour un racisme républicain, par Henry de Lesquen

Racisme républicain

Pour un racisme sans haine et sans reproche

Capture d’écran 2015-11-07 à 20.11.25Droit et devoir des races supérieures

« Racisme républicain » : la formule n’est pas de moi, mais de l’excellent Luc Ferry, qui vilipendait son homonyme Jules Ferry (1832- 1893), sans lien de parenté avec lui, parce que cet éminent homme politique de la IIIe république avait déclaré devant la chambre des députés le 28 juillet 1885 : « Messieurs, il faut parler plus haut et plus vrai ! Il faut dire ouvertement qu’en effet les races supérieures ont un droit vis-à-vis des races inférieures… (…) Je répète qu’il y a pour les races supérieures un droit, parce qu’il y a un devoir pour elles. Elles ont le devoir de civiliser les races inférieures… » Luc Ferry ajoute, dans Le Figaro du 7 mai 2012, où il reproche à François Hollande d’avoir inauguré son quinquennat par un hommage au fondateur de l’école gratuite et obligatoire : « Comment oublier, cependant, que Jules Ferry fut aussi l’un des théoriciens les plus militants du racisme républicain et colonial ? »

Ce discours de 1885 sur la colonisation et l’inégalité des races, expression d’un « racisme républicain », n’était pas un acte isolé, mais il était, tout au contraire, parfaitement représentatif du courant dominant sous la IIIe république, celui de ses fondateurs et de leurs héritiers, jusqu’à la seconde guerre mondiale et au-delà. Léon Blum, par exemple, ne fut pas en reste, comme en témoigne sa déclaration du 9 juillet 1925 devant la représentation nationale : « Nous admettons le droit et même le devoir des races supérieures d’attirer à elles celles qui ne sont pas parvenues au même degré de culture et de les appeler aux progrès réalisés grâce aux efforts de la science et de l’industrie. » On trouvera dans La République amnésique de Thierry Bouclier (éd. Rémi Perrin) quantité de propos du même genre.

Capture d’écran 2015-11-07 à 20.11.25Racisme sans haine et sans reproche

La conclusion est claire. Les vrais républicains au regard de l’histoire, ceux qui ont bâti la république en France à partir de 1870 et, après ces derniers, ceux qui sont restés fidèles à leurs principes, avaient peut-être des défauts, car ils étaient anticléricaux, mais ils ne tombaient pas dans l’égalitarisme fanatique et obscurantiste que nous subissons aujourd’hui.

La science, quand elle n’est pas défigurée par la désinformation du lyssenkisme, démontre que le grand Jules avait raison et qu’il n’était nullement un imposteur, n’en déplaise au regretté François Brigneau. L’espèce humaine est divisée en races et celles-ci ne sauraient être égales, car l’égalité n’est pas dans la nature¹. Il faut donc qu’elles soient inégales. Et il y a en effet, sur le plan moral, un devoir pour les races supérieures d’aider les peuples de race inférieure à sortir de la misère. Si les mots ne sont que des étiquettes pour désigner les choses, comme le relevait Pareto, il n’y a pas d’inconvénient à parler de racisme républicain et à prendre cette expression en bonne part, car le racisme républicain est tout à fait recommandable. D’une part, il accepte les vérités objectives enseignées par la science, qui fait litière des préjugés illégitimes de l’égalitarisme et du cosmopolitisme, d’autre part, il répudie toute haine à l’égard de quiconque en vertu de ses origines. Le racisme républicain² ne pousse pas à la « discrimination », car, quand il est question d’un individu en particulier, et non d’une race ou d’un peuple pris in globo, on ne considère que ses mérites, ses talents, en faisant abstraction de sa race. Le racisme républicain est sans haine et sans reproche.

La haine raciale comme l’antiracisme refuse à toutes les races le droit à l’existence – le racisme négatif (dit haine raciale) fait seulement exception pour la sienne. Dans les deux cas, c’est le droit à la différence qui est nié ; le premier veut imposer la primauté d’une race « élue », présentée comme étant celle des « seigneurs » ; le second veut les mélanger jusqu’à abolir toute distinction : il rêve de fondre l’humanité en une seule race. L’un par l’extermination, l’autre par la fusion, ils veulent donc aboutir au même monde uniforme. Au fond, l’un comme l’autre déteste la différence et aspire à l’homogénéité absolue : simplement l’un rêve d’une nouvelle race, l’autre croit l’avoir déjà trouvé.

 

Racisme négatif : haine de race.
Racisme positif : conscience de race.
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Henry de Lesquen

Edito publié sur le site de la VdF

Capture d’écran 2015-11-07 à 20.11.25

¹ Ce que la science nous dit des races humaines

« En dehors des vrais jumeaux (monozygotes), deux individus ne sont jamais génétiquement identiques. De même, les gènes qui déterminent la race ont une influence physique et mentale qui varie selon la race.

L’égalité des citoyens devant la loi, quelle que soit leur origine, proclamée par la constitution, n’est en rien une égalité de nature. On peut en dire autant de l’égalité morale entre les hommes affirmée par certaines religions ou philosophies. »

 

² Exemple de racisme républicain, sans haine et sans reproche :

Le général de Gaulle a déclaré en 1959 :

« C’est très bien qu’il y ait des Français jaunes, des Français noirs, des Français bruns. Ils montrent que la France est ouverte à toutes les races et qu’elle a une vocation universelle. Mais à condition qu’ils restent une petite minorité. Sinon, la France ne serait plus la France. Nous sommes quand même avant tout un peuple européen de race blanche, de culture grecque et latine et de religion chrétienne. » (Cité dans Alain Peyrefitte, C’était de Gaulle, tome 1, éditions de Fallois/Fayard, 1994, page 52.)

Les dix raisons du mythe européen

L’enlèvement d’Europe, Rembrandt (1632)

Lire le .pdf.

L’Europe n’est qu’une expression géographique. Il n’y a ni civilisation européenne ni race européenne ni ethnie européenne ni peuple européen. Il y a une civilisation occidentale, dont ne font partie ni la Russie ni l’Ukraine ni la majorité des pays des Balkans, et qui s’est largement étendue hors d’Europe, en Amérique et en Océanie, à la suite des grandes découvertes ; il y a une race caucasoïde, qui inclut beaucoup de peuples en dehors de l’Europe, dans l’ouest de l’Asie et le nord de l’Afrique ; il y a une ethnie française, un peuple français.
Nous dirons, pour paraphraser Joseph de Maistre : « J’ai déjà rencontré un Français, un Italien, un Russe… mais l’“Européen”, s’il existe, c’est à mon insu. » Pourtant, force est de constater que le mythe européen fait florès, et cela depuis longtemps. Il y a dix mauvaises raisons au succès de ce mythe. Ce sont autant de contresens qui s’accumulent pour égarer les esprits.

1. Illusion géographique

Les anciens Grecs ont appelé « Europe » (Eurôpê) les pays qui bordaient la mer Égée à l’ouest, comme l’Attique, et « Asie » (Asia) ceux qui la bordaient à l’est, comme l’Ionie, peuplés de Grecs les uns comme les autres à l’époque, il n’est pas inutile de le noter. Mais, par la suite, le grand historien grec Hérodote (-484/-425), natif d’Halicarnasse en Asie mineure et considéré comme le « père de l’histoire », a découpé le monde connu de lui en trois parties, la troisième étant la Libye (Libyê), devenue pour nous l’Afrique, et il a étendu les notions d’Europe et d’Asie respectivement vers les extrémités occidentales et orientales de l’Ancien Monde. Sa terminologie a mis cependant fort longtemps à s’imposer puisque, dans le Nouveau Testament, par exemple, on voit que l’Asie désigne simplement une province de l’empire romain située en Anatolie, notamment quand, dans l’Apocalypse, saint Jean s’adresse au nom du Christ aux « sept Églises d’Asie » (Éphèse, Smyrne, Pergame, Thyatire, Sardes, Philadelphie et Laodicée), toutes situées à l’ouest de l’actuelle Turquie.
Il faut avouer que la division opérée par Hérodote était fort artificielle, du point de vue de la géographie humaine évidemment, puisque les Grecs occupaient les deux côtés de la mer Égée, mais aussi pour la géographie physique, puisque le grand historien ne pouvait pas ignorer la continuité territoriale entre son « Europe » et son « Asie » au nord de la mer Égée et de la mer Noire, à travers les plaines de la Russie actuelle, alors habitées par les Sarmates. De nos jours, il suffit de regarder une mappemonde pour comprendre que l’Europe et l’Asie ne font qu’une. De plus, l’isthme de Suez a moins de raison de séparer deux continents que l’isthme de Panama puisqu’il est deux fois plus large que celui-ci ; la mer des Caraïbes est bien plus étendue que la Méditerranée ou que la mer Rouge et il y a bien plus de distance entre la Floride et le Vénézuéla qu’entre l’Espagne et le Maroc, séparés par le détroit de Gibraltar, ou qu’entre le Yémen et Djibouti, séparés par le détroit de Bab-El-Mandeb. L’Amérique du nord et du centre se détache bien davantage de l’Amérique du sud que l’Eurasie ne le fait de l’Afrique. Il vaudrait mieux parler d’un seul continent, l’Eurasafrique, au lieu de trois… L’Ancien Monde ne fait qu’un et le continent européen n’existe tout simplement pas.
Les géographes sont coupables d’avoir paresseusement conservé des notions anciennes qui n’avaient pas de fondement scientifique. De surcroît, au XVIIIe siècle, à la demande de l’empereur de Russie Pierre le Grand (qui régna de 1682 à 1725), qui voulait occidentaliser son pays, qu’on mettait avant lui en Asie, un géographe aux ordres, Vassili Tatichtchev (1686-1750), a repoussé jusqu’à l’Oural la frontière de l’Europe bien que les collines qui étaient au centre de cette chaîne de montagnes ne fissent que 500 mètres de haut et qu’on les franchît aisément. Celle-ci ne constituait en aucune façon une frontière naturelle entre deux espaces. De plus, au sud des monts Oural, Tatichtchev a fixé la limite sur le fleuve du même nom, qui se jette dans la mer Caspienne. Son embouchure se situe dans le Kazakhstan actuel, ce qui met un bout de ce pays en Europe… Auparavant, on considérait que l’Europe s’arrêtait au Dniepr, fleuve qui coule à l’est de l’Ukraine actuelle et qui se jette dans la mer Noire, ou bien au Don, qui coule à l’ouest de la Russie et se jette dans la mer d’Azov (laquelle n’est en réalité qu’un golfe de la mer Noire), ce qui, dans un cas comme dans l’autre, reléguait la Russie en Asie…
Il fallait aussi définir les limites de l’Europe au sud et il était à cet égard logique, dès lors que ce pseudo-continent allait jusqu’à l’Oural, qu’elles fussent fixées au Caucase, vaste ensemble montagneux entre la mer Noire et la mer Caspienne, et plus précisément sur la zone axiale du grand Caucase, qui culmine au mont Elbrouz à quelque 5.600 mètres, ce qui laissait la Géorgie, l’Azerbaïdjan et l’Arménie à l’Asie.
Le penchant des hommes à confondre les catégories, à s’imaginer que les mots sont des choses, qu’un mot ne peut pas désigner une chose qui n’existe pas, et à s’abandonner à des vues simplistes, a fait ensuite que l’on a prêté à chacune de ces deux notions conventionnelles, l’Europe et l’Asie, une unité culturelle propre qu’elles n’avaient en rien, ni l’une ni l’autre. Aujourd’hui, un Libanais, chrétien ou non, qui est un Asiatique, est bien plus proche d’un Grec, pourtant qualifié d’Européen, que d’un Chinois.
La géopolitique s’en est mêlée. On se souvient de Charles de Gaulle évoquant une mythique Europe « de l’Atlantique à l’Oural » et qui semblait par là prêter à cette Europe une unité historique, culturelle et politique imaginaire.
Nous devons nous délivrer de l’illusion géographique. L’Europe est mal définie au regard de la géographie physique. Du reste, même si elle l’était, cela ne lui donnerait aucun titre à figurer dans la géographie humaine. Pourquoi cette prétendue Europe aurait-elle plus d’unité culturelle que l’Asie ou l’Afrique, qui n’en ont aucune ?

2. Prestige de la Grèce

Lorsqu’il fut question de l’adhésion de la Grèce à la Communauté économique européenne, future Union européenne, qu’elle rejoignit le 1er janvier 1981, à la fin du mandat de Valéry Giscard d’Estaing, ce qui n’avait rien d’évident, eu égard à la corruption et à la gabegie typiquement orientales qui sévissaient dans le pays, le président français déclara que l’on ne pouvait pas fermer la porte de l’Europe à Platon… C’était une belle ineptie. La Grèce actuelle a beau parler un sabir lointainement dérivé de la langue de Platon, elle a très peu à voir avec la Grèce antique, dont le territoire a connu plusieurs grands remplacements, sous chacun des quatre empires successifs dont elle a fait partie : brassage de populations sous l’empire macédonien fondé par Alexandre et partagé entre ses successeurs ; populicide perpétré par les Romains et repeuplement du pays par des immigrés venus du Proche-Orient ; invasion des Slaves par le nord sous l’empire byzantin ; massacres et déportations massives sous l’empire turc ottoman. Autant dire qu’il ne reste plus grand-chose aujourd’hui dans ce territoire de ce qu’il y avait jadis, à l’origine de la Grèce, à part les ruines des monuments antiques. Rastapopoulos ne ressemble guère à Périclès, ni physiquement ni moralement.
Au XVIIIe siècle, des idéologues ont créé une langue artificielle qu’ils voulaient pure, la katharevousa (de katharos, pur) sur la base du grec ancien, mais celle-ci n’a jamais été adoptée par la population et a fini par être abandonnée au profit du démotique, dêmotikê (de dêmos, peuple ; rien à voir avec le démotique égyptien), la langue vulgaire, mélangée de latin, de slave, d’italien et de turc.
La civilisation grecque s’est noyée de longue date dans la civilisation orientale, dont la Grèce actuelle fait encore partie. Cela remonte à Alexandre de Macédoine, qui a achevé la conquête de l’empire perse en 330 av. J.-C. après avoir défait Darius. Les royaumes hellénistiques des héritiers d’Alexandre, Séleucides en Syrie, Mésopotamie, Iran, Lagides en Égypte, la Grèce actuelle étant échue aux Antigonides, ont repris les principes et adopté la civilisation de l’empire perse achéménide : ils se sont orientalisés. En outre, si l’héritage de la Grèce antique a irradié la civilisation occidentale par l’intermédiaire des Romains, il n’en demeure pas moins que la civilisation romaine était très différente de la nôtre, comme l’était la civilisation grecque, laquelle a disparu en nous laissant un souvenir éclatant.
C’est le prestige de la Grèce antique qui nous a fait accroire que l’Europe existait, comme s’il y avait une essence de l’Europe ; c’est lui qui fait encore adhérer à l’idée frauduleuse d’une unité européenne parce que c’est elle qui a inventé le mythe européen au temps d’Hérodote.
Il est amusant que, dans la mythologie grecque, Eurôpê, notre Europe, fût une princesse de Phénicie, le Liban actuel, et qu’elle fût donc asiatique et sémitique. Le dieu Zeus, transformé en taureau, l’a enlevée avant de prendre une forme humaine pour s’unir à elle et lui donner trois enfants. Ceux-ci auraient fondé des villes qui auraient formé une province, laquelle aurait reçu le nom le leur mère Europe, avant que celui-ci fût étendu par Hérodote aux terres qui étaient au nord et à l’ouest.
Le pays qui a conservé le nom de Grèce, et qui n’a pratiquement que cela en commun avec celle de l’Antiquité, a recueilli bien à tort une part du prestige de cette dernière et il est tenu de ce fait, contre toute vérité, pour un élément indiscutable de notre civilisation.

3. Confusion entre Europe et chrétienté

Il est de fait que la chrétienté, c’est-à-dire l’ensemble des peuples chrétiens, a coïncidé à peu près avec le pseudo-continent européen jusqu’à la colonisation qui a suivi les grandes découvertes à partir du XVIe siècle et qui l’a étendue à toute l’Amérique, ainsi qu’en Afrique noire et en Océanie, sans oublier, en Asie, les Philippines. Il ne s’ensuit pas pour autant que tous les peuples d’Europe ni que tous les peuples chrétiens aient jamais partagé la même civilisation, d’une part parce que la civilisation ne se réduit pas à la religion, quelle que soit l’importance de celle-ci dans la culture, d’autre part parce que le christianisme n’est pas uniforme, mais qu’il a au contraire éclaté en suivant la frontière entre les civilisations.
Le christianisme est né en Palestine, donc en Orient, parmi les Juifs, peuple sémitique et donc oriental, avant de se répandre dans le monde entier suivant le précepte du Christ : « Allez donc et instruisez tous les peuples, les baptisant au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit… » (Matthieu, XXVIII 19). Cette religion universaliste, qui s’adresse à tous les hommes, s’est émancipée grâce à Jésus-Christ du fonds sémitique en rejetant la loi mosaïque, en abolissant l’Ancienne Alliance pour en fonder une Nouvelle, et ne saurait être identifiée à une civilisation particulière, pas même à l’Occident, bien que l’Église catholique et apostolique soit aussi romaine et que le pape, évêque de Rome, soit appelé « souverain pontife », ayant repris ce titre au culte païen des anciens Romains.
Jusqu’aux conquêtes arabes qui ont suivi la mort de Mahomet en 632, la chrétienté incluait le Proche-Orient et l’Afrique du nord et elle était autant asiatique et africaine qu’européenne, d’autant qu’une bonne partie de l’Europe était encore païenne. De plus, si l’islam a éradiqué le christianisme en Afrique du nord de la Libye au Maroc, celui-ci est resté vivace en Égypte comme dans tout le Proche-Orient pendant longtemps et il y a survécu jusqu’à nos jours. Dans le sud du Caucase, la Géorgie et l’Arménie sont chrétiennes. La lointaine Éthiopie est aussi demeurée en partie chrétienne, ainsi que sa voisine l’Érythrée, dans les ethnies amhara et tigréenne.
Il n’y a donc eu de coïncidence entre l’Europe et la chrétienté que du VIIe au XVe siècle et celle-ci n’a jamais été parfaite puisqu’il restait des chrétiens en dehors d’Europe et que celle-ci comptait aussi des musulmans et des Juifs. Des Turcs musulmans étaient en effet entrés en Russie par le nord de la mer Caspienne. Ce furent notamment les Tatars, résidu de la Horde d’or, qui forment aujourd’hui une république de la fédération de Russie, capitale Kazan, sur la Volga, à l’ouest de l’Oural. Les Tatars de Crimée avaient constitué un khanat d’abord indépendant avant d’entrer dans l’orbite de l’empire ottoman, puis d’être conquis par les armées de la Grande Catherine, impératrice de Russie, à la fin du XVIIIe siècle.
Les Turcs ottomans, qui ont dominé les Balkans, lesquels portent un nom turc, pendant quatre cents ans, du XVe au XIXe siècle, y ont introduit l’islam en convertissant les Albanais, les Bosniaques et les Pomaques de Bulgarie. Ils ont été aussi nombreux à s’y installer avant d’en être expulsés après la première guerre mondiale et la dislocation de l’empire ottoman, sauf pour ce qui reste de la Turquie en Europe à l’ouest d’Istamboul.
La Russie incorpore actuellement une trentaine de millions de musulmans, le cinquième de la population, qui sont en majorité en « Europe » et qui comprennent, outre les Turcs, les populations non turques du Caucase.
L’essentiel, cependant, n’est pas là. La proximité religieuse de tous ceux qui partagent la foi dans le Christ n’implique aucune forme d’unité culturelle ou politique, ni même religieuse. Il est légitime, il est salutaire, que les chrétiens d’Occident prennent fait et cause pour les chrétiens d’Orient, car ceux-ci sont persécutés par les musulmans, faisant passer au second plan un passé chahuté et les controverses doctrinales qui les ont opposés jadis. Il n’empêche que celles-ci ont depuis longtemps brisé l’unité religieuse.
Les chrétiens du Proche-Orient adhéraient soit au nestorianisme, hérésie condamnée au concile d’Éphèse en 431, soit au monophysisme, hérésie condamnée au concile de Chalcédoine en 451. Pour ce qui est des chrétiens d’Europe orientale, l’œcuménisme mis à la mode par le concile Vatican II (1965) ne doit pas nous faire oublier l’histoire, qui a creusé un fossé entre les deux ou plutôt les trois parties de l’Europe – Occident, Orient, monde russe. La rupture de 1054 était plus qu’un simple schisme puisque le légat du pape, évêque de Rome, a déposé sur l’autel de la basilique Sainte Sophie à Constantinople une bulle d’excommunication. Celle-ci anathématisait le patriarche et l’Église byzantine, dont il était le chef, parce qu’il refusait d’ajouter dans le Credo la précision essentielle du Filioque (expression qui signifie « et du Fils » en latin – kai tou Yiou en grec – : « Je crois au Saint Esprit, qui procède du Père et du Fils »). Dès lors, il est abusif, pour un catholique, de qualifier les chrétiens byzantins d’« orthodoxes », adjectif qui signifie « qui se conforme au dogme », comme si ceux-ci partageaient intégralement la foi des catholiques romains et alors qu’ils sont en réalité hétérodoxes, autrement dit hérétiques.
En fait, la division de l’Europe entre l’Orient et l’Occident remontait plus haut. Elle datait de celle de l’empire romain effectuée en l’an 394 par l’empereur Théodose, qui le partagea entre ses deux fils, attribuant l’Occident, qui parlait latin, à Honorius et l’Orient, qui parlait grec, à Arcadius. D’où la frontière des alphabets : latin à l’ouest, grec et surtout cyrillique, adapté du précédent pour les Slaves de religion byzantine, à l’est. C’est aussi à cette époque, autour de l’an 400, que l’Église romaine a abandonné la Septante, version grecque de l’Ancien Testament, pour adopter la Vulgate de saint Jérôme, traduction en latin à partir de l’hébreu, en sorte que les deux parties de l’Église chrétienne n’ont plus eu la même Bible, Byzance, pour sa part, étant toujours restée fidèle à la Septante.
La chrétienté est une notion religieuse et humaine qui ne définit pas une civilisation. Même pendant les huit cents ans où elle a coïncidé peu ou prou avec l’Europe, elle n’a conféré à celle-ci aucune unité culturelle.

4. Confusion entre Europe et Occident

La France appartient à la civilisation occidentale, mais celle-ci n’englobe pas toute l’Europe et elle s’étend aujourd’hui hors d’Europe, en Amérique et jusqu’aux antipodes, en Australie et Nouvelle-Zélande. Comme nous le rappelle la phrase ressassée de Paul Valéry (« Nous autres, civilisations, nous savons maintenant que nous sommes mortelles. »), la plupart des civilisations que les hommes ont créées ont aujourd’hui disparu : il en est ainsi notamment des civilisations grecque et romaine, qui ont précédé la nôtre. Il en reste six dans le monde contemporain : l’Occident, l’Orient, le monde russe, le monde indien, le monde chinois et l’Afrique noire. En Europe, l’Occident s’arrête à l’est à la frontière des alphabets, frontière qui est aussi celle des religions : christianisme romain à l’ouest, christianisme byzantin à l’est (étant précisé que le roumain s’écrivait en caractères cyrilliques jusqu’au XIXe siècle, que l’albanais ne s’écrivait pratiquement pas avant le XXe siècle et alors selon les alphabets grec, cyrillique ou arabe, ou encore selon des alphabets particuliers forgés pour cette langue, l’alphabet latin n’étant utilisé que par la minorité catholique). La prétendue réforme de l’Allemand Martin Luther et du Français Jean Calvin au XVIe siècle qui a donné naissance au protestantisme n’a pas brisé l’unité culturelle de l’Occident. Les catholiques s’imaginent souvent que leur foi est plus proche de celle des soi-disant orthodoxes que de celle des protestants. C’est une erreur, notamment parce que catholiques et protestants continuent à professer le même Credo, avec le Filioque, qui n’est pas celui des « orthodoxes ».
Il y a en fait trois Europe et non deux. Bien que les Russes aient adopté le christianisme byzantin, ils ont formé une civilisation propre qui résulte de l’interpénétration des éléments slaves, ouraliens et turcs, avec un forte infusion de sang mongoloïde. Les pays dits orthodoxes des Balkans appartiennent à la civilisation orientale, tout autant que la Géorgie, qui professe la même religion, ou encore que l’Arménie et l’Éthiopie, qui ont adopté pour leur part le christianisme monophysite, et tout autant que les pays musulmans du Proche-Orient et d’Afrique du nord. L’islam n’a pas fait apparaître une nouvelle civilisation, il a confisqué celle qui était née avec Cyrus, fondateur de l’empire perse achéménide en 550 av. J.-C., et qui fut successivement zoroastrienne et chrétienne avant les conquêtes musulmanes.
La civilisation occidentale s’est formée en Europe sur les ruines de la civilisation romaine, mais elle n’a jamais été que celle de l’ouest de l’Europe avant de s’étendre hors d’Europe.
Comme l’a écrit Henri de La Bastide, l’Occident est la « civilisation de la personne », en ce sens qu’elle met la liberté individuelle au cœur de sa conception de l’homme. Les chrétiens d’Occident, s’ils sont appelés à l’obéissance envers Dieu, ne sont pas ses esclaves, à la différence des Orientaux, qui peuvent s’appeler Théodule, ce qui signifie « esclave de Dieu » en grec, ou Abdelmasih, « esclave du Christ » en arabe, s’ils sont chrétiens ; ou Abdallah, « esclave d’Allah », s’ils sont musulmans, avec autant de variantes qu’il y a d’épithètes d’Allah dans le Coran, ce qui donne par exemple Abd-el-Kader ou Abd-el-Krim. L’Occidental s’agenouille devant Dieu comme un sujet devant son seigneur (dominus en latin, kyrios en grec) ou un vassal devant son suzerain, l’Oriental se prosterne, comme un esclave devant son maître.
Avec le principe du libre examen, le protestantisme résulte au fond d’une radicalisation de l’individualisme qui est inhérent à la civilisation de la personne. Le mariage se fait en Occident par l’échange de consentements entre l’homme et la femme. Rien de tel en Orient dans la cérémonie du mariage, où la femme n’a pas son mot à dire.
On peut affirmer aussi bien que l’Occident est la civilisation de l’Incarnation, avec un « I » majuscule, en référence au dogme chrétien de l’Incarnation du Christ, vrai Dieu et vrai homme. Seul le christianisme occidental, catholique ou protestant, l’a vraiment compris. Les grandes hérésies qui sont nées en Orient ont toutes été fondées sur le refus de recevoir le mystère de l’Incarnation dans sa plénitude. Les « ariens », disciples d’Arius, (aucun rapport avec les Aryens ou Indo-Européens) soutenaient que le Christ avait été créé par le Père. Les nestoriens ne voulaient pas que la Vierge Marie fût dite Theotokos, Mère de Dieu, parce qu’ils estimaient que deux Personnes ou Hypostases, l’une divine, l’autre humaine, coexistaient en Jésus. Les monophysites n’acceptaient pas que le Christ eût une nature humaine qui s’ajoutât à sa nature divine, qu’il fût à la fois vrai Dieu et vrai homme. Dans sa version extrême, il a abouti au docétisme, théorie selon laquelle Jésus était un fantôme qui avait pris l’apparence de l’homme, mais qui, en réalité, n’avait pas de corps. Les monothélites, quant à eux, qui défendaient une version adoucie du monophysisme, ne voulaient pas admettre que le Christ eût une volonté humaine ; cette hérésie, qui avait été soutenue par le pape Honorius Ier, a été condamnée en 681 par le troisième concile de Constantinople, sixième concile œcuménique, qui a anathématisé Honorius Ier post mortem (comme quoi un pape peut être hérétique…). Deux Personnes, deux natures ou deux volontés : c’est toujours une manière de refuser l’Incarnation.
Les chrétiens byzantins eux-mêmes, qui se sont dégagés non sans peine de ces quatre hérésies précédentes, ont rejeté le dogme du Filioque selon lequel le Saint-Esprit procède non seulement du Père, mais aussi du Fils. Or, si le Saint-Esprit, qui sauve les hommes en leur donnant la grâce, ne procédait pas du Fils, la mission de celui-ci pour le salut des hommes se serait achevée avec le sacrifice de la Croix ; au contraire, selon la foi catholique, elle se poursuit par le Saint-Esprit jusqu’à la fin des temps. Les fidèles dont l’âme est pénétrée par la grâce sont habités ainsi par la manifestation conjointe des trois Personnes divines. Si l’on nous pardonne cet oxymore, nous dirons que l’infusion de la grâce dans l’âme réalise une « incarnation spirituelle » qui prolonge l’effet salvifique du sacrifice du Christ Rédempteur jusqu’à son retour glorieux à la fin des temps. Le chrétien d’Occident sait qu’il a en lui une part de divin qui lui donne vocation à la liberté.
On peut aussi écrire « civilisation de l’incarnation » avec un « i » minuscule, en prenant le mot dans un sens plus faible par analogie avec celle du Christ. Le fait que Dieu ait choisi de s’incarner en prenant la nature humaine confère à celle-ci, que tout homme partage, la grandeur et la dignité. Telle est la conception de l’homme qui prévaut en Occident et qui n’est ni celle de l’Orient ni celle du monde russe.
L’étymologie n’est pas la théologie, sans doute, mais il faut savoir que le mot « âme » vient du latin anima, qui signifie « souffle » et qui a donné en outre en français « animal » et « animation ». L’âme et l’esprit sont inséparables puisque le mot latin spiritus, qui a donné « esprit », signifie d’abord aussi souffle ou respiration. Même doublet en grec, où pneuma et psychê signifient en premier lieu « souffle » l’un comme l’autre, bien que l’on traduise le premier par « esprit » et le second par « âme ».
Le dictionnaire français définit l’âme comme « un des deux principes composant l’homme, principe de la sensibilité et de la pensée », et aussi comme « le principe spirituel de l’homme, conçu comme séparable du corps, immortel et jugé par Dieu ». Définition exacte, si ce n’est que cette séparation de l’âme et du corps qui se produit à la mort n’est pas définitive pour un chrétien, qui croit à la résurrection des corps à la fin des temps. « Principe spirituel », autrement dit l’âme et l’esprit se confondent. En théologie, l’animation est l’union de l’âme et du corps, ce que nous pourrions appeler aussi « incarnation », sans majuscule, laquelle est réalisée dans chaque être humain, dès la conception.
Le IVe concile de Constantinople (869), huitième concile œcuménique, a condamné Photius, ex-patriarche de ladite ville, qui avait prétendu que l’homme avait deux âmes et qui avait donc défendu la trichotomie corps, âme, esprit. La dichotomie de l’âme et du corps est l’expression de l’incarnation individuelle de l’âme dans le corps, laquelle est un reflet de l’Incarnation du Fils de Dieu. La trichotomie refuse cette incarnation et tend au gnosticisme dans la mesure où elle conçoit un esprit qui habite le corps de l’homme sans s’unir à lui. Il n’est donc pas étonnant que l’Orient et l’Occident se soient opposés sur ce point. L’Église byzantine a fait de Photius un saint et un Père de l’Église, et elle a gardé jusqu’aujourd’hui la doctrine hérétique de la trichotomie héritée de celui-ci.
La conjonction de l’âme, principe spirituel, et du corps, donnée matérielle, est une première forme d’incarnation, mais celle-ci prend toute sa majesté en Occident parce que l’on y croit que le Christ, modèle du chrétien, est à la fois vrai Dieu et vrai homme.

5. Proximité de l’Occident et du monde russe

Pierre le Grand a tout fait pour occidentaliser la Russie, notamment en déplaçant la capitale de Moscou à Saint-Pétersbourg, à l’extrémité occidentale de son immense empire. Le mouvement s’est poursuivi après lui et la Russie a subi une profonde influence de l’Allemagne et de la France, d’autant que de nombreux Allemands s’y sont installés et ont formé une bonne partie de ses élites. C’est une idéologie venue d’Occident, le marxisme, que les communistes ont imposée aux Russes, de la révolution bolchévique de 1917 à l’effondrement de l’URSS en 1991. Si le monde russe est resté une civilisation distincte, il n’en demeure pas moins que celle-ci est la plus proche de la nôtre. C’est pourquoi certains, fermant les yeux sur ses particularités manifestes, voudraient inclure la Russie dans l’Occident. C’est une erreur. Les différences culturelles restent très profondes. Il faudrait priver la Russie de ses traditions et de sa religion pour qu’elle pût s’identifier à l’Occident.
Non, la Russie ne fait pas partie de l’Occident. Ainsi, l’Europe n’est pas une.

6. Confusion entre caucasoïde et « Européen »

Dans le langage courant des Français, lorsqu’il n’est pas cosmopolitiquement correct, on oppose volontiers les « blancs » aux immigrés extra-européens, comme si la race « blanche » était réservée à l’Europe. Cette façon de parler a beau relever d’une salutaire conscience de race et s’inscrire dans une longue tradition, elle est erronée et crée la confusion.
Au moyen âge, avant les grandes découvertes réalisées par les navigateurs portugais au XVe siècle, on ne connaissait pas l’Afrique noire et l’on confondait les Berbères d’Afrique du nord, arabisés ou non, qui étaient plus ou moins métissés de congoïdes et avaient donc souvent la peau foncée, avec ceux-ci. « Maure » ou « Sarrasin » était synonyme de « noir » et c’est de là que l’ingrédient des excellentes galettes bretonnes, qu’on appelle aussi « blé noir », tire son nom. Mais les Nord-Africains ou Maghrébins n’ont pas plus de 10% ou 15% de sang congoïde en moyenne. À la base, ce sont des caucasoïdes.
La race est un fait d’observation élémentaire que la science confirme et précise. Il y a cinq races humaines : caucasoïdes ou « blancs », mongoloïdes ou « jaunes », congoïdes, capoïdes et australoïdes, les trois dernières races étant qualifiées collectivement de « noirs ». Or, la race caucasoïde ne se limite nullement à l’Europe. Elle inclut les Arabes et les Berbères, nettement métissés en Afrique du nord, surtout en Égypte et au Maroc, et aussi les Indo-Européens d’Asie, Arméniens et Indo-Iraniens, ces derniers étant métissés d’australoïdes dans le sous-continent indien, ainsi que les Géorgiens et autres Caucasiens (c’est-à-dire les habitant du Caucase qui parlent une langue caucasienne, ni indo-européenne ni ouralo-altaïque). Un Libanais est tout aussi « blanc » qu’un Grec. Les Turcs eux-mêmes, qui étaient de purs mongoloïdes à l’origine, sont aujourd’hui très métissés de caucasoïdes, à tel point que ceux de la Turquie ottomane, capitale Ankara, ont moins de 20% de sang mongoloïde en moyenne.
Les Italiens du sud sont bien plus proches génétiquement des Tunisiens que des Suédois. Selon un adage plus populaire à Milan qu’à Naples, « al nord del Tevere, tutti Tedeschi ; al sud del Tevere, tutti Arabi » : au nord du Tibre, tous des Allemands ; au sud du Tibre, tous des Arabes… Les Andalous, au sud de l’Espagne, sont bien plus proches des Berbères du Rif, au nord du Maroc, quand ceux-ci ne sont pas métissés de congoïdes, que des Norvégiens. Idem pour une bonne partie des Français du Midi en général et de Narbonne en particulier, que Louis-Ferdinand Céline a dénigrés en les qualifiant méchamment de « narbonnoïdes » dans L’école des cadavres en 1938. Nous trouvons pour notre part que cette épithète est odieuse et surtout antinationale puisque, s’il y a bien une « diversité » que nous avons acceptée et même proclamée, c’est celle des Français de sang, tous de race caucasoïde, certes, mais de types variés. Par exemple, Charles Maurras, éminent et valeureux Français de Provence, dont le nom venait justement de « Maure », ressemblait physiquement à un Nord-Africain ; on comprend que le racisme de Hitler, qui préférait les nordiques aux méditerranéens (bien qu’il eût lui-même les cheveux bruns…) ne l’ait pas enthousiasmé…
De surcroît, l’Europe est loin d’être parfaitement caucasoïde. Les Samoyèdes du nord de la Russie sont le seul peuple d’Europe qui soit encore purement ou essentiellement mongoloïde, mais les populations de langues finno-ougriennes, apparentées au samoyède au sein de la famille ouralienne, sont issues d’une même souche mongoloïde et gardent dans leur fonds génétique une portion de sang mongoloïde, même les Finnois et les Estoniens ; c’est du reste ce mélange qui est apparemment à l’origine de la sous-race est-baltique de la race caucasoïde.
Les Turcs étaient de même à l’origine, nous l’avons dit, de pure race mongoloïde. Partis de Sibérie orientale, ils sont allés vers l’ouest en se métissant de plus en plus au fur et à mesure qu’ils grand-remplaçaient les peuples aryas, lesquels étaient de race caucasoïde, selon une méthode éprouvée : on tue les hommes adultes, on prend les femmes, on garde leurs enfants et on leur en fait d’autres. Des Huns d’Attila, arrêtés en 451 dans la plaine des champs Catalauniques, près de Troyes, aux Ottomans de Kara Mustafa, qui le furent à Vienne en 1683, les Turcs, ainsi que leurs cousins les Mongols, n’ont cessé de déferler sur toute l’Eurasie et jusqu’en Afrique du nord, pendant douze siècles. S’agissant de l’Europe, après les Huns, ce furent les Avars, les Bulgares, les Khazars, les Petchenègues, les Kipchaks, les Kazakhs, les Tatars… Les Bulgares ont fini par donner leur nom à la Bulgarie, en se noyant dans la population slave, qui en a reçu une bonne part de son fonds génétique. Les Khazars se sont convertis au judaïsme et, repoussés vers l’ouest par l’invasion mongole du XIIIe siècle, sont à l’origine des Juifs achkénazes (d’où les pommettes saillantes de Simone Veil ou Gilles-William Goldnadel, par exemple). Les Kazakhs ont donné leur nom aux fameux Cosaques d’Ukraine.
De toutes ces invasions turques, il s’ensuit qu’il y a dans les populations slaves de l’est de l’Europe une forte infusion de sang mongoloïde qui s’est ajoutée à celle qu’elles tenaient du contact avec les populations ouraliennes. Ce que l’on appelle couramment le « type slave » en porte témoignage. (Le président Vladimir Poutine, symbole vivant de la grande Russie, est un parfait exemple de ce métissage, de ce mélange intime de Slaves, d’Ouraliens et de Turcs – avec une composante scandinave apportée par les Varègues qui ont fondé la Russie – qui a formé l’identité du monde russe : petit de taille, brachycéphale, platyrhinien, il a les pommettes saillantes, le visage rond et plat en « face de lune », les yeux légèrement bridés, la peau mate, les cheveux plats et noirs, blanchis et dégarnis par l’âge ; il a visiblement une bonne dose de sang mongoloïde.)
Au total, les Grands-Russes, à distinguer des Russes-blancs ou Biélorusses et des Petits-Russes ou Malorusses, alias Ukrainiens, sont plus fortement métissés de mongoloïdes que les Nord-Africains ne le sont de congoïdes. Si l’on ne veut pas compter les seconds pour des « blancs », il faut alors refuser aussi l’étiquette aux premiers.
Les Turcs eux-mêmes, qui sont dans l’ensemble restés nettement plus mongoloïdes que leurs voisins slaves, sont plus de dix millions en Russie, avec les Tatars, les Tchouvaches et les Bachkirs, principalement, mais aussi, dans le Caucase, les Karatchaïs, les Koumyks et les Nogaïs. (Quoique officiellement russe, Lénine était en réalité tchouvache par son père, donc turc ; et juif achkénaze par sa mère, donc khazar, encore turc.)
Il est probable que les langues ouraliennes, comme le finnois et le hongrois, et les langues altaïques, soit les langues turques, mongoles et mandchoues, doivent être réunies dans une super-famille ouralo-altaïque. Cela veut dire que toutes ces populations, aussi différentes qu’elles soient actuellement, ont une lointaine origine commune dans un peuple qui vivait quelque part en Sibérie et qui était purement mongoloïde. Ses gènes ont été véhiculés par les porteurs de ces langues. Voilà pourquoi la prévalence du sang mongoloïde est importante dans le monde russe et en général à l’est de l’Europe.
Le monde russe se distingue donc aussi de l’Occident par la race ou plus précisément par le métissage.
Certains esprits faux invoquent la continuité génétique des populations d’Europe pour en conclure qu’elles auraient une unité biologique. C’est un pur sophisme. Il est artificiel et contraire à toute méthodologie sérieuse de découper dans l’espace une nappe aux frontières de l’Europe. La continuité génétique en question se poursuit jusqu’en Asie centrale à travers la Sibérie, jusqu’au Proche-Orient et en Afrique du nord à travers la Méditerranée. La sous-race méditerranéenne de la race caucasoïde s’étend dans le sud de l’Europe, le Proche-Orient et l’Afrique du nord. Pour celle-ci, c’est le métissage avec les congoïdes qui a pu créer une différence marquée.
Ajoutons que la taxinomie ne connaît que des races et des sous-races, et qu’il est absurde d’essayer de faire un agglomérat de sous-races pour inventer une prétendue unité génétique des populations européennes. C’est un fantasme pseudo-scientifique inspiré par une idéologie frelatée.
L’« Européen » n’existe pas, pas davantage pour la génétique que pour la sociologie ou la culturologie.
Le langage courant, quand il parle des « blancs » par opposition aux non-Européens, confond la race, catégorie biologique, et l’ethnie, catégorie culturelle. Les ethnies d’Afrique ou d’Asie relèvent certes d’une autre civilisation que la nôtre, mais cela ne signifie pas nécessairement qu’elles soient toutes d’une autre race. En outre, si les Russes (Grands-Russes, Biélorusses, Ukrainiens), les Roumains (y compris les Moldaves), les Bulgares (y compris les Macédoniens), les Serbes (y compris les Monténégrins), les Bosniaques, les Albanais et les Grecs sont des caucasoïdes, sous la réserve que nous avons faite pour les Russes, cela ne signifie pas que leurs ethnies fassent partie de notre civilisation occidentale.
Il vaut donc mieux parler de Français, de Français de sang ou d’Occidentaux que de « blancs » ou d’« Européens ». Quant aux allogènes venus d’Afrique ou d’Asie, on peut les qualifier collectivement de ce nom, ou plus simplement d’« immigrés », en prenant ce mot, comme c’est devenu l’usage, dans une autre acception, comme synonyme d’allogène – on dit aussi allochtone, par opposition à autochtone –, quel que soit le lieu de naissance – et en acceptant d’englober sous ce vocable les immigrés venus de l’est de l’Europe, au delà des limites de l’Occident, et même ceux venus des pays occidentaux : au sens strict, un immigré italien est un allogène. On peut aussi les caractériser par leur religion, comme Juifs, musulmans ou bouddhistes par exemple, ou par leur race, comme congoïdes ou mongoloïdes. Il n’y a pas de terme générique pour désigner les non-Occidentaux et cela n’a pas de sens de parler de non-Européens, comme si les Européens avaient une unité ou une identité propre.

7. Confusion entre nordique et « Européen »

Les races se subdivisent elles-mêmes en sous-races, terme de taxinomie qui n’a rien de péjoratif. Par exemple, les Français sont un mélange intime de trois sous-races de la race caucasoïde : alpine, méditerranéenne et nordique. La première est surtout représentée en France et ne l’est pas en dehors de l’Occident. La deuxième l’est au contraire sur tout le pourtour de la Méditerranée, au Proche-Orient comme en Afrique du nord. La troisième, qu’on appelait naguère « race aryenne » parce qu’elle était caractéristique des Indo-Européens, dénommés aussi Aryas ou Aryens, jouit d’un grand prestige depuis Arthur de Gobineau et son Essai sur l’inégalité des races humaines (1855) ; si elle existe hors d’Europe dans les peuples indo-européens, elle y est très diluée. Comme on sait, c’est le blondisme qui caractérise le type nordique. Plus précisément, les nordiques sont de grande taille, dolichocéphales (crâne allongé, par opposition à brachycéphale, crâne rond), orthognathes (profil rectiligne, par opposition à prognathe, mâchoire saillante) et leptorhyniens (nez mince et allongé, par opposition à platyrhinien, nez large et plat), ils ont les cheveux blonds ou roux, les yeux bleus ou verts, la peau claire.
Un certain courant de pensée, qui semble avoir des accointances inavouées avec l’idéologie hitlérienne, affirme que c’est le sang nordique, celui apporté par les Aryas, qui définirait l’Europe. L’ennui de cette théorie, c’est que la proportion de celui-ci varie considérablement selon les pays et les régions, que la proportion de sang nordique est inférieure, souvent très inférieure, à 50%, dans la majeure partie de l’Europe et surtout que l’on ne peut pas réduire la culture à la race ou à la sous-race. La forte prévalence de la sous-race nordique dans le monde russe, due en partie à la contribution génétique des Scandinaves qui ont fondé la Russie au Xe siècle, est sans doute une des raisons de la proximité de cette civilisation avec la nôtre, mais elle ne suffit pas à les confondre.
Ce courant de pensée néo-hitlérien est principalement représenté en France par la PND, prétendue nouvelle droite (qui n’est en réalité ni nouvelle ni de droite), dont le noyau est formé par le GRECE d’Alain de Benoist et François Bousquet, « Groupement de recherche et d’études pour la civilisation européenne », c’est-à-dire pour une civilisation qui n’existe pas. L’Institut Iliade, officine satellite de la PND, dans un article de décembre 2022 sur le sujet de l’Europe et de l’Occident, où figure un festival d’inepties, a produit une variante de la théorie nordique en soutenant que l’unité de l’Europe viendrait de la fusion des trois couches qui ont formé la population de la France et des pays voisins : les chasseurs ouest-européens, qui sont arrivés avant -30000 (av. J.-C.), les paysans anatoliens, arrivés à partir de -6000, enfin les conquérants indo-européens, arrivés au début de l’âge du bronze, à partir de -3000, et qui ont infusé du sang nordique dans les deux couches précédentes en se mêlant avec elles. L’ennui, c’est que les chasseurs ouest-européens, comme leur nom l’indique, ne se trouvaient que dans l’ouest de l’Europe, qu’ils étaient bien distincts des chasseurs est-européens et qu’ils sont justement au contraire un des critères qui distinguent les populations des diverses parties du pseudo-continent européen ; que les paysans anatoliens, comme leur nom l’indique aussi, se trouvaient à l’origine en Anatolie, c’est-à-dire en Asie mineure, que leurs descendants sont dans tout le Proche-Orient, et qu’ils se sont installés effectivement dans les Balkans et dans l’ouest de l’Europe, mais non dans ce qui est devenu le monde russe. Quant aux conquérants indo-européens, ils sont allés autant en Asie qu’en Europe. Ainsi, la fusion des trois couches en question ne saurait caractériser l’Europe, mais seulement l’ouest de celle-ci, donc justement l’Occident dont les européistes de la PND ne veulent pas entendre parler…

8. Confusion entre Indo-Européens et « Européens »

Il est tout aussi absurde de confondre les « Européens » avec les Indo-Européens. Tous les Européens ne sont pas des Indo-Européens. La Finlande, l’Estonie et la Hongrie parlent des langues finno-ougriennes et de nombreuses autres langues ouraliennes sont représentées en « Europe » ; hormis le lapon, on ne les trouve qu’en Russie, où elles sont nombreuses : komi, mari, mordve… Au sud de la Russie, dans les montagnes du Caucase, on compte en outre de nombreuses ethnies dites « caucasiennes » au sens strict parce qu’elles parlent des langues caucasiennes, ni indo-européennes ni ouralo-altaïques, notamment les Tchétchènes, les Ingouches, les Tcherkesses, les Avars (aucun rapport avec le peuple turc homonyme qui a disparu au IXe siècle). Les Basques d’Espagne et de France parlent une langue particulière qui n’est pas non plus indo-européenne et qui doit être un vestige de celle des chasseurs ouest-européens arrivés vers -30000. Surtout, tous les Indo-Européens ne sont pas européens, loin de là. Les locuteurs des langues indo-européennes sont plus nombreux en Asie qu’en Europe. Comme le nom conventionnel d’Indo-Européen l’indique, on les trouve également dans le sous-continent indien, où ils sont largement majoritaires, mais ils ne sont pas seulement là en Asie. Ils sont aussi en Iran, au Tadjikistan et en Afghanistan. Les Kurdes de Turquie, d’Irak et de Syrie, ainsi que les Ossètes du nord de la Géorgie, sont aussi des Iraniens, donc des Indo-Européens. Les Arméniens, qui ne sont pas iraniens, n’en sont pas moins d’origine indo-européenne.
Lorsque les Proto-Indo-Européens, qui vivaient au nord de la mer Noire et formaient la culture dite de Yamnaya, sont partis il y a 5.000 ans, au début de l’âge du bronze, à la conquête du monde, ils sont allés dans toutes les directions, autant en Asie qu’en Europe. Ils ont été à l’origine de quatre des six civilisations du monde contemporain : les Indo-Aryas, du monde indien ; les Perses, de l’Orient ; les Francs, de l’Occident ; les Russes, du monde russe. Il n’y a pas une civilisation indo-européenne, il y en a quatre, et l’Europe est partagée entre trois d’entre elles : l’Occident, l’Orient et le monde russe.
Ajoutons que le monde indo-européen est divisé en deux selon des critères à la fois linguistiques et biologiques. Le malheur, pour les tenants de la thèse d’une « Europe » qui trouverait une unité et une identité dans ses origines indo-européennes, c’est que, dans cette bipartition, la Russie est classée avec l’Inde et l’Iran, donc en Asie ! En effet, l’évolution phonétique à partir du proto-indo-européen nous fait distinguer, à l’est, les langues satem : balto-slaves, indo-iraniennes, arménienne ; et, à l’ouest, les langues centum (prononcer kêntoum) : germaniques, celtiques, romanes, grecque, catégories dénommées respectivement d’après le nombre « cent » en avestique (langue iranienne) et en latin (langue italique, origine des langues romanes, dont le français). Or, la division satem/centum coïncide avec la diffusion différentielle des haplogroupes paternels (relatifs au chromosome Y) caractéristiques des Indo-Européens : R1a à l’est, chez les Indo-Iraniens, les Baltes et les Slaves : R1b à l’ouest chez les autres peuples indo-européens, avec un certain mélange en Europe centrale. Les Arméniens sont une exception, qui sont satem et plutôt R1b, mais il est probable que leur langue était centum à l’origine, comme celles des « Peuples de la mer » qui ont ravagé le Proche-Orient au XIIe siècle av. J.-C. et dont leurs ancêtres faisaient partie, et qu’elle a évolué sous l’influence du substrat ourartéen, ainsi que du voisinage iranien. Les Albanais sont un autre cas particulier. Leur langue, seul vestige du groupe thraco-illyrien, est plutôt satem, mais les haplogroupes indo-européens R1a et R1b sont peu représentés parmi eux.
Afin de compléter la démonstration, nous mentionnerons pour mémoire les Hittites et les Tokhariens, branches disparues de la famille indo-européenne, qui occupaient respectivement l’Asie mineure et l’actuelle province du Sin-Kiang, à l’ouest de la Chine, et qui étaient à la fois centum et R1b.

9. Idéologie de la « construction européenne »

Le projet d’États-Unis d’Europe conçu au XVIIIe siècle par l’abbé de Saint-Pierre, repris au XIXe par Victor Hugo, a été relancé au XXe siècle par le métis austro-japonais Richard de Coudenhove-Kalergi et c’est un agent américain, Jean Monnet, « l’inspirateur », disait de Gaulle, qui l’a mis en œuvre avec la création de la CECA, Communauté européenne du charbon et de l’acier, en 1951. L’échec de cette dernière n’a pas empêché le projet de prospérer, une fois mis sur les rails, pour devenir la Communauté économique européenne, puis l’Union européenne. Dans la vision cosmopolite de Monnet, cette Europe unie ne devait être qu’une étape vers l’État mondial. Mais pour beaucoup de ses partisans, elle est un but en soi.
C’est un projet ambivalent. Dans un premier sens, l’Europe existerait déjà depuis des siècles et il ne s’agirait que de réunir ce qui n’aurait jamais dû être séparé, en effaçant les nations, ou, au mieux, en les réduisant au niveau de simples provinces d’un État supranational. Dans un second sens, c’est la construction européenne qui créerait l’Europe et celle-ci serait l’aboutissement merveilleux d’un processus d’unification qui ferait la synthèse des meilleurs éléments culturels et spirituels des nations disparues.
Dans un cas comme dans l’autre, on nage dans l’utopie et on nie l’identité. L’Europe n’étant qu’une expression géographique, la « construction européenne » est artificielle. Même si elle s’était limitée aux nations occidentales et donc si l’Union européenne ne comprenait pas la Grèce, Chypre, la Bulgarie et la Roumanie, elle ne pourrait constituer qu’un empire au dessus des nations et celui-là dévitaliserait- celles-ci. La « construction européenne » relève du « constructivisme » dénoncé par Hayek. Elle est contraire à la réalité sociale, qui est fondée sur les traditions.
Il pourrait y avoir un empire européen, mais il ne peut y avoir de « nation européenne ». Qu’est-ce que la nation, en effet ? C’est une communauté de destin historique fondée sur les liens du sang et constituée autour d’une ethnie prépondérante sur un territoire continu. Ce qui manque ici, c’est en particulier l’ethnie prépondérante. Hitler a bien essayé de créer un IIIe Reich, qui aurait été plutôt du reste un empire qu’une nation, autour de l’ethnie allemande, mais son coup a raté et l’on ne voit pas aujourd’hui quelle nation ou quelle ethnie pourrait tenter à nouveau l’entreprise.
Après la seconde guerre mondiale, cependant, de nombreux responsables ou militants hitlériens se sont reconvertis sans encombre dans la « construction européenne » derrière Walter Hallstein, qui avait été membre de l’Association des juristes socialistes-nationaux et qui fut le premier président de la Commission de la Communauté économique européenne, de 1958 à 1967 (on l’appelait la Commission Hallstein). Hallstein est considéré comme l’un des « pères de l’Europe »… et l’Union européenne est parfois qualifiée de Quatrième Reich !
On nous dit : « Le nationalisme, c’est la guerre » (Mitterrand). Ou encore : « Le patriotisme, c’est l’amour des siens ; le nationalisme, c’est la haine des autres » (mots prêtés à de Gaulle par Romain Gary). Ce sont des fariboles. Les hommes ont toujours fait la guerre et les guerres civiles, les guerres de succession et les guerres de religion n’ont pas été moins cruelles, bien au contraire, que les guerres entre les nations. Du reste, au XXe siècle, avec la seconde guerre mondiale et après celle-ci, ce sont des idéologies, fascisme, communisme, libéralisme, démocratisme, qui se sont combattues, plutôt que des nations. Napoléon avait déjà mis l’Europe à feu et à sang au nom des idées révolutionnaires et il a été vaincu à Waterloo en 1815 par les royaumes coalisés contre lui pour défendre les traditions. Guerre idéologique donc, et non affrontement de nationalismes.
La guerre qui a commencé le 24 février 2022 lorsque la Russie a envahi l’Ukraine pourrait paraître à première vue comme un simple affrontement entre deux nations. Il n’en est rien. Si le président Poutine a préféré la qualifier d’« opération militaire spéciale », c’est parce qu’il considérait qu’il n’y avait pas de peuple ukrainien, mais que les Ukrainiens faisaient partie du peuple russe. Il affirme à cor et à cri vouloir la « dénazification » de l’Ukraine, ce qui, au-delà de la propagande, est bel et bien un objectif idéologique. Et c’est à cause de leur idéologie cosmopolite que les pays de l’OTAN, du moins la plupart d’entre eux, se sont mobilisés contre la Russie. Ce n’est pas à la nation russe qu’ils en avaient, mais au nationalisme de ses dirigeants, accusés mensongèrement des pires atteintes aux libertés. Le président Poutine, pour sa part, n’a cessé de dénoncer la décadence morale de l’Occident, qui marie les homosexuels et qui remplace les mots « père » et « mère » par « parent 1 » et « parent 2 ». C’est donc une guerre idéologique.
L’idéal de la nation inculque aux hommes un sentiment communautaire qui apaise les tensions entre les classes et les groupes. La nation, c’est la paix ! Les diverses nations du monde peuvent cohabiter pacifiquement à l’abri des frontières qui les séparent et qui les protègent. En revanche, les empires, qui nient par définition le « droit des peuples à disposer d’eux-mêmes », sont déchirés par des luttes intestines et entretiennent des antagonismes latents qui peuvent déboucher sur les pires violences. On l’a bien vu à la fin de l’empire des Indes, en 1947, qui a abouti à la création du Pakistan, après une terrible guerre civile, et à la fin de la Yougoslavie, ce mini-empire qui a explosé en 1991, et dont l’éclatement s’est traduit par le cortège des horreurs du nettoyage ethnique. Il est donc plus juste de déclarer : « L’empire, c’est la guerre ! »
Il n’est pas plus sensé d’opposer patriotisme et nationalisme. Question de définition, sans doute, mais, ce faisant, on aboutit inévitablement à saper l’idéal de la nation en le frappant d’un soupçon d’illégitimité. Il peut y avoir de petites patries, locales ou provinciales, mais la grande patrie, c’est nécessairement la nation et il ne peut y en avoir une autre au-dessus d’elle.
La « construction européenne » est un idéal fallacieux dont le contenu objectif est purement négatif. Elle est dirigée contre les nations, leur identité et leur souveraineté. L’européisme est une manifestation et un instrument du cosmopolitisme.

10. Hostilité à l’Amérique

Une partie des européistes, bien que ce ne fût certes pas le cas de Jean Monnet, qui était un agent américain, veut que l’Europe s’unisse pour faire pièce aux États-Unis d’Amérique. Il est vrai qu’il y a de bonnes raisons de s’opposer à l’impérialisme yanqui, sur le plan politique, et à l’américanisation de nos sociétés, sur le plan culturel. Mais ce n’est pas une raison, comme le fait absurdement la PND, prétendue nouvelle droite, pour nier que les États-Unis appartiennent à l’Occident tout autant que l’Angleterre qui les a enfantés. Dans un livre intitulé Qui sommes-nous ? (2004), le politiste américain Samuel Huntington (1927-2008) a rappelé cette évidence : l’identité nationale des États-Unis d’Amérique est fondée sur le noyau des WASPS, White Anglo-Saxons Protestants, protestants anglo-saxons de race caucasoïde – tout en évitant soigneusement la moindre référence à la race ! (Il avait été rendu célèbre par Le choc des civilisations, paru en 1996, où il démontrait pourtant qu’il ne savait pas ce qu’était une civilisation…). De là, la langue anglaise, la religion protestante, le puritanisme, le rule of law (règne du droit), l’individualisme, le sens aigu de la liberté, toutes ces traditions d’origine anglo-saxonne qui caractérisent ce pays et en font, qu’on l’aime ou non, un membre éminent de l’Occident, civilisation de la personne. Il est fort possible que, dans une génération ou deux, la poussée démographique des Hispaniques submerge cette identité, mais c’est une autre affaire et elle ne ferait pas sortir ce pays de l’Occident étant donné que la masse des immigrés sont venus du sud, sont de langue espagnole et de religion chrétienne, et, quoique presque toujours métis de mongoloïdes, sont de culture occidentale.
La thèse aberrante selon laquelle nous ne ferions pas partie de la même civilisation occidentale que les États-Unis témoigne d’une confusion des genres entre la politique et la culture. Une civilisation est une réalité culturelle, nullement une entité politique. François Ier, roi de France de 1515 à 1547, pouvait s’allier au Grand Turc contre Charles Quint, empereur d’Allemagne, dans l’intérêt de la nation française, sans renier pour autant sa civilisation. De même, on peut soutenir que la France doit s’allier à la Russie contre l’Amérique sans nier que celle-ci soit occidentale et sans prétendre que celle-là le soit.
L’hostilité à l’impérialisme américain peut aussi conduire à souhaiter une « Europe des nations », non pas une fédération, évidemment, ni même une confédération, mais une alliance économique, politique et militaire entre États souverains. À la vérité, bien que nous soyons à l’origine de cette expression d’Europe des nations (que de Gaulle n’employait pas), laquelle a ensuite été popularisée par Philippe de Villiers lors de la campagne des élections européennes de 1994 et dans un livre de 1999 écrit avec Georges Berthu (vice-président du Carrefour de l’Horloge), elle ne nous paraît pas idéale. D’une part, elle fait référence à une Europe qui n’existe pas et elle suppose à tort que tous les États concernés formeraient des nations, ce qui n’est le cas ni de la Belgique ni de l’Autriche. D’autre part, elle est trop vague pour écarter l’idée d’une fédération. On pourrait penser à ressusciter le nom de l’UEO, Union des États d’Europe occidentale, aujourd’hui disparue, mais le terme d’Union est encore ambigu. Celui d’État l’est aussi, d’ailleurs. Il peut désigner le membre d’une fédération, à l’instar des États-Unis d’Amérique, que bien des européistes prennent comme modèle quand ils ne sont pas hostiles à l’impérialisme yanqui. Il faut donc préciser « États souverains ». C’est le concept d’alliance qui convient. Quoiqu’il présuppose en principe la souveraineté des États qui s’allient, on stipulera quand même que ceux-ci sont souverains pour éviter toute incertitude et prévenir toute manipulation. Envisageons donc la création d’une « Alliance des États souverains d’Europe occidentale », AEO. Puisque l’Europe n’existe pas, il vaudrait mieux parler d’Eurasie, laquelle ne va pas de l’Atlantique à l’Oural, mais d’un océan à l’autre, jusqu’au Pacifique, et de Brest à Vladivostok… Cela risquerait cependant de paraître étrange, tant c’est contraire à l’usage.
L’assujettissement des États à une Europe supranationale ne ferait que les affaiblir tous. Le pouvoir technocratique qui s’est déjà formé avec la Commission de Bruxelles est par nature incapable de mener une grande politique. Jamais l’Europe n’avait été aussi supranationale et jamais elle n’avait été aussi soumise à l’impérialisme yanqui qu’elle ne l’est aujourd’hui, comme la guerre en Ukraine l’a prouvé depuis 2022.
Contre l’impérialisme américain, il nous faut plus de nation et moins d’Europe.

Conclusion : le mythe européen contre l’identité nationale

Toutes les raisons invoquées en faveur de l’unité de l’Europe ou de la « construction européenne » sont fallacieuses. L’Europe est une utopie, la nation est une réalité. Le mythe européen est essentiellement antinational et donc cosmopolite. Consciemment ou non, ses promoteurs et ses partisans sont des ennemis des nations, dont ils cherchent à détruire l’identité et la souveraineté. Il n’y a pas d’identité européenne. Les jeunes Français soi-disant identitaires qui, en janvier 2021, proclamaient en anglais – dans la langue de l’impérialisme et du cosmopolitisme – « Defend Europe ! » (« Défendez l’Europe ! »… et non l’Occident, la nation ou la France) pour combattre l’immigration extra-européenne – ce qui était en soi une œuvre pie –, et qui se réclamaient absurdement d’une identité européenne imaginaire sous l’influence de la funeste PND, prétendue nouvelle droite, étaient en pratique des anti-identitaires, ennemis de l’identité réelle, qui est nationale, et ils étaient donc objectivement cosmopolites.
On ne pouvait qu’approuver les militants qui ont commémoré en mai 2023 la mort d’un martyr de la cause nationale (Sébastien Deyzieu). Mais ces jeunes gens ont cru intelligent de clamer : « Jeunesse, Europe, révolution ! »… Or, la révolution est intrinsèquement perverse, l’Europe est un mythe antinational, la jeunesse est un moment à passer et le « jeunisme » est une subversion de la tradition et de l’identité… Il aurait mieux valu scander, par exemple : « Race, nation, réémigration ! »
L’Europe supranationale ne peut être qu’un magma technocratique, dépourvu de toute légitimité démocratique et inféodé à l’Amérique. Ce projet utopique est heureusement voué à l’échec. Son effondrement est certain tant il va contre les réalités. Mais le plus tôt sera le mieux. L’Angleterre nous a montré l’exemple avec le Brexit, le retrait du Royaume-Uni de l’Union européenne, décidé par référendum en 2016 et accompli en 2020. Les cosmopolites de tout poil s’acharnent à nous faire accroire que le Brexit serait une catastrophe pour ce pays, que les Anglais regretteraient leur vote de 2016, mais cela ne rime à rien. Les pays les plus riches du monde, en dehors du petit Luxembourg, sont la Suisse et la Norvège, pays européens qui ne font justement pas partie de l’Union européenne et qui s’en trouvent fort bien. Que le Royaume-Uni soit mal gouverné, qu’il ait géré l’épidémie de covid de 2020 et 2021 en dépit du bon sens, c’est un fait, mais cela n’a rien à voir avec le Brexit.
Nous devons militer pour le Frexit, pour que la France sorte aussi de l’Union européenne, ce qui marquera sans aucun doute le début de la fin pour cette dernière. Il est de notre devoir de patriotes et de nationalistes de défendre l’identité et la souveraineté de la nation. Caton l’Ancien répétait inlassablement : « Carthago delenda est », il faut détruire Carthage. Nous dirons de même : « Europa delenda est », il faut détruire l’Europe, c’est-à-dire l’Union européenne.

Vive la nation ! Vive la France !

Références

Remarque : une vidéo tirée de cet article a été mise en ligne le 20 décembre 2022 sur la chaîne YouTube « Henry de Lesquen » et reprise sur la chaîne Odysee du même nom.

Sagesse des nationaux-libéraux

Sagesse des nationaux-libéraux

Sept fois sept apophtegmes suivis de leurs commentaires et de trois annexes

I. De l’identité

1. Ce n’est pas l’opinion qui fait l’identité, ce sont les ancêtres.

Ils se sont reproduits dans leur descendance.

2. Nous sommes nos gènes, ou plus largement notre ADN, patrimoine héréditaire reçu par moitié de notre père et de notre mère.

L’identité est ce en quoi un être demeure identique à lui-même au cours du temps. Notre identité individuelle s’est constituée à l’instant fatidique de la conception.

La comparaison entre les vrais jumeaux ou jumeaux monozygotes, nés d’un même ovule et qui ont donc le même patrimoine génétique, avec les faux jumeaux de même sexe, qui n’ont en moyenne que 50% de gènes en commun, est éloquente : elle suffit déjà à démontrer la puissance de l’hérédité, qui détermine tout autant le moral que le physique.

3. L’homme est par nature un être de culture.

L’éducation que l’enfant reçoit dans sa famille est un dressage qui met de l’ordre dans le chaos des instincts concurrents en les assujettissant à la volonté et forme sa personnalité.

4. Les sociétés humaines sont des systèmes bioculturels.

Leur identité collective est assise sur le fonds génétique – la « race » au sens large – des populations qui les composent.

5. La nation est une communauté de destin historique fondée sur les liens du sang et constituée autour d’une ethnie prépondérante sur un territoire continu.

La race est une catégorie biologique, l’ethnie est une catégorie culturelle. Horresco referens, le mot « ethnie » a justement été créé par Georges Vacher de Lapouge pour sortir de la confusion entre biologie et culture en cantonnant le mot « race » dans une acception purement biologique.

6. La nation est formée des vivants, des morts et de ceux qui vont naître.

C’est la chaîne des générations qui constitue l’identité de la nation, laquelle lui donne vocation à la souveraineté.

7. Il n’y a pas de nation sans préférence nationale

…laquelle légitime l’exclusion des étrangers quand celle-ci est utile aux nationaux.

II. De la tradition

1. La nation française est née au XIe siècle à l’issue d’un synécisme celto-romano-germanique autour de l’ethnie française sur le territoire du royaume capétien.

Celtes, Romains et Germains ont fait la France. Gaulois ou Celtes, les termes sont équivalents. Les Francs, qui ont donné leur nom à notre pays, étaient des Germains, au même titre que les Burgondes, qui ont donné leur nom à la Bourgogne, ou que les Wisigoths, qui ont longtemps tenu le Sud-Ouest de la France actuelle avant de se replier en Espagne.

L’ethnie française, de langue d’oïl, forme ancienne du français, a achevé de se former au Xe siècle.

Le royaume des Francs, regnum Francorum, fondé par Clovis, qui s’est converti au christianisme en 496, n’était pas encore une nation avant l’avènement d’Hugues Capet en 987. Les rois mérovingiens et carolingiens étaient des Francs, donc des Germains, et parlaient le francique, langue germanique voisine du néerlandais d’aujourd’hui. L’empire de Charlemagne avait pour capitale Aix-la-Chapelle (Aachen), dans l’Allemagne actuelle.

2. La nation française est d’origine indo-européenne, de race caucasoïde, de civilisation occidentale et de religion chrétienne.

Le général Charles de Gaulle l’avait dit avant nous : « Nous sommes quand même avant tout un peuple européen de race blanche, de culture grecque et latine et de religion chrétienne. »

Les Celtes, les Romains et les Germains appartenaient tous à la famille des peuples indo-européens, descendant du peuple indo-européen indivis qui vivait en -3000 au nord de la Mer Noire avant qu’il se lançât à la conquête du monde.

La race caucasoïde, ou « race blanche », est l’une des cinq races de l’espèce homo sapiens, les quatre autres étant les races mongoloïde, congoïde, capoïde et australoïde.

L’Occident est l’une des six civilisations du monde contemporain, les cinq autres étant l’Orient, le monde russe, le monde indien, le monde chinois et l’Afrique noire.

La France chrétienne n’est pas seulement catholique, elle est aussi protestante. Jean Calvin fut un grand Français et le calvinisme fait partie de notre identité nationale au même titre que le catholicisme. On peut en dire presque autant du luthéranisme de l’Alsace, bien qu’il soit d’origine allemande. De plus, la tradition catholique de la France est gallicane et janséniste. L’ultramontanisme, qui vient d’Italie comme son nom l’indique, ne s’est imposé en France qu’à partir du premier concile du Vatican, en 1870, donc très tardivement. Le cléricalisme et les prétentions théocratiques qui en découlaient ont été exploités par la franc-maçonnerie dans son combat contre le catholicisme et n’ont pas peu contribué au divorce entre l’Église et la société française.

3. Nous sommes fidèles à la tradition indo-européenne, qui a façonné la civilisation occidentale avec le christianisme.

Elle implique la hiérarchie des fonctions sociales : la première est la fonction souveraine, la deuxième est la fonction guerrière, la troisième est la fonction productive. C’est pourquoi les nationaux-libéraux méprisent le matérialisme de la société marchande, qui donne la primauté à la troisième fonction, et admirent la grandeur de la France éternelle, qui s’est particulièrement illustrée dans le domaine des deux premières fonctions.

4. Contrairement à ce que prétend la gauche, la justice ne se confond nullement avec l’égalité.

La justice réside dans le respect intransigeant de règles de juste conduite issues de la tradition, comme le droit de propriété et la liberté d’entreprise, d’où résultent nécessairement de grandes inégalités parfaitement légitimes. La prétendue « justice sociale » est donc le contraire de la justice.

5. La colonisation française fut une grande œuvre civilisatrice dont nous pouvons être fiers et dont les peuples colonisés ont toutes les raisons de nous être reconnaissants.

La France a tout apporté aux pays qu’elle a colonisés, qui étaient tous arriérés et souvent même primitifs avant son arrivée. Dans son fameux discours de 1885, Jules Ferry a réclamé pour les « races supérieures » le droit de civiliser les « races inférieures », parce que, disait-il, elles en avaient le devoir.

La France a mis fin aux guerres et aux famines, elle a introduit le progrès technique et matériel avec l’électricité, elle a créé toutes sortes d’équipements publics. Elle a soigné la population. Elle l’a alphabétisée et instruite, en lui donnant accès à la haute culture de l’Occident. Elle a ouvert la voie à l’évangélisation des animistes.

Quand ils ont reçu leur indépendance, les territoires colonisés par la France en Afrique noire comptaient 2.000 dispensaires, 600 maternités, 40 hôpitaux, 18.000 km de voies ferrées, 215.000 km de pistes principales, 50.000 km de routes bitumées, 63 ports, 196 aérodromes, 16.000 écoles primaires, 350 collèges et lycées. Tout cela, c’est la France qui le leur avait apporté.

Au moment de l’indépendance, la France laissa à l’Algérie 70.000 km de routes, 4.300 km de voies ferrées, 4 ports équipés aux normes internationales, une douzaine d’aérodromes principaux, des centaines d’ouvrages d’art (ponts, tunnels, viaducs, barrages, etc.), des milliers de bâtiments administratifs, de casernes, d’immeubles ; 31 centrales hydroélectriques ou thermiques ; une centaine d’industries importantes dans les secteurs de la construction, de la métallurgie, de la cimenterie, etc. ; des milliers d’écoles, d’instituts de formation, de lycées, d’universités, d’hôpitaux, de maternités, de dispensaires, de centres de santé, etc. Sans parler d’une agriculture largement exportatrice et des hydrocarbures du Sahara (pétrole et gaz naturel) que ses géologues et prospecteurs avaient découverts.

L’Algérie avait moins de 3 millions d’habitants lors de la conquête française en 1830, elle en avait plus de 12 millions, soit quatre fois plus, en 1962, lors des accords d’Évian.

6. Les treize territoires extérieurs de la France, appelés départements ou collectivités d’outre-mer – sauf l’île inhabitée de Clipperton –, appartiennent à la nation française, mais ils n’en font pas partie.

Ce sont la Martinique, la Guadeloupe, Saint-Barthélémy, Saint-Martin (île partagée avec les Pays-Bas), la Guyane, Saint-Pierre et Miquelon, Clipperton, la Réunion, Mayotte, la Nouvelle-Calédonie, la Polynésie française (Tahiti et dépendances), Wallis et Futuna, enfin les Terres australes. Leurs habitants ne sont pas vraiment français, sauf exception ; ce sont des Français de papier.

Il faut y ajouter un quatorzième, la Corse, qui fait géographiquement, historiquement et culturellement partie de l’Italie et non de la France. Il n’y a d’ailleurs pas de « langue corse » ; on parle en Corse plusieurs dialectes de la langue italienne.

Les partisans de l’Algérie française clamaient autrefois : « L’Algérie, c’est la France ! » Lourde erreur. L’Algérie était un territoire extérieur avant l’indépendance de 1962 : elle était à la France, elle n’était pas la France. De même, en 2022, soixante ans après, la Martinique et les autres territoires extérieurs sont à la France, ils ne sont pas la France. L’omission de la modeste préposition « à » crée une grave confusion.

L’absence de continuité territoriale est une raison suffisante pour qu’un territoire ne fasse pas partie de la France proprement dite ; sauf, bien sûr, pour les petites îles qui sont voisines de nos côtes. Dans le cas de l’Algérie, les habitants étaient de surcroît d’une autre religion et d’une autre civilisation ; dans le cas des territoires extérieurs que la France détient actuellement, ils sont en général de race différente, sauf pour la Corse et Saint-Pierre-et-Miquelon, ainsi qu’en partie pour la Nouvelle-Calédonie.

7. L’Europe n’est qu’une expression géographique.

Il n’y a ni civilisation européenne ni race européenne ni ethnie européenne ni peuple européen. Il y a une civilisation occidentale, dont ne font partie ni la Russie ni l’Ukraine ni la majorité des pays des Balkans, une race caucasoïde, qui inclut beaucoup de peuples non européens, une ethnie française, un peuple français.

Nous dirons, pour paraphraser Joseph de Maistre : « J’ai déjà rencontré un Français, un Italien, un Russe… mais l’“Européen”, s’il existe, c’est à mon insu. »

III. De la race

1. La race est un fait d’observation élémentaire que la science confirme et précise.

Au sens strict, la race est, par définition, la subdivision de l’espèce dans la taxinomie linnéenne – élaborée en premier lieu par Carl von Linné – ; on parle aussi de variété ou de sous-espèce. L’espèce homo sapiens n’est pas divisée en trois races (blancs, jaunes, noirs), mais en cinq : caucasoïdes (ou « blancs »), mongoloïdes (ou « jaunes »), congoïdes, capoïdes et australoïdes, étant observé qu’il y a donc trois races de « noirs », parfaitement distinctes.

Pour aller plus loin, voir la dissertation sur la race en annexe 1.

2. L’égalité n’est pas dans la nature, ni entre les individus ni entre les races ni entre les sexes.

Étant d’ordre juridique et politique, l’égalité civique, ou égalité des citoyens devant la loi au sein de la communauté nationale, ne présuppose aucune sorte d’égalité biologique. Elle implique une inégalité de principe entre citoyens et étrangers. Elle n’interdit pas de reconnaître les diverses inégalités entre les citoyens qui résultent de leur valeur morale, de leurs aptitudes physiques ou intellectuelles et de leur degré de francité, autrement dit de leurs origines.

3. La question raciale est aujourd’hui centrale.

La couleur de la peau n’a pas d’importance, mais la race en a beaucoup.

Voir l’analyse des caractéristiques raciales en annexe 1.

4. Le PPCM, plan de promotion des congoïdes et du métissage, est un complot ourdi par le Congrès juif mondial.

C’est ce que révèlent l’ampleur et le caractère à la fois systématique et stéréotypé de ses manifestations dans la publicité et le cinéma, milieux où l’élément israélite est prépondérant et où s’exerce le plus l’influence du Congrès juif mondial (CJM), organisation dont le siège est à New York et dont le président est Ronald Lauder depuis 2007. Le but de ce complot du CJM est de détruire l’identité des nations occidentales en les transformant en sociétés multiraciales et multicommunautaires, en sorte de légitimer le communautarisme juif.

5. Dans un pays libre, il ne saurait y avoir de délit d’opinion.

Le racisme est une opinion. Les racistes doivent pouvoir s’exprimer librement, tout autant que les marxistes et les cosmopolites.

6. Si la haine raciale, comme toute forme de haine sociale, nous est étrangère, nous nous réclamons en revanche d’un racisme positif et républicain, racisme dans le bon sens du terme, sans haine et sans reproche, celui de Jules Ferry ou de Charles de Gaulle, et qui est la conscience de race.

7. La liberté de discrimination est le premier des droits de l’homme, étant plus nécessaire encore que la liberté d’opinion ou la liberté de circulation.

La discrimination est d’abord « l’action de discerner les choses en les distinguant les unes des autres avec précision » et le mot est aussi synonyme du choix qui en résulte. Ainsi, choisir, c’est discriminer. Ce n’est pas à l’État de décider à la place des individus qui choisissent et qui discriminent par là-même. L’interdiction par la loi de certaines discriminations jugées illégitimes par la puissance publique est donc tyrannique. Et cela peut aller très loin, puisque, dans la logique du métissage obligatoire évoqué par Jacques Ruffié, Albert Jacquard, puis Nicolas Sarkozy, il n’y a plus de « choix du conjoint ».

La liberté de discrimination découle en particulier du droit de propriété, qui implique dans son principe le droit d’exclure autrui discrétionnairement du bien dont on est propriétaire et de choisir au contraire tout aussi librement celui qui y sera admis.

L’homme est un animal territorial. Propriétaire ou locataire, on est libre de refuser l’entrée de son domicile à qui on veut sans avoir à répondre de ses motifs. On choisit librement ses invités. « Charbonnier est maître chez lui. » Le mot « appartement », dérivé d’un verbe italien qui signifie « séparer, mettre à part », suffirait à nous rappeler que vivre, c’est discriminer.

La discrimination prend une dimension métaphysique dans les religions du salut en général et dans le christianisme en particulier, puisque la justice divine n’accueille que les bons au paradis, tandis que les méchants sont rejetés en enfer : « Efforcez-vous d’entrer par la porte étroite » (Luc, XIII 24). Et encore : « Il y aura beaucoup d’appelés, mais peu d’élus » (Matthieu, XXII 14).

IV. De l’assimilation

1. Les Français de sang sont les Français de race caucasoïde dont la majorité des ancêtres en l’an mil étaient des sujets chrétiens du royaume de France ou des provinces voisines rattachées par la suite à la France et qui en font encore partie aujourd’hui.

Hormis les Français d’origine, comme les Québécois, à qui il ne manque que la nationalité pour être des Français de sang, les autres hommes sont pour la France des allogènes, quelle que soit leur nationalité, française ou étrangère, quel que soit leur lieu de naissance ou leur lieu de résidence, en France ou à l’étranger ; quel que soit aussi l’attachement qu’ils peuvent avoir pour la France, et quels que soient les services qu’ils lui ont éventuellement rendus. Le terme d’allogène n’a rien de péjoratif. Il est du reste relatif à la nation considérée : les Français de sang sont des allogènes pour les Allemands. On peut aussi parler des « allochtones », par opposition aux autochtones que sont les Français de sang.

2. Il y a trois sortes de Français selon la loi, bien que celle-ci ne marque aucune différence entre eux : les Français de sang, les Français d’adoption, allogènes assimilés, et les Français de papier, allogènes inassimilés.

Ces derniers ne sont pas de vrais Français. Les nationaux-libéraux en tirent la conséquence qu’ils doivent être déchus de la nationalité française, puis, sauf exception, réémigrés à plus ou moins long terme.

3. Pour être assimilé, un immigré, autrement dit un allogène, doit rejeter le communautarisme et se mêler aux Français de sang au lieu de rester à part avec ceux qui ont la même origine que lui.

Il faut donc qu’il parle français et qu’il ne pratique pas une religion l’excluant de la communauté nationale telle que le judaïsme ou l’islam.

Il n’y a pas de « Français par le sang versé » : si la France doit de la reconnaissance aux hommes qui ont combattu pour elle, cela ne suffit pas pour en faire de vrais Français à défaut d’assimilation.

La France ne pourra pas préserver son identité nationale sans la réémigration des masses inassimilées et inassimilables.

4. Le grand remplacement est la conséquence de l’immigration, qui est elle-même la conséquence de l’antiracisme, lequel est, à son tour, la conséquence de la religion de la Choah : il s’ensuit que le grand remplacement est la conséquence de la religion de la Choah.

C’est le théorème du grand remplacement.

5. Les Juifs sont des immigrés comme les autres, tout en étant particulièrement rebelles à l’assimilation en raison de leur religion, au même titre que les musulmans.

Expulsés de France en 1394, les Juifs ou Israélites n’étaient que quelques milliers en 1789. Ils ont immigré au XIXe et plus encore au XXe siècle, sans parvenir tous à s’assimiler, loin de là, étant, dans ce cas – et seulement dans ce cas –, des Juifs français plutôt que des Français juifs, « Juifs à la maison, Français dans la rue », selon leurs propres mots, tenus alors par leur choix personnel et en vertu de leur religion raciste à l’écart de la nation française pour former une communauté séparée, un corps étranger. En outre, les Juifs, lorsqu’ils sont inassimilés, font souvent allégeance à un autre pays que la France depuis la fondation de l’État d’Israël en 1948 : pour les Juifs français, le sionisme, nationalisme juif, conduit forcément au communautarisme et au séparatisme, deux notions en réalité équivalentes.

Tels sont les termes de la question juive aujourd’hui en France. En vérité, la réponse à cette question a été donnée par Stanislas de Clermont-Tonnerre dès 1789, quand les quelques Israélites qui étaient en France à l’époque ont été émancipés : « Il faut refuser tout aux Juifs comme nation dans le sens de corps constitué et accorder tout aux Juifs comme individus. Il faut qu’ils ne fassent dans l’État ni un corps politique ni un ordre ; il faut qu’ils soient individuellement citoyens. » Mais Napoléon a fait tout le contraire lorsqu’il a institué le consistoire israélite en 1808. Sous prétexte d’organiser le culte, il a officialisé le communautarisme juif.

Il n’y a pas de « peuple juif ». Il y a une ou deux ethnies juives coagulées ou coalisées par la religion, un peuple israélien et un peuple français, dont font partie les Juifs pourvu qu’ils soient assimilés et donc qu’ils rejettent le Talmud, lequel tient les non-Juifs pour des bêtes. Il n’y a pas non plus de « communauté juive » qui puisse être reconnue au sein de la république, car celle-ci n’admet pas d’autre communauté que la communauté nationale. À cet égard, si le groupe juif peut sans doute conserver sa particularité en restant attaché à certaines de ses traditions culturelles et religieuses, encore faut-il que celles-ci ne soient pas contraires aux exigences de la civilisation occidentale ni aux principes de la république française, et qu’elles ne viennent pas entamer l’unité nationale en mettant les Juifs à part des autres Français.

6. Réinformation : il est tout à fait absurde de parler de « judéo-christianisme ».

Le judaïsme actuel, qui est celui des pharisiens dont parle l’Évangile, est une religion orientale isomorphe de l’islam.

Le judaïsme est un islam raciste. La théorie du peuple élu est intrinsèquement raciste quand elle ne signifie pas, comme le pensent les chrétiens, que cette élection d’un peuple particulier avait pour seule fin de préparer la venue du Christ et qu’elle s’est achevée avec celui-ci et dans son Évangile destiné à tous les hommes, sans acception d’origine ou de nationalité.

Le livre saint propre aux Juifs actuels, le Talmud, est d’un racisme si délirant qu’il tient les non-Juifs pour des bêtes (« Vous êtes des hommes, tandis que les non-Juifs ne sont pas des hommes »), les non-Juifs étant appelés en hébreu « Goyim » (pluriel de Goy), terme de mépris et d’exécration. Le grand-rabbin d’Israël Ovadia Yosef estimait que les non-Juifs (Goyim) n’étaient nés que pour servir les Juifs et il les comparait à des ânes (sic).

Pour la Cabale, doctrine suivie par 80% des Juifs religieux, les Juifs sont des étincelles de la Divinité (Chékinah) dispersées au milieu du fumier des non-Juifs (Goyim), c’est-à-dire que ceux-ci ne sont même plus tenus pour des bêtes, mais pour des excréments ; il est difficile de faire mieux dans la haine et le mépris

Pour sa part, l’islam est un judaïsme universaliste, qui s’adresse à tous les hommes.

7. Comme l’a enseigné Jean Bodin (1576), nous appelons république, du latin res publica, tout régime politique voué au bien commun et qui, en conséquence, défend l’identité raciale et culturelle de la cité ou de la nation, homologue moderne de la cité antique, que ce régime soit monarchique, aristocratique ou démocratique.

Lorsque l’on appelle « république », comme on le fait ordinairement, tout régime qui n’est pas une monarchie, on met dans le même sac la république romaine, la république de Venise, la « république » jacobine de 1793, la IIIe république française, l’Union des « républiques » socialistes soviétiques, la république islamique d’Iran… en oubliant contradictoirement d’y ajouter l’État français du maréchal Philippe Pétain.

Selon la définition de Bodin, que nous avons adoptée, la prétendue Ière république, n’en était pas une, puisque c’était en réalité une tyrannie jacobine qui exerçait la terreur sur le peuple français. La IIIe république, qui en était bien une, quant à elle, n’est pas née de la révolution, mais au contraire, en 1871, de la contre-révolution que constitua l’écrasement de la Commune de Paris par Adolphe Thiers.

V. Du cosmopolitisme

1. La gauche, expression idéologique de l’utopie égalitaire, est écartelée entre deux pôles antagonistes, le collectivisme et le cosmopolitisme.

Le cosmopolitisme, qui vient du fond des âges, puisqu’il fut inventé vers -350 par un philosophe de l’Antiquité grecque, Diogène le cynique, a supplanté le marxisme, forme moderne du collectivisme, après la révolution de 1968, pour devenir l’idéologie dominante mondiale.

2. Le cosmopolitisme, ou idéologie cosmopolitique, est un tout qui fait système.

Les cosmopolites les plus conséquents en sont bien conscients, qui appellent à l’« intersectionnalité des luttes ».

Le cosmopolite, qui veut détruire les frontières, rejette non seulement, au nom de l’« unité du genre humain », de la « société ouverte », de la « diversité » ou du « vivre-ensemble », et en s’appuyant sur les mythes de l’écologisme comme le « réchauffement climatique » qui serait causé par l’homme, les frontières physiques et extérieures de la nation ; mais aussi, au nom de la « lutte contre les discriminations », du « refus de l’exclusion » ou encore de l’« inclusion », les frontières morales et intérieures de la société nationale, qui séparent les valeurs des anti-valeurs : le bien du mal, le beau du laid, le vrai du faux… ainsi que l’honneur de la honte, la vertu du vice, le normal de l’anormal, la pudeur de l’obscénité, le convenable de l’inconvenant, la distinction de la vulgarité, la politesse de la grossièreté, etc.

Les principaux procédés de la propagande cosmopolite sont, d’abord, le détournement de compassion, qui fait couler les larmes de la subversion au nom d’un humanitarisme frelaté ; ensuite, le détournement des droits de l’homme, pour fabriquer de faux droits au bénéfice des ennemis de la société ou de la nation ; enfin, le sarcasme, qui vise à discréditer l’homme de droite par le ricanement en évitant de discuter de ses idées au fond, tout en désacralisant les valeurs authentiques dont il se réclame.

3. Le cosmopolitisme est mondialiste.

Il poursuit l’utopie d’un État mondial, empire où se dissoudraient toutes les nations, et sape leur souveraineté en vue de les soumettre à une « gouvernance mondiale » dans le cadre d’un « nouvel ordre mondial ». C’est pourquoi il affirme la primauté du jus gentium, « droit international », il prescrit le « droit d’ingérence » au nom des « droits de l’homme », il instaure une justice supranationale et la « compétence universelle » des tribunaux pour punir les « crimes contre l’humanité ». Il multiplie les pseudo-traités qui font peser sur les États des obligations sans réciprocité au nom des droits de l’homme. Il exige l’indépendance des banques centrales pour abaisser les gouvernements en donnant le pouvoir monétaire et financier à des techniciens sans légitimité démocratique.

Immigrationniste et libre-échangiste, le cosmopolitisme promeut en outre la financiarisation de l’économie dans un monde sans frontières livré à la spéculation : d’où la délocalisation des emplois, la soumission des entreprises au cosmopolitiquement correct au rebours de leur mission propre et la formation d’entreprises hors-sol dites abusivement « multinationales ».

4. Le cosmopolitisme est avant tout nihiliste.

Il subvertit les valeurs et les institutions pour faire table rase de l’identité des peuples. Il s’attaque à la nation, à la famille, à l’armée, à la justice, à la religion, à la philosophie, à la morale, à l’histoire, à la science et à l’art sous toutes ses formes. La liste des méfaits qu’il a déjà accomplis et de ceux qu’il projette d’accomplir est interminable et ne saurait donc être exhaustive :

repentance historique et culpabilisation de la nation, dénigrement de l’histoire nationale, religion de la Choah, antiracisme, apologie du métissage, féminisme, délires LGBT, promotion de la transsexualité, apologie de la pédophilie, transhumanisme, vogue de la crémation, déconstruction de la philosophie, antipsychiatrie, pédagogisme dégradation du français, féminisation du vocabulaire, écriture inclusive, invasion de l’anglais, non-art dégénéré, danse et musique nègres, végétarisme et véganisme, décadence vestimentaire, tatouages, perçages et autres pratiques corporelles peu ragoûtantes… ;

et aussi, en projet, car le cosmopolitisme n’a pas de limites dans sa volonté de destruction des valeurs : euthanasie, aide au suicide, mères porteuses, libéralisation de la drogue, en attendant les manipulations génétiques et la création d’un « homme nouveau » selon le programme transhumaniste…

5. La révolution est l’expression de la gauche en action.

Pour les nationaux-libéraux, elle est intrinsèquement perverse, sous toutes ses formes – dès lors qu’il s’agit réellement d’une révolution, et non de la restauration des libertés traditionnelles, comme la prétendue « révolution » de 1688 en Angleterre –, puisqu’elle a pour objet d’abolir les traditions et d’écraser les libertés. L’entreprise révolutionnaire conduite par les cosmopolites depuis 1968 pour démolir la nation et la civilisation a été ponctuée – aux yeux des nationaux-libéraux – d’une longue série de lois scélérates, d’actes indignes, de symboles honteux.

Pour aller plus loin, voir la chronique de la révolution cosmopolite en annexe 2.

6. Les valeurs républicaines authentiques – grandeur, tradition, civilisation, nation, patrie, ancêtres, fraternité raciale, identité ; égalité civique, ordre, sécurité ; honneur, héroïsme, devoir, fidélité, liberté individuelle, responsabilité… – sont toutes contraires au cosmopolitisme.

7. Nous ne sommes plus en république.

La loi René Pleven du 1er juillet 1972, qui a proscrit la préférence nationale et créé le délit d’opinion au nom de l’antiracisme, a aboli la république pour établir l’État cosmopolite à la place.

Il a suffi d’une loi ordinaire pour changer radicalement l’esprit de la constitution, sans toucher à sa lettre.

Pour aller plus loin, voir la dissertation sur le cosmopolitisme en annexe 3.

VI. De l’oligarchie

1. Nous ne sommes plus en démocratie.

Le peuple ayant été domestiqué et réduit à l’état de foule par la peur de la catastrophe, climatique ou sanitaire, l’État français n’a plus que les apparences formelles de la démocratie. C’est aujourd’hui en réalité un régime oligarchique. Dans cette pseudo-démocratie, l’oligarchie invoque l’autorité fallacieuse des techniciens et des experts de tous ordres qui sont à son service pour assujettir le peuple en étouffant le débat politique.

2. La superclasse mondiale qui s’est formée à la fin du XXe siècle et l’oligarchie cosmopolite qui la représente dans chaque pays ne sont pas pour nous des adversaires, mais des ennemies.

Elles veulent détruire la nation et la civilisation. Aucun compromis n’est possible avec elles.

3. Définition : nous appelons superstructure mondiale le système de pouvoir formé depuis 1945 par les prétendues « organisations internationales », qui sont en réalité supranationales, et par les milliers d’ONG, « organisations non gouvernementales », qui gravitent autour de celles-ci.

On citera, d’une part, pour les « organisations internationales », l’ONU, l’OMS, le GIEC, l’UNESCO, le FMI, la Banque mondiale, l’OCDE, l’Union européenne, le Conseil de l’Europe, la Cour européenne des droits de l’homme, la Cour pénale internationale ; d’autre part, pour les ONG, Greenpeace, Amnesty International, Médecins sans frontières ou Reporters sans frontières, parmi tant d’autres.

La superstructure mondiale est le principal instrument de la superclasse mondiale pour assurer son hégémonie et imposer l’idéologie cosmopolitique.

4. Définition : les candaules, désignés ainsi par antonomase du nom du roi Candaule et pour traduire l’anglais cuck, sont les hommes classés à droite, mais soumis au cosmopolitiquement correct imposé par l’oligarchie.

5. L’oligarchie cosmopolite propage les âneries calamiteuses produites par le lyssenkisme et la pseudo-science dans tous les domaines : histoire, archéologie, sociologie, ethnologie, économie, droit, psychologie, pédagogie, biologie, écologie, climatologie, épidémiologie…

Trophime Denissovitch Lyssenko, agronome ukrainien, fut le biologiste préféré de Staline, puis de Khrouchtchev. Il dénonçait la génétique comme une science bourgeoise et même « nazie » parce qu’elle était contraire au marxisme et à sa prétention de créer un « homme nouveau ». Les lyssenkistes prolifèrent aujourd’hui dans de nombreux domaines de la science ou de l’histoire. Comme Lyssenko, ils font de la désinformation scientifique pour des raisons idéologiques.

Une pseudo-science est une discipline entière qui a les apparences de la science, mais qui est en réalité dépourvue de toute valeur scientifique. Sont notamment des pseudo-sciences le « matérialisme historique » de Karl Marx, la « pychanalyse » de Sigmund Freud, le pédagogisme de Philippe Meirieu, la « théorie pure du droit » de Hans Kelsen et la modélisation mathématique des phénomènes complexes, qu’il s’agisse de l’économie, du climat, des épidémies ou de l’évolution biologique.

6. Le prétendu « État de droit » est un État contre la loi qui met les juges au dessus du peuple en leur donnant le pouvoir de lui imposer l’idéologie cosmopolite de l’oligarchie.

Il va de pair avec la judiciarisation des rapports sociaux qui résulte notamment de la création incessante de délits tels que la discrimination ou le harcèlement et qui accroît l’emprise de l’État sur les individus en sorte de les soumettre au cosmopolitiquement correct.

Il est aggravé par la multiplication des « autorités administratives indépendantes », qui sont des démembrements de l’État et exercent un pouvoir arbitraire dépourvu de légitimité démocratique.

Le prétendu « État de droit » s’oppose à l’État légal qui était en vigueur avant 1968. Dans celui-ci, les magistrats ne peuvent pas juger contra legem, contre la loi, ni s’arroger le pouvoir exécutif en prescrivant des actes au gouvernement, sans se rendre coupables du crime de forfaiture. L’indépendance de la justice ne signifie pas que les juges puissent, au nom d’un prétendu « droit » qu’ils constitueraient de leur propre chef en inventant des normes, s’affranchir de la loi, c’est-à-dire des textes adoptés par le parlement ou directement par le peuple dans un référendum, ni que la jurisprudence puisse être autre chose qu’un complément de la loi. En principe, comme a dit Adrien Duport, « le jugement est la conclusion d’un syllogisme dont la mineure est le fait et dont la majeure est la loi ».

7. Le relativisme est une concession fatale à l’idéologie cosmopolite de l’oligarchie.

Nous, nationaux-libéraux, nous osons affirmer la vérité en reconnaissant les inégalités et les hiérarchies qui sont de fait, que cela plaise ou non – étant observé que ces jugements de connaissance n’impliquent ni mépris ni hostilité et ne sauraient contredire le principe d’égalité entre les citoyens ni justifier des discriminations illégitimes – : le christianisme est supérieur aux autres religions ; la civilisation occidentale est supérieure aux autres civilisations ; les arts des grandes civilisations sont supérieurs aux arts primitifs ; l’art classique est supérieur à l’art ou au non-art dégénéré ; la grande musique est supérieure à la musique populaire ; la musique occidentale est supérieure à la musique nègre ; les peuples indo-européens sont supérieurs aux peuples chamito-sémitiques ; la race caucasoïde est supérieure aux autres races ; le sexe fort est supérieur au sexe faible ; la France éternelle est supérieure aux autres nations ; le français est la plus belle des langues vivantes…

VII. De l’honneur et des principes

1. Sachant que le premier acte de la raison est la distinction entre le jugement de valeur et le jugement de connaissance, nous avons la religion de la vérité, au rebours des hommes de gauche, qui s’abîment dans les impostures de la pseudo-science et les délires de l’utopie.

L’envie et le mensonge sont les deux mamelles dont la gauche est alimentée. Nous, au contraire, nous acceptons la vérité même quand elle est déplaisante et nous rejetons l’erreur même quand elle est séduisante. Voilà pourquoi nous sommes affranchis du cosmopolitiquement correct.

2. Démocrates et républicains, attachés à la liberté individuelle, les nationaux-libéraux sont de droite modérée, et non d’extrême droite, tout en proclamant : « Pas d’ennemi à droite ! »

La formule « Pas d’ennemi à droite ! » ne doit pas être prise à la lettre, car les candaules qui nous attaquent deviennent par là-même nos ennemis. Elle signifie en réalité que nul ne devient notre ennemi simplement parce qu’il serait trop à droite.

3. Nation et liberté sont inséparables.

Un bon nationaliste est forcément libéral ; pour lui, l’État n’est pas la nation, ce n’est qu’un instrument au service de la nation, et il tient que le peuple ne peut être souverain que si les individus qui le composent sont libres. Un bon libéral est forcément nationaliste, car la personnalité, qui est à la racine de la liberté, ne peut s’épanouir qu’au sein de la communauté nationale. Ils sont nationaux-libéraux.

4. Le national-libéralisme est fondé sur l’universalisme de l’Incarnation proclamé par le christianisme occidental et philosophiquement incontestable.

Toutes les valeurs authentiques, bien qu’issues de traditions diverses, sont universelles à un certain degré d’abstraction et c’est la hiérarchie des valeurs, c’est-à-dire la manière dont sont résolus les conflits de valeurs, qui définit l’identité culturelle des peuples et des civilisations.

L’universalisme de l’Incarnation s’oppose radicalement au cosmopolitisme, qui est un faux universalisme, puisque les prétendues valeurs qu’il entend défendre sont en réalité des anti-valeurs destructrices de l’ordre social et de la civilisation.

5. Le national-libéralisme est l’expression doctrinale du populisme, réaction des peuples contre les oligarchies cosmopolites.

C’est la vraie réponse au cosmopolitisme, comme au collectivisme.

Les principaux maîtres à penser des nationaux-libéraux sont Edmund Burke, Gustave Le Bon, Vilfredo Pareto, Carl Schmitt, Konrad Lorenz, Friedrich-August von Hayek et Julien Freund.

6. « Liberté individuelle, égalité civique, fraternité raciale », telle est la devise des nationaux-libéraux.

La devise officielle de la France, « liberté, égalité, fraternité », qui fut d’abord celle de la principale obédience maçonnique, le Grand Orient de France, doit être précisée pour exprimer vraiment l’idéal de la république.

La liberté collective, si elle n’est pas synonyme de souveraineté nationale, est un leurre qui légitime la tyrannie. La liberté authentique s’applique à l’individu et à lui seul.

L’égalité au sein de la nation ne concerne que les citoyens ou nationaux, les deux termes étant strictement équivalents dans la république, et elle implique l’inégalité entre les citoyens et les étrangers.

La sociobiologie nous enseigne que la fraternité est nécessairement fondée, comme son nom le rappelle, sur la communauté de sang entre des individus apparentés, tenus au sens large pour des « frères ». Une certaine fraternité raciale peut sans doute exister entre tous les membres de la race caucasoïde, indépendamment de leur nation ou de leur civilisation, et s’exercer à l’égard des autres races ; cependant, la fraternité raciale à laquelle nous invite la devise républicaine bien comprise s’entend pour les membres d’une même nation, qui ont les mêmes ancêtres, étant précisé qu’ici l’adjectif « racial » et le nom « race » dont il dérive désignent le fonds génétique que ceux-ci partagent, et non la division de l’espèce dans la taxinomie linnéenne.

7. Notre honneur tient dans la fidélité à nos principes.

C’est pourquoi nous nous engageons sans réserve pour la cause sacrée du salut de la patrie et de la civilisation.

Annexe 1 : dissertation sur la race

suite du commentaire III.1

Taxinomie

L’homme est un être vivant. L’espèce homo sapiens appartient au genre homo (seule représentante aujourd’hui), à la famille des hominidés (même observation), à l’ordre des primates, où elle cohabite avec les singes, à la classe des mammifères, à l’embranchement des vertébrés, au règne animal, au domaine des eucaryotes, au monde vivant.

La classification des êtres vivants est fondée exclusivement sur leur patrimoine héréditaire, leur génotype, en aucune façon sur leur phénotype, bien que ce fût seulement par celui-ci que l’on pouvait connaître celui-là avant que l’on pût faire l’analyse directe de l’ADN.

La division des espèces en races est absolument générale. Elle n’est pas réservée aux animaux domestiques, chiens ou chats, ni aux animaux d’élevage comme les chevaux, les bovins, etc., bien que pour ces deux catégories la sélection artificielle réalisée par l’homme ait multiplié les races bien davantage que ne l’a fait la sélection naturelle pour les espèces sauvages. On trouve, par exemple, quatre races de chimpanzés – espèce la plus proche de la nôtre –, deux races de gorilles, trois races d’orangs-outangs, trente-huit races de loups, quarante-cinq races de renards, vingt-deux races de ratons-laveurs, neuf races de girafes, deux races de kangourous… et donc cinq races d’hommes : caucasoïdes, mongoloïdes, congoïdes, capoïdes et australoïdes.

L’usage courant de parler pour les races humaines de « blancs », de « jaunes » et de « noirs » est triplement inadéquat.

Primo, il n’y a pas trois races humaines, mais cinq. Il y a trois races de « noirs » : les congoïdes, les capoïdes et les australoïdes, lesquelles n’ont en réalité rien à voir entre elles. Certes, les capoïdes, qui tirent leur nom de la province du Cap en Afrique du sud et qui sont représentés par les Boschimans et les Hottentots, sont aujourd’hui très métissés de congoïdes, mais ils formaient originellement une race sans rapport avec la leur. Quant aux australoïdes, représentés par les aborigènes australiens, les Mélanésiens, comme les Papous et les Canaques, les Négritos du Sud-Est asiatique, les Veddas de Ceylan (aucun rapport avec les Védas, livres sacrés de l’hindouisme !), les aborigènes de l’Inde, enfin les Aïnous, aborigènes du Japon, ils forment également une race indépendante du même niveau taxinomique que les congoïdes et les trois autres races humaines.

Secundo, ces couleurs conventionnelles sont trompeuses. Caucasoïdes ou non, les hommes n’ont jamais la peau blanche, à l’exception des albinos, et on en trouve dans toutes les races ; les albinos congoïdes ont la peau parfaitement blanche, comme ceux des autres races. Nul homme non plus n’a la peau noire ; les congoïdes qui ont la peau la plus foncée, et qui sont au Sénégal ou au Mali, sont en réalité des « bruns ». Les mongoloïdes ont souvent la peau jaune, il est vrai, mais c’est très loin d’être toujours le cas ; beaucoup de Japonais ont la peau aussi claire que les Français ; et les populations du Sud-Est asiatique, en dehors du Vietnam, de même que les Mérinas de Madagascar, venus d’Indonésie, ont la peau brune et non jaune – ce qui, il est vrai, est probablement dû à un métissage ancien avec les aborigènes australoïdes.

Tertio, ces termes ont le grave inconvénient de faire uniquement référence à la couleur de la peau. Celle-ci a beau apparaître en premier lieu sous le regard et avoir en conséquence un important rôle social, elle est négligeable sur le plan biologique en tant que caractère racial. La réduction de la race à la couleur de la peau est une ânerie scientifique et une arme de désinformation pour ceux qui nient absurdement l’existence des races humaines ou qui, s’ils l’admettent à contre-cœur, soutiennent bien à tort que les différences raciales ne seraient que peu de chose.

La couleur de la peau est d’autant moins pertinente pour la taxinomie raciale que la pigmentation ne dépend pas seulement des gènes, mais aussi de l’exposition aux rayons du soleil. Les nouveaux-nés de toutes les races, tout juste sortis du ventre de leur mère, ont toujours la peau claire. Un pur nordique, blond aux yeux bleus, à la peau normalement très claire, peut l’avoir presque aussi foncée qu’un congoïde s’il a bronzé pendant des dizaines d’heures sous un soleil éclatant.

Les races ou sous-espèces ne sont nullement homogènes, loin s’en faut ; elles sont au contraire subdivisées à leur tour en de nombreuses sous-races (terme de taxinomie qui n’a rien de péjoratif), lesquelles sont en général mélangées intimement au sein d’une même population. Par exemple, pour la race caucasoïde, en France, on trouve les sous-races alpine, méditerranéenne et nordique, qui semblent se rapporter respectivement aux trois couches successives qui ont formé la population française, les chasseurs ouest-européens du paléolithique étant plutôt alpins, les paysans anatoliens du néolithique, plutôt méditerranéens, les conquérants indo-européens de l’âge du bronze, plutôt nordiques.

La « race aryenne » dont on parlait autrefois était un autre nom donné à la sous-race nordique de la race caucasoïde. Du reste, l’emploi du même mot, « race », dans deux acceptions, y compris par les spécialistes, pour désigner deux niveaux de la taxinomie est regrettable, étant une source de confusion. Il vaut mieux réserver le mot « race » aux sous-espèces et parler de « sous-races » pour les subdivisions de la race.

Paralogismes

La race n’est pas un concept dépassé qui remonterait au XIXe siècle. D’abord, la notion de race est en réalité plus ancienne, puisqu’elle a été définie au XVIIIe siècle par Carl von Linné, savant suédois qui a élaboré la première classification des êtres vivants (1758). Ensuite, la connaissance scientifique est un processus cumulatif. Les savants du XIXe siècle ont perfectionné la raciologie, l’étude des races, notamment pour notre espèce, homo sapiens. Le naturaliste anglais Charles Darwin a fait de la race l’élément central de l’évolution dans son fameux livre de 1859, « On the origin of species » (titre qu’il faut traduire correctement : « De la genèse des espèces », et non : « De l’origine des espèces », comme on le fait d’ordinaire), puisqu’il définissait la sélection naturelle, dans le titre complet de son ouvrage (« On the origin of species by means of natural selection, or the preservation of favoured races in the struggle for life »), comme la « conservation des races avantagées dans la lutte pour la vie ». Au XXe siècle, le grand anthropologue américain Carleton Coon a établi la classification définitive des races humaines (1965). L’analyse de l’ADN n’a fait ensuite que confirmer ces analyses.

La terminologie adoptée par Coon renvoie conventionnellement chacune des cinq races à une région de référence : Caucase, Mongolie, Congo, province du Cap en Afrique du sud, Australie, sans que ces régions fussent nécessairement le foyer de dispersion de la race en question. Ni qu’elles fussent, avant les grandes découvertes et la colonisation qui a suivi, le centre de gravité de la répartition géographique de la race ; ce n’est le cas que pour le Caucase et le Congo, mais ce ne l’est ni pour la Mongolie ou l’Australie, ni même pour la province du Cap.

Il est absurde de reprocher aux anthropologues de mesurer les crânes humains et de calculer leur indice céphalique pour distinguer dolichocéphales, mésocéphales et brachycéphales. La science repose sur la mesure, ici sur celle des squelettes, dont les os du crâne. Avant l’analyse de l’ADN et la paléogénétique, qui sont des disciplines récentes, on n’avait pas d’autre moyen d’étudier les fossiles.

Précisons que l’haplogroupe paternel, qui caractérise le seul chromosome Y, soit un sur quarante-six, ne représente qu’une très petite partie du génome (100 gènes sur 20.000) et qu’il ne suffit pas à délimiter la race puisqu’il y en a de multiples dans une même race. De surcroît, il est particulièrement susceptible de se diffuser par métissage, les conquérants ou les marchands ayant une tendance prononcée à prendre femme dans le pays où ils s’installent. Par exemple, l’haplogroupe R1b, majoritaire en France et qui nous vient des conquérants indo-européens, était à l’origine purement caucasoïde, mais on le retrouve aujourd’hui dans certaines régions d’Afrique noire.

Dans quelque domaine que ce soit, toute classification repose sur certains critères, et sur eux seulement, à l’exclusion de tous les autres, en sorte qu’un élément ou un individu peut être plus proche à d’autres égards et selon d’autres critères d’un individu d’une autre catégorie que d’un individu de la même catégorie. C’est le paradoxe de la taxinomie. Par exemple, dans une bibliothèque où les livres sont classés par genre, un essai et un roman écrits dans la même langue par le même auteur auront plus d’affinités, au moins pour ces deux critères, et probablement pour d’autres, que deux essais ou deux romans écrits dans deux langues différentes par deux auteurs différents. De même, dans l’espèce humaine, une femme jeune et mince de race caucasoïde ressemblera plus à une autre femme également jeune et mince, mais de race mongoloïde, qu’à un homme vieux et corpulent de sexe masculin, fût-il de race caucasoïde comme elle. Le classement selon la race ne recoupe évidemment pas le classement selon le sexe ou selon l’âge.

C’est encore un paralogisme d’invoquer la diversité des groupes sanguins au sein de chaque race pour nier l’existence de celles-ci. La classification raciale ne se fonde pas sur ces caractères, bien que la proportion de ces groupes varie selon les races. La meilleure preuve en est que le système ABO dépasse la barrière des espèces et qu’on le retrouve chez les singes. Il vaudrait mieux, pour un homme de groupe O, recevoir le sang d’un chimpanzé du même groupe, que d’un autre homme d’un groupe différent, fût-il de sa famille et de sa race !

Évacuons aussi le paradoxe de la continuité. De même que le spectre lumineux présente un continuum de couleurs, ce qui ne signifie pas que les couleurs n’existent pas, on trouve un continuum de populations entre les races. Ainsi, du Sin-Kiang à la Bulgarie, il y a tous les stades intermédiaires entre mongoloïdes et caucasoïdes ; de même, du Liban au Kénya, en passant par la Corne de l’Afrique – Éthiopie, Érythrée, Somalie –, entre caucasoïdes et congoïdes. Ces transitions progressives sont dues à des métissages fort anciens.

Pour autant, la classification des races n’a rien d’arbitraire. Elle repose sur l’évolution génétique des populations préhistoriques réparties sur tout l’Ancien Monde et qui ne communiquaient pas ou très peu entre elles, étant observé que le cheval et le chameau n’ont été domestiqués qu’en -3000 et que les périodes glaciaires ont établi des barrières difficilement franchissables entre des populations éloignées. La seule question, non tranchée à ce jour, est de savoir si les races humaines se sont dissociées il y a un million d’années ou davantage, thèse dite polycentrique soutenue notamment par Carleton Coon, ou si elles l’ont fait il y a seulement 300.000 ans, thèse dite monocentrique, laquelle suppose que l’homme moderne ait exterminé partout les populations archaïques.

Evidemment, le fait que les individus de races différentes puissent avoir des enfants ne signifie pas que les races n’existent pas, mais simplement qu’elles ne sont pas au niveau taxinomique de l’espèce. En effet, c’est l’absence d’interfécondité qui permet, par définition, de distinguer des espèces voisines. Puisque les individus des diverses races appartiennent à la même espèce, ils sont donc interféconds et peuvent se croiser s’ils ne sont pas de même sexe. Un métis est un individu dont les ancêtres appartiennent à deux ou plusieurs races, et non à une seule. Il peut être aussi dit plus précisément biracial ou pluriracial, par opposition à un individu d’une seule race, uniracial.

La pureté raciale absolue n’est pas nécessaire pour être qualifié d’uniracial, dès lors que les races secondaires n’ont laissé que des traces négligeables. Pour une définition rigoureuse, on peut adopter la règle du seizième : un individu sera tenu pour uniracial, et non comme métis, si la part des autres races que la race principale dans son patrimoine héréditaire est inférieure à un seizième.

Sur un total de huit milliards d’hommes, la population mondiale compte au moins un milliard de métis, qui sont surtout en Amérique du sud, en Amérique centrale, aux États-Unis d’Amérique, en Afrique du nord, dans la Corne de l’Afrique, en Afrique du sud, à Madagascar et dans les autres îles de l’Océan Indien, en Turquie et dans les autres pays turciques – où la population est presque entièrement métisse, hormis les minorités ethniques –, en Russie, dans le sous-continent indien et dans le sud-est de l’Asie.

Caractéristiques

L’égalité n’étant pas dans la nature, les races ne sauraient être égales. C’est ainsi que le QI moyen des congoïdes d’Afrique noire est de 70, inférieur de 15 points à celui des caucasoïdes d’Afrique du nord, du reste métissés de congoïdes, et de 30 points à celui des caucasoïdes d’Europe. Les congoïdes des États-Unis d’Amérique, qui sont en réalité métissés de caucasoïdes à 25%, ont un QI moyen inférieur de 15 points à celui des caucasoïdes du même pays. Les australoïdes ont un QI moyen inférieur de 40 points à celui des caucasoïdes occidentaux. Il est certain que ces différences de phénotype sont imputables essentiellement aux différences de génotype.

Inégalité des races humaines, donc, ainsi que le proclamait Arthur de Gobineau dans son fameux Essai de 1855, ouvrage monumental et magnifique, quoique non scientifique, ou plutôt pré-scientifique, l’état des connaissances étant alors loin d’être suffisant pour arriver à des conclusions assurées, et quoique en outre le grand écrivain ait mythifié la sous-race nordique de la race caucasoïde, qu’il appelait « race ariane », aux dépens des autres sous-races qui constituent avec celle-ci le fonds génétique de la nation française.

Jules Ferry – ancien ministre de l’instruction publique, ancien président du conseil, fondateur de l’école laïque –, qui avait sans doute lu Gobineau, n’a pas dit autre chose quand il a souligné la grandeur de la colonisation française dans son fameux discours de 1885 à la chambre des députés : « Messieurs, il faut parler plus haut et plus vrai ! Il faut dire ouvertement qu’en effet les races supérieures ont un droit vis-à-vis des races inférieures… Je répète qu’il y a pour les races supérieures un droit, parce qu’il y a un devoir pour elles. Elles ont le devoir de civiliser les races inférieures. »

Il va de soi, encore faut-il le souligner pour prévenir les mauvais procès que de méchantes gens ne manqueraient pas de nous faire, que la reconnaissance de cette inégalité entre les races, qui est un fait, n’implique aucun jugement de valeur et ne justifie nullement des discriminations illégitimes entre les individus ou les catégories d’individus. Pour les nationaux-libéraux, qui sont attachés au principe républicain de l’égalité civique, les discriminations opérées par la puissance publique ne sont légitimes que si elles sont fondées sur la nationalité, donc sur la préférence nationale, d’une part, ou sur les capacités individuelles, d’autre part.

On doit préciser en outre qu’il ne s’agit ici que de différences moyennes. Il en résulte que de nombreux congoïdes ont un QI supérieur à celui de nombreux caucasoïdes.

La question qui reste ouverte, dans le cas du QI notamment, est de savoir si ce sont des différences intrinsèques liées à la race, autrement dit aux gènes et autres séquences d’ADN qui caractérisent la race, ou si ce sont des différences extrinsèques, qui résulteraient de gènes non raciaux, associés par les circonstances aux gènes raciaux.

Quoi qu’il en soit pour le QI en particulier, il est certain que les diverses races ont des caractéristiques propres qu’elles ne partagent pas avec les autres. Il est important de comprendre que les races ne se réduisent pas à des différences statistiques entre populations. Ce point de vue réductionniste est erroné. Il y a une essence de la race. Il est cependant remarquable que, s’il y a un type alpin, un type méditerranéen, un type nordique, on ne peut pas parler d’un « type caucasoïde ». Ainsi, c’est la sous-race qui constitue l’unité élémentaire de la raciologie.

Il est certain que les gènes raciaux, ceux qui caractérisent la race, ont autant d’effets sur le moral que sur le physique. C’est pourquoi l’identité d’une société, qui est un système bioculturel, est liée à la composition raciale de sa population.

De surcroît, on peut inférer de la sociobiologie d’Edward Wilson, complétée par la théorie du gène égoïste de Richard Dawkins, que les individus de même race éprouvent normalement les uns pour les autres un sentiment de solidarité raciale. La conscience de race est une source d’altruisme, mais elle peut aussi dégénérer en haine raciale. La race est, en ce sens, une coalition de gènes qui favorise la coopération entre les individus de même race, tout en étant susceptible de conduire à un affrontement entre populations de races différentes, lorsque celles-ci cohabitent sur un même territoire, comme on le voit depuis longtemps aux États-Unis d’Amérique, où le lancinant « problème noir » attend toujours une solution. Ainsi, les sociétés multiraciales sont instables. Elles sont des foyers de guerre civile.

Références

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Annexe 2 : chronique de la révolution cosmopolite

suite du commentaire V.5

La série de lois scélérates, d’actes indignes, de symboles honteux – jugés comme tels par les nationaux-libéraux – que l’on doit à la révolution cosmopolite depuis 1968 est si longue qu’il est impossible de les citer tous :

festival de Woodstock, aux États-Unis, organisé par Michael Lang, apothéose du mouvement hippie, coup d’envoi de la nouvelle ère (1969), en France, loi sur l’autorité parentale, qui a supprimé le chef de famille (1970), « Gay Pride » ou « marche des fiertés homosexuelles », à New-York, première d’une longue série de manifestations caractérisées par la violence de l’outrage aux bonnes mœurs (1970), fondation par Klaus Schwab du Forum économique mondial de Davos, en Suisse, haut lieu de rassemblement des membres les plus éminents de la superclasse mondiale (1971), en France, décision du Conseil constitutionnel sur la liberté d’association, qui invoquait les « principes généraux du droit », pierre angulaire du prétendu « État de droit », pour censurer les lois adoptées par le Parlement (1971), loi sur la filiation, qui a légitimé les enfants adultérins (1972), loi René Pleven sur l’antiracisme qui a créé le délit d’opinion et prohibé la préférence nationale (1972), ratification par la France de la Convention européenne des droits de l’homme (1974), légalisation de la pornographie par le président Valéry Giscard d’Estaing (1974), loi sur la régulation des naissances, qui a donné aux lycéennes le droit de prendre la pilule à l’insu de leurs parents (1974), loi Simone Veil légalisant l’avortement (1975), arrêt Jacques Vabre de la Cour de cassation affirmant la supériorité du droit de la Communauté européenne sur le droit national (1975), divorce par consentement mutuel (1975), loi René Haby instituant le collège unique égalitaire (1975), décret Paul Dijoud sur le regroupement familial (1976), décret rendant la mixité obligatoire dans les lycées (1976), droit de recours individuel des Français devant la Cour européenne des droits de l’homme (1981), loi Robert Badinter abolissant la peine de mort (1981), fermeture des quartiers de haute sécurité dans les prisons (1982), marche des Beurs (1983), loi bancaire, premier acte de la réforme inspirée par Jean-Charles Naouri, inspecteur des finances, futur associé-gérant de la banque Rothschild, réforme qui a institué la « banque universelle » en supprimant la séparation des banques de dépôt et des banques d’affaires et qui a déréglementé les marchés financiers, en sorte de donner libre cours à la spéculation (1984), projection à Paris du film blasphématoire de Martin Scorsese, La dernière tentation du Christ (1988), arrêt Nicolo du Conseil d’État affirmant la supériorité du droit international sur le droit national (1989), loi Jean-Claude Gayssot interdisant le révisionnisme (1990), traité de Maëstricht créant une prétendue « citoyenneté européenne » (1992), déclaration de Rio de Janeiro sur le « développement durable » (1992), nouveau code pénal inspiré par Robert Badinter, qui a favorisé l’explosion de la délinquance en consacrant l’individualisation des peines, en créant une responsabilité pénale des personnes morales qui avait vocation à se substituer à celle des personnes physiques, et en abolissant le crime de forfaiture (1994), création de l’OMC; Organisation mondiale du commerce, qui avait pour vocation de faire disparaître les frontières douanières (1995), loi Michel Barnier proclamant le « principe de précaution » (1995), discours du président Jacques Chirac sur le Vél’d’Hiv (1995), distribution gratuite de seringues aux drogués (1995), loi sur le blanchiment, ajoutant cette incrimination générale au recel et à la complicité, et qui a porté atteinte à la liberté financière et au droit de propriété des personnes physiques ou morales en soumettant leurs opérations au bon vouloir des banques (1996), glorification de la victoire d’une équipe de France « black-blanc-beur » à la coupe du monde de balle au pied (1998), suppression de la monnaie nationale française, le franc, remplacée par une monnaie européenne, l’euro (1999), abrogation par le parlement des États-Unis de la loi Glass-Steagall, mesure qui a ouvert la voie à la spéculation en faisant disparaître la barrière établie par cette loi entre les banques de dépôt et les banques d’affaires (1999), en France, institution du PACS, pacte civil de solidarité (1999), loi sur la parité (2000), loi Christiane Taubira qualifiant l’esclavage de « crime contre l’humanité » (2001), suppression à l’initiative de Nicolas Sarkozy, ministre de l’intérieur, de la prétendue « double peine » (2003), charte de l’environnement (2004), traité de Lisbonne sur l’Union européenne (2007), parmi tant d’autres du même acabit, mise en scène dégénérée due à Günter Kramer de la Walkyrie de Richard Wagner, à l’Opéra de Paris (2010), représentation au Théâtre de la Ville à Paris de la pièce blasphématoire et scatologique de Romeo Castelluci, Sur le concept du visage du fils de Dieu (2011), introduction de la théorie du genre à l’école par Luc Chatel, ministre du président Nicolas Sarkozy (2011), loi Christiane Taubira instituant le mariage homosexuel (2013), profanation de l’église de la Madeleine (2013), attribution du prix Renaudot, dont le jury était présidé par Franz-Olivier Giesbert, au pédophile Gabriel Matzneff pour Séraphin, c’est la fin (2013), hommage rendu au terroriste Nelson Mandela, promoteur de la prétendue « nation arc-en-ciel », par une centaine de chefs d’État ou de gouvernement, dont François Hollande (2013), « plug anal » de la place Vendôme (2014), manifestation de masse au cri de « Je suis Charlie ! » (2015), accord de Paris sur le climat (2015), « salles de shoot » (2016), Simone Veil au Panthéon (2018), pacte de Marrakech sur l’immigration (2018), glorification de la victoire d’une équipe de France composée presque uniquement de congoïdes à la coupe du monde de balle au pied (2018), confinement général de la population (2020), passe sanitaire (2021), Joséphine Baker au Panthéon (2021), soutien sans nuances de la France et de l’Union européenne au président ukrainien, le très cosmopolite Volodymyr Zelensky (2022), voyage pénitentiel effectué par le pape François au Canada pour demander pardon de l’évangélisation des autochtones (2022)…

Comme on le voit, la chronique de la révolution cosmopolite est interminable. La réaction républicaine est la volonté d’effacer toutes ces choses pour les renvoyer dans les poubelles de l’histoire.

Annexe 3 : dissertation sur le cosmopolitisme

suite du commentaire V.7

Logique de l’utopie égalitaire

Comme on ne peut concevoir de rapports sociaux sans une forme quelconque d’inégalité, l’utopie égalitaire signifie en réalité que, dans la société idéale imaginée par la gauche, les inégalités ancrées dans la nature ou dans la tradition auront disparu, remplacées par celles qui résulteront de la nouvelle construction sociale parfaitement rationnelle et qui seront donc légitimes, à la différence des anciennes, lesquelles auront été définitivement abolies. Au sens strict, on devrait donc plutôt parler d’utopie anti-inégalitaire.

Le collectivisme veut absorber les individus dans la collectivité en sorte qu’ils soient égaux, dès lors qu’ils ne seront plus rien. L’utopie égalitaire est ici conçue paradoxalement sur le mode de la caserne, où les seules inégalités qui subsisteront seront purement administratives. Il a abouti au socialisme, lequel s’est radicalisé, d’une part, dans le communisme, d’autre part, dans le fascisme. Si le second a été inventé par l’Italien Benito Mussolini au début du XXe siècle, le premier est beaucoup plus ancien, puisqu’il l’a été par l’Iranien Mazdak au VIe siècle. Le communisme de Platon dans La République était resté purement théorique et n’avait rien d’égalitaire, reposant sur le division de la société en classes fonctionnelles constituées d’individus inégaux par nature. Cependant, avant la révolution de 1789 et surtout la naissance du marxisme au XIXe siècle, le collectivisme a été toujours et partout relégué à la marge de la société, porté seulement par des sectes millénaristes comme les taborites de Bohême ou les anabaptistes de Münster.

Unité du cosmopolitisme

Tout au contraire, le cosmopolitisme, quant à lui, qui vient du fond des âges, puisqu’il fut inventé vers -350 par un philosophe de l’Antiquité grecque, Diogène le cynique, a connu une grande fortune jusqu’à la chute de l’empire romain et à nouveau à partir de la « Renaissance ». Le cosmopolite, qui se dit « citoyen du monde », kosmopolitês en grec, pour n’être citoyen de nulle part, veut détruire les frontières afin d’effacer les identités individuelles et collectives. L’utopie égalitaire est alors conçue sur le mode du carnaval, où les individus seront délivrés des inégalités fondées sur les traditions et les institutions en ayant recouvré la liberté naturelle.

Le cosmopolitisme est un tout qui fait système, bien qu’un auteur particulier puisse n’être que partiellement cosmopolite et bien que les idées aient tendance à s’hybrider, surtout entre les deux pôles de la gauche, puisque, tout antagonistes qu’ils soient, ils ont un socle commun, l’utopie égalitaire. La cité est un tout, avec ses frontières, ses traditions et ses lois. Le cosmopolite rejette la cité en totalité, aussi bien les frontières que les traditions et les lois ; les frontières proprement dites, physiques et extérieures, autant que les frontières morales et intérieures de la cité, qui séparent le bien du mal, le beau du laid, le vrai du faux et, plus généralement, les valeurs des anti-valeurs. Dans le cosmopolitisme, mondialisme et nihilisme sont comme systole et diastole.

Le cosmopolitisme ne justifie pas à proprement parler la « transgression individuelle », expression qui suppose des normes morales à transgresser, c’est un nihilisme qui récuse toutes les valeurs authentiques. La transgression individuelle est sans doute compatible avec le patriotisme, mais non le nihilisme.

Cette unité du cosmopolitisme sous ses deux faces, son envers et son endroit que sont le nihilisme et le mondialisme, est un fait de l’histoire des idées. C’est en outre une nécessité logique. Si l’on rejette l’identité nationale, on n’a aucun motif à être attaché à la souveraineté nationale qui a pour objet de la protéger. Si l’on rejette la souveraineté nationale, c’est qu’on ne se soucie pas de l’identité nationale.

Empire et cosmopolitisme

La généalogie du cosmopolitisme après Diogène est un phénomène vaste et complexe, dont le tableau est impressionnant. Il est indissociable depuis l’origine de l’idéal de l’empire, on peut même dire qu’il est à son principe, comme le montre l’admiration qu’Alexandre le grand, qui avait mal assimilé les leçons de son précepteur Aristote, témoignait à Diogène : « Si je n’étais pas Alexandre, je voudrais être Diogène ». L’empire, imperium en latin, est la forme institutionnelle qui répond à l’idéologie cosmopolitique. C’est en effet une autorité sans attaches qui s’impose aux sociétés particulières en effaçant les frontières qui les séparent et qui a vocation à englober l’humanité entière dans un État mondial. Il est dans l’essence de l’empire de s’opposer à la cité ou à la nation, forme moderne de la cité, autant qu’aux différences ethniques ou raciales. C’est ainsi que le Saint-Empire Romain Germanique avait pris comme patron l’Égyptien saint Maurice et que celui-ci avait fini par être représenté sous les traits d’un congoïde.

L’empire au sens strict n’est pas un simple agglomérat soumis à un seul sceptre, comme le furent les prétendus empires assyrien ou babylonien, l’empire mède fondé par Déjocès qui a précédé l’empire perse achéménide ou comme le seront bien plus tard les « empires coloniaux » de la France et des autres pays occidentaux. C’est une entité politique originale qui demande à tous les peuples qu’elle incorpore de reconnaître son autorité, son imperium, comme légitime, au delà du simple rapport de forces, et qui a vocation à s’étendre à tous les peuples de la terre, justement parce qu’il tient son autorité comme la seule source du pouvoir légitime.

Le premier véritable empire fut l’empire perse achéménide fondé par Cyrus en -550. Alexandre ne l’a pas détruit, il s’en est emparé en en prenant la succession. Mais le zoroastrisme, religion des Grands Rois ou « rois des rois », ne leur avait jamais fourni le corpus idéologique qui aurait pu fonder cette autorité. Cyrus et ses successeurs n’avaient pas la théorie de leur pratique. En revanche, Alexandre, ses successeurs lagides et séleucides, et les empereurs romains à leur suite la trouveront dans le cosmopolitisme du cynisme et du stoïcisme.

Du cynisme au stoïcisme

Diogène le cynique, qui a inventé le cosmopolitisme, lui a attribué d’emblée une formule chimiquement pure. Bien qu’elle ait survécu sous son nom jusqu’à la fin de l’empire romain au Ve siècle ap. J.-C., l’école cynique proprement dite a perdu toute influence après la mort de Diogène et de ses disciples immédiats, et c’est par l’intermédiaire du stoïcisme de Zénon de Citium que le cosmopolitisme a prospéré et qu’il été transmis à la postérité et jusqu’à nous.

Zénon était disciple du cynique Cratès de Thèbes, lui-méme disciple de Diogène. Autant dire que le stoïcisme est en réalité une philosophie jumelle, et même un clone du cynisme. Zénon n’a fait que changer l’enseigne du cynisme, qui était trop lourde à porter. L’adjectif grec « kunikos », qui a donné cynique en français, signifie « canin », « qui se rapporte au chien », kuôn en grec. L’idéal que proclamaient les cyniques était le retour à la nature et ils se vantaient de vivre comme les chiens. Provocateur, Diogène se masturbait en public… On comprend qu’une telle philosophie pouvait difficilement prospérer sous ce nom, du moins dans la bonne société, et qu’il fallait qu’elle prît un déguisement. Elle est donc devenue le « stoïcisme », le stoïcien, « stôikos » en grec, tirant son nom du portique, « stoa », galerie à colonnade, où Zénon enseignait à ses disciples. La référence était nettement plus élégante… Le stoïcisme, c’est le cynisme en tenue de camouflage. La survivance résiduelle d’un cynisme canal historique a permis aux penseurs du stoïcisme d’effacer le souvenir des origines compromettantes de leur école.

À l’origine, la seconde école était tout aussi radicale que la première, qu’elle copiait à l’identique, puisque Zénon faisait notamment l’éloge de l’inceste et du cannibalisme… Mais ses héritiers ont détruit ses ouvrages les plus scandaleux et c’est une version édulcorée, dans laquelle le noyau anti-moral des origines était enveloppé dans une morale universelle désincarnée, tout en gardant son potentiel subversif latent, qu’elle est devenue l’idéologie officielle de l’empire. Presque tous les successeurs d’Alexandre le grand, souverains des dynasties séleucide ou lagide, se déclarèrent stoïciens. Après eux, ce fut celle de l’empire romain, sous Marc Aurèle, surplombant le culte que le peuple continuait à rendre aux dieux.

Le stoïcisme est le plus grand succès de communication de l’histoire de la philosophie. Il faut dire que la réputation des hommes et des idées obéit à la loi de rétroaction positive, par l’effet de l’imitation et du conformisme, en sorte que, plus elle est élevée, plus elle a tendance le devenir, moins il est facile de la contester, plus il est avantageux de l’avaliser. La postérité n’est pas toujours le juge impartial de la réputation que l’on croit, loin de là, il arrive souvent au contraire qu’elle véhicule indéfiniment des idées fausses et qu’elle favorise leur diffusion exponentielle.

Le stoïcisme est devenu synonyme du courage pour supporter le fardeau des malheurs. Mais ce succès repose sur le mensonge et l’hypocrisie. L’indifférence aux coups du sort qui reste la pierre de touche des stoïciens et qu’ils ont hérités de Diogène et de Zénon est une attitude purement égoïste. Ce n’est pas pour rien que l’empereur Marc Aurèle a écrit des « Pensées pour moi-même ». Épictète célèbre l’amitié tout en nous expliquant que nous ne devons pas être affectés le moins du monde par les malheurs qui arrivent à notre ami. Le stoïcien ne doit pas non plus éprouver la moindre peine de la mort de son enfant. Ce que les stoïciens veulent nous faire prendre pour de la vertu n’est qu’une indifférence aux autres qui doit nous éviter la souffrance que pourrait nous causer la compassion ou l’amour que nous leur porterions. Il ne leur est jamais venu à l’idée d’aimer son prochain comme soi-même et cette pensée leur semblait même absurde et farfelue. Mais cela ne les empêchait pas de prêcher hypocritement le principe de l’amour universel ! Les stoïciens se drapaient dans de grands sentiments pour se mettre au dessus du commun des mortels en occultant leur égoïsme foncier. Le stoïcisme est une escroquerie intellectuelle et morale. Il est incroyable que cette éthique en toc lui ait donné jusqu’à nous la plus belle des réputations. Et l’on voit d’où viennent les formules creuses de l’humanitarisme ou de la philanthropie qui sévissent aujourd’hui !

Le soi-disant « citoyen du monde » ne peut avoir une morale authentique puisqu’il renie la tradition et la révélation. C’est pourquoi le stoïcien professe en réalité, derrière la façade en stuc d’un discours prétentieux, un égoïsme et un utilitarisme qui sont aux antipodes de l’honnêteté morale.

En 212, l’édit de Caracalla a conféré la citoyenneté romaine à tous les hommes libres de l’empire. Mais, déjà, un siècle plus tôt, le stoïcien Épictète soutenait que l’on ne devait pas dire : « Je suis athénien, ou je suis romain », mais « je suis un citoyen de l’univers ».

Résurgence du stoïcisme et du cosmopolitisme

L’humanisme de la Renaissance, au XVIe siècle, était lourd de tendances cosmopolites. Ce n’est qu’au XIXe siècle qu’on a donné leur nom à l’humanisme, à la Renaissance et au moyen âge, mais ces appellations étaient fort bien trouvées pour traduire les conceptions desdits humanistes. Bien qu’ils n’arrivassent pas à la cheville des grands penseurs de la scolastique médiévale comme saint Thomas d’Aquin ou le bienheureux Jean Duns Scot, et de tant d’autres, ils faisaient profession de mépriser les siècles qui les avaient précédés, marqués selon eux par l’obscurantisme. Ils voulaient rompre avec le passé immédiat, condamné comme un âge sombre, et ils prétendaient faire renaître la civilisation en se réclamant d’un passé lointain idéalisé, l’Antiquité gréco-romaine.

Ce parti pris emportait deux conséquences. Premièrement, une prise de distance avec la religion de leurs pères, puisque ce « moyen âge » ainsi vilipendé avait été la grande époque de la foi et de la pensée chrétiennes. alors que l’Antiquité avait été païenne. Deuxièmement, une rupture avec la tradition, qui n’existe que dans la continuité de la transmission, de génération en génération. L’admiration qu’ils vouaient aux Grecs et aux Romains, dont ils ne descendaient pas, en dehors de l’Italie, leur faisait manquer de respect envers leurs ancêtres. Les conditions étaient ainsi réunies pour une résurgence du cosmopolitisme.

C’était pire pour les humanistes français. Grand lecteur des auteurs antiques, ils ne pouvaient ignorer que les armées romaines de Jules César, « Le Coupé » (les Romains portaient les mêmes surnoms que les gens de la pègre moderne), avaient tué un million d’hommes, de femmes et d’enfants pendant la guerre des Gaules, de -58 à -51, ce qui est l’équivalent de six millions de morts pour la France d’aujourd’hui, six fois plus peuplée. César s’en était vanté lui-même dans La Guerre des Gaules. On voit que l’humanisme des Romains était tout relatif. De plus, une bonne partie des victimes de la barbarie romaine ont laissé après eux des enfants dont descendent les Français actuels, tout autant que ceux du XVIe siècle. Le populicide gaulois (moins courant, ce mot est plus français que « génocide ») était dans l’angle mort des humanistes du XVIe siècle et il l’est resté jusqu’aujourd’hui dans l’histoire officielle. Il est pourtant moralement contestable d’éprouver une sympathie sans bornes pour ceux qui ont exterminé ses ancêtres.

Ce n’est pas forcer de trait que d’accuser les humanistes français d’un double reniement : celui de « nos ancêtres les chrétiens » qui avaient vécu après Clovis, mais aussi celui de « nos ancêtres les Gaulois » qui avaient vécu avant Vercingétorix.

Les humanistes prétendaient aussi découvrir la nature humaine, comme si on les avait attendus pour cela. Il était périlleux de se réclamer de l’« homme » in abstracto, puisque c’était, d’une part, se détourner de Dieu, d’autre part s’affranchir des attaches avec la cité ou la nation, comme si l’on était un « citoyen du monde ».

Le grand historien médiéviste Jacques Heers a écrit un ouvrage magnifique intitulé Pour en finir avec le moyen âge. Le corollaire du théorème de Heers, c’est qu’il faut en finir avec la PRH, la prétendue Renaissance humaniste.

Née au XVIe siècle, la RPR, religion prétendue réformée – comme on l’appellera sous Louis XIV – de l’Allemand Martin Luther et du Français Jean Cauvin, dit Calvin, n’avait en elle-même rien de cosmopolite, au contraire, puisqu’elle a abouti au puritanisme, donc à un puissant renforcement de la contrainte morale ; et aussi au principe pas très catholique, imposé par les circonstances, « cujus regio, ejus religio », qui voulait que les sujets d’un roi adoptassent obligatoirement la même religion que celui-ci, principe qui ajoutait des frontières religieuses aux frontières politiques, à l’encontre du cosmopolitisme, et qui emportait de facto la dislocation du Saint-Empire Romain-Germanique, constituant ainsi les prémices du nationalisme du XIXe siècle. Pourtant, le « sola Scriptura », seulement l’Écriture, le principe du libre examen et le rejet du Magistère de l’Église qu’ils impliquaient sapaient la tradition, au moins dans le domaine de la foi. De plus, en dépit des proclamations anti-juives de Luther, les protestants sont revenus à l’Ancien Testament, la Bible hébraïque – allant même jusqu’à exclure du canon les livres deutérocanoniques parce qu’ils étaient écrits en grec et non en hébreu –, dont ils faisaient souvent une lecture littérale, ce qui a poussé beaucoup d’entre eux à vouloir s’identifier au peuple israélite de l’Antiquité, avec lequel ils n’avaient pourtant aucun lien charnel, et ce qui les amenait, sinon à renier leurs ancêtres, du moins à prendre leurs distances avec eux, en dissociant la culture de la nature.

Refus de l’autorité, perte de la tradition, ces tendances du protestantisme, certes partielles, ont pu faire le lit des idées cosmopolites en créant un état social et un climat intellectuel favorable à la « libre-pensée », aimable dénomination de la pensée subversive, où elle pouvait prospérer. Érasme fut le personnage emblématique de cette liaison paradoxale et clandestine entre protestantisme et cosmopolitisme. Que l’on pense aussi à la protection accordée à Baruch Spinoza et à tant d’autres « libres-penseurs » par les Provinces-Unies des Pays-Bas, fer de lance de la réforme calviniste et simultanément foyer de la subversion de l’Occident lors de ce que Paul Hazard a appelé la « crise de la conscience européenne », au cours de la période cruciale qui va de 1680 à 1715 et qui a consommé la révolution dans les esprits avant qu’elle le fût dans les faits de 1789 à 1815.

Le retour à l’Antiquité gréco-latine s’est donc traduit par une réapparition du stoïcisme, que le christianisme, religion de l’Incarnation, avait relégué aux oubliettes en Occident. Érasme, rendu célèbre par un Éloge de la folie qui, sous couleur de satire, gommait la différence entre le normal et l’anormal, la raison et la déraison, était un « citoyen du monde » qui militait pour la paix universelle en déclarant : « Le monde entier est notre patrie à tous ». Que l’on songe aussi par exemple au « Fais ce que vouldras » de l’abbaye de Thélème imaginée par François Rabelais, maître ès sarcasmes à visée subversive.

L’idéal du retour à la nature qui était resté latent dans le stoïcisme s’est combiné à la théologie de l’hérésiarque Pélage, qui niait le péché originel, pour donner naissance, chez Michel de Montaigne, au « bon sauvage », personnage mythique qui a fait florès. Le même Montaigne écrivait par exemple : « Sur le plus haut trône du monde, on n’est jamais assis que sur son cul. », formule typique des sarcasmes de désacralisation dont les cosmopolites font aujourd’hui un usage immodéré. Son ami intime Étienne de La Boétie a développé brillamment, dans son Discours de la servitude volontaire, une thèse libertaire en assimilant tout pouvoir à une tyrannie incompatible avec la liberté dont l’homme est censé jouir dans l’état de nature. En Espagne, Michel de Cervantès a tourné en dérision l’idéal de la chevalerie et les valeurs guerrières dans son fameux Don Quichotte.

C’est bien parce que la culture universitaire française est imprégnée d’idéologie cosmopolite qu’elle a porté aux nues ces deux auteurs illisibles que sont Rabelais et Montaigne, en attribuant plus de poids à la puissance subversive des leurs ouvrages qu’à leur qualité littéraire intrinsèque et en ne craignant pas de les mettre au niveau de ces géants des lettres que furent les grands auteurs classiques, tels Racine ou Pascal, dans un éclectisme absurde.

Le retour à la nature a aussi inspiré l’axiome « Deus sive natura » (Dieu, c’est-à-dire la nature) énoncé un siècle plus tard par Baruch Spinoza, panthéiste et professeur d’immoralité

Le stoïcisme a inspiré le jus gentium, « droit des gens » (des nations), lequel fut à l’origine des « droits de l’homme » et du « droit international ». Aux XVIe et XVIIe siècles, le droit des gens a abouti à la théorie du « droit naturel » moderne, coupé de la tradition, inventée par les dominicains et les jésuites espagnols de l’école de Salamanque (Francisco de Vitoria, Francisco Suárez…) et reprise par Hugo De Groot, dit Grotius, ainsi que par Samuel von Pufendorf.

Au XVIIIe siècle, Charles-Irénée, abbé de Saint-Pierre, proposa, dans son Projet pour rendre la paix perpétuelle en Europe, une fédération européenne qui effacerait les nations. Le cosmopolitisme s’est aussi nourri de la théorie de l’état de nature de John Locke et il a été célébré par les idéologues de la révolution, les soi-disant « Lumières » françaises comme Voltaire, avec la caution du philosophe allemand Emmanuel Kant, auteur en 1784 d’une dissertation intitulée Idée d’une histoire universelle du point de vue cosmopolitiqueweltbürgerlicher »).

Marginalisation du cosmopolitisme

C’est pourtant le collectivisme de Jean-Jacques Rousseau, théoricien du contrat social et de la volonté générale, qui l’a emporté dans un premier temps lors de la révolution de 1789, laquelle a instauré une tyrannie jacobine, avec sa Terreur et ses Colonnes Infernales, avant que Karl Marx prenne le relais au XIXe siècle et que ses idées communistes finissent par s’imposer dans le sang à la moitié du monde au cours du XXe siècle.

Au XIXe siècle, l’essor concomitant du nationalisme, du socialisme et du libéralisme laissait peu de champ au cosmopolitisme. Le nationalisme lui était opposé par définition. Le socialisme aussi, dans son principe, quoique le fonds commun qu’il partageait avec lui comportât des virtualités d’hybridation qui se sont surtout manifestées au siècle suivant dans la social-démocratie, laquelle était aussi mâtinée de libéralisme.

Le cas de celui-ci est plus complexe. Dans son principe, le libéralisme n’est pas cosmopolite puisqu’il défend la liberté individuelle, laquelle est héritée de la tradition, avec le droit de propriété. Il en résulte, primo, qu’il légitime de grandes inégalités, ce qui rend difficile de le ramener à une expression de l’utopie égalitaire, secundo, qu’il se rattache au moins en partie à la tradition, tertio, qu’il défend des valeurs authentiques et qu’il n’est donc nullement nihiliste. De plus, les libéraux sont fondamentalement pour la concurrence des États et ne sauraient donc se rallier à l’idéal utopique d’un État mondial.

Pour autant, il est vrai que le libéralisme classique en tient pour la liberté absolue des échanges, qu’il s’oppose à toute forme de barrières douanières et de protectionnisme, et que c’est un point de convergence avec le cosmopolitisme.

Le national-libéralisme, qui peut se réclamer de Frédéric List, ne tombe pas dans ce travers.

Le courant libéral est très divers. Friedrich-August von Hayek, après Edmund Burke, se réclamait de la tradition et il est allé jusqu’à dire que le libéralisme était plutôt un « familialisme » qu’un individualisme.

En revanche, le courant qui mène de Ludwig von Mises aux « libertariens » tels que Murray Rothbard et Aynd Rand est essentiellement cosmopolite dans son ensemble, à quelques exceptions près cependant, comme Hans-Hermann Hoppe.

Il faut se souvenir qu’aux États-Unis le mot « liberalism » est à peu près synonyme de gauche et n’a rien à voir avec le libéralisme au sens français du terme. De plus, c’est une dérive sémantique qui consiste à parler de « libéraux-libertaires » pour désigner un courant qui fait partie de la mouvance cosmopolite et qui n’a rien à voir avec le libéralisme proprement dit.

Si le collectivisme est anticosmopolite, il ne peut jamais être vraiment nationaliste en raison de son socle idéologique, qui est l’utopie égalitaire. Réciproquement, si le cosmopolitisme est en effet anti-collectiviste, il ne peut jamais être vraiment libéral, pour la même raison. Liberté et propriété sont des moyens d’expression de l’identité des individus et elles sont donc dans leur essence contraires au dogme anti-identitaire qui constitue le cosmopolitisme.

Permanence du courant cosmopolite

Les idées cosmopolites n’avaient pas pour autant disparu au XIXe siècle. Elles s’étaient réfugiées dans l’art et la littérature, où elles ont été illustrées par Victor Hugo, adversaire de la peine de mort et partisan des États-Unis d’Europe, par Charles Baudelaire, tenté par l’inceste et par la drogue, en Allemagne par Heinrich Heine, qui se voulait le champion du cosmopolitisme et prophétisait son avènement, et par une bonne partie des auteurs romantiques, portés sur les « fleurs du mal », le culte de Satan et les fantasmes de la gnose, bien que ce courant sentimental fût hétérogène et qu’il eût simultanément, chez d’autres auteurs, arboré les couleurs du nationalisme et appelé à la renaissance nationale des peuples d’Occident.

L’impressionnisme, sous-art qui a affranchi la peinture des règles classiques sans en édicter d’autres, a ouvert la voie à toutes les dérives, tant il est vrai que la beauté, dans l’art, naît du sentiment de la difficulté surmontée. Ce fut ensuite le cubisme de Pablo Picasso, l’expressionnisme d’Ernst Nolte ou de Vassily Kandinsky, et l’art dégénéré en général, dit « art moderne », dérision de l’art, anti-art qui érige la laideur en beauté. Le non-art dégénéré dit « art contemporain », prétendu « art conceptuel » qui fait litière de la beauté et se complaît dans le ridicule ou dans l’immonde, depuis Marcel Duchamp et son « ready-made » (objet manufacturé), qui a fait pour les gogos d’un urinoir une œuvre d’art, et ses nombreux successeurs, jusqu’à Jeff Koons ou Paul McCarthy.

Ce fut encore la musique dégénérée aux prétentions intellectuelles, atonale, « dodécaphonique » ou « sérielle », d’Arnold Schoenberg, Alban Berg, Anton von Webern, Karlheinz Stockhausen et Pierre Boulez.

De même, dans un autre domaine, « l’architecture fonctionnelle » a éliminé la beauté au nom de l’utilité, avec la Charte d’Athènes de Charles-Édouard Jeanneret, dit Le Corbusier, qui a eu une immense postérité.

On n’oubliera pas le dadaïsme de Samuel Rosenstock, dit Tristan Tzara, le surréalisme d’André Breton, la célébration des arts primitifs ou « premiers », d’André Breton à André Malraux et Jacques Chirac.

Le phénomène de loin le plus destructeur, cependant, fut la vogue de la danse et de la musique nègres popularisées par Joséphine Baker ou Louis Armstrong et qui a été suivie, une génération après, par la quasi-élimination de la variété française, remplacée par le « rock and roll » et ses succédanés, sachant que la musique nègre importée des États-Unis d’Amérique, qui est centrée sur le rythme, est obscène de part en part et qu’elle déstructure la personnalité en affranchissant le cerveau reptilien de la tutelle des deux cerveaux supérieurs, selon l’analyse de Paul MacLean.

Hybris de la raison

Les idées cosmopolites sont toujours restées prégnantes dans la pensée philosophique, sous l’aura du stoïcisme, autant du moins que le christianisme, religion de l’Incarnation, n’a pas tenue celle-ci en tutelle. Depuis la « Renaissance », le virus du cosmopolitisme imprègne la philosophie occidentale, qui est infectée par l’hybris de la raison, coupée de la tradition, de la religion et de la révélation, et par là-même des postulats légitimes qui découlent de celles-ci.

On peut suivre le fil conducteur qui mène de Diogène à Kant. Le philosophe a tendance à se juger infiniment supérieur au vulgum pecus, qui est, à ses yeux, dépourvu d’intelligence et bourré de préjugés contraires à la raison. Il est donc tenté de céder aux vertiges du cosmopolitisme, de se considérer comme un « citoyen du monde » en s’exonérant des devoirs et des traditions de la cité, quand il refuse que la philosophie soit ancilla theologiae, servante de la théologie, et quand il ne veut pas reconnaître, avec Edmund Burke, qu’il y a des préjugés légitimes et que la raison livrée à elle-même devient folle si elle travestit ses postulats pour en faire de fallacieuses évidences.

Le vertige de la raison propre à la philosophie, depuis qu’elle s’est séparée de la religion chez les Grecs de l’Ionie, sujets de l’empire perse achéménide au VIe av. J.-C., peut conduire à la gnose. Mot qui vient du grec gnôsis, connaissance, employé ici de manière inhabituelle sans génitif, non pas connaissance de quelque chose, mais connaissance en soi, pour désigner un savoir absolu, dont la possession serait la condition nécessaire et suffisante pour accéder au salut, et qui est opposé à pistis, la foi, laquelle implique la volonté d’accepter une croyance révélée. La gnose, née sous l’influence du zoroastrisme, mais détachée de celui-ci, a été l’aiguillon d’un courant philosophique qui a entretenu une aspiration récurrente au cosmopolitisme. Après les cathares, la France a connu les Frères du libre esprit, les Rose-Croix, enfin les hauts grades de la franc-maçonnerie, véhicules de la gnose dont il ne faut pas sous-estimer l’influence.

Les ténors de la subversion masquée

Le saint-simonisme, doctrine de Claude-Henri de Saint-Simon, est à l’origine du socialisme, mais il avait des aspects cosmopolites, puisque son fondateur réclamait la formation d’une fédération européenne et que, pour lui, le progrès de l’industrie devait avoir pour effet d’effacer les frontières entre les peuples. Son disciple Auguste Comte, fondateur du « positivisme », a voulu être le prophète d’une « religion de l’humanité », sans acception de peuple ou de nation. La « philanthropie » dont ils se réclamaient l’un et l’autre a servi ensuite d’étiquette commode, jusqu’à nos jours, pour travestir les idées cosmopolites sous le manteau de la compassion universelle.

Sont venus ensuite deux ténors de la subversion masquée, dont la qualité littéraire a fait croire à la qualité philosophique et dont la valeur intrinsèque est inversement proportionnelle à la réputation ; ce furent Frédéric Nietzsche et Henri Bergson, né Bereksohn, au demeurant fort différents l’un de l’autre. Le premier, Nietzsche, a professé paradoxalement, dans le fracas d’un discours grandiloquent et captieux sur la « volonté de puissance » et le « surhomme », un nihilisme radical qui conduisait à la négation de la tradition, de la religion et de toutes les valeurs. Le second, Bergson, a distillé les idées cosmopolites dans un discours superficiel et séduisant, anti-scientifique et sentimental, sur un imaginaire « élan vital », pour alimenter la propagande pacifiste et appeler à une « morale ouverte » (sic), en vue de la création d’une humanité nouvelle au sein de laquelle les anciens peuples se seraient noyés, ainsi qu’à une « société ouverte » régie par le droit naturel, débarrassée des traditions et dépourvue d’identité, afin d’en finir avec les sociétés particulières, ce qui a fourni un socle doctrinal à la création de la SDN (Société des nations) prévue par le président des États-Unis Woodrow Wilson dans ses « quatorze points », embryon de l’État mondial dont rêvent les cosmopolites, soi-disant « citoyens du monde ».

Progressisme et cosmopolitisme

La notion de progrès n’avait à l’origine pas le moindre rapport avec le cosmopolitisme. Le rêve de l’état de nature et l’apologie du bon sauvage s’y opposaient. La « révolution » réclamée par les cosmopolites devait donc trouver pour eux son sens premier, soit le retour à l’état originel, encore que celui-ci fût imaginaire et que ce retour fût utopique. Mais, au XIXe siècle, le progrès scientifique, technique, industriel et économique devint tel que seuls des esprits passéistes et bornés pouvaient encore en nier l’étendue et les avantages. On pourrait appeler justement « progressisme » la croyance naïve que le progrès matériel, conjugué à celui des connaissances, entraînerait nécessairement le progrès moral et spirituel de l’homme, celui des lettres et des arts, de la culture et de la civilisation. Ainsi défini, le progressisme n’a rien à voir avec la gauche en général ni avec le cosmopolitisme en particulier. Mais les forces idéologiques ont une stratégie et s’emploient à accaparer des thèmes porteurs pour séduire les masses. Le marxisme a donc inventé un « sens de l’histoire », déterminisme historique qui devait conduire inéluctablement à la victoire du communisme, à la société sans classes et au dépérissement de l’État. On sait ce qui est advenu. Les cosmopolites, à leur tour, se réclament de ce prétendu sens de l’histoire en lui donnant un aboutissement différent.

C’est ainsi que le progressisme est devenu synonyme de gauche, d’autant plus aisément qu’une bonne partie de la droite renâclait bêtement à reconnaître l’évidence et les bienfaits du progrès. Les réactionnaires ne sont pas tous républicains. Initialement, on a donc appelé « progressistes » les gens de gauche qui n’adhéraient pas ouvertement au communisme, mais qui en étaient proches, autrement dit les « compagnons de route ». Aujourd’hui, le progressisme est devenu un terme de propagande pour désigner la mouvance cosmopolite. L’argument sous-jacent est que le progrès moral de l’humanité qui doit nécessairement s’accomplir, malgré les résistances des hommes du passé qui constituent la droite et l’extrême droite, impliquerait l’effacement des traditions et des frontières, la consolidation d’un « État de droit » qui garantirait la « non-discrimination » comme faisant partie des « droits de l’homme, et la constitution d’une « gouvernance mondiale ».

De même que l’expression « citoyen du monde » est une subreption dans les termes, puisqu’on ne peut être citoyen que d’une cité, qu’il n’y a pas de cité sans frontières et que le monde n’est donc pas une cité, puisqu’il n’a pas de frontières, le projet utopique de « gouvernement mondial » ou d’« État mondial » est essentiellement négatif et vise en réalité à réduire à néant les États particuliers qui représentent une nation, homologue moderne de la cité antique, remplacés par un « État de droit » (Rechtsstaat) où le pouvoir est exercé par les juges et les techniciens, les hommes politiques étant cantonnés dans un rôle de figuration, sous la tutelle de la superstructure mondiale, qui dicte ses politiques et ses lois, par exemple avec l’OMS ou le GIEC.

Victoire métapolitique du cosmopolitisme

Ces idées avaient aussi continué leur chemin dans la philosophie du droit, avec le concept de Rechtsstaat, ou « État de droit », développé par les jurisconsultes allemands du XIXe siècle, qui, sous prétexte de protéger la liberté individuelle, évacuait la souveraineté nationale au profit du gouvernement des juges et d’une théocratie laïcisée sans frontières.

Mais encore, en lisière de la vie politique, avec l’« abolitionnisme » de Victor Schoelcher – lequel, au lieu d’une évolution calme et progressive vers la libération de tous, exigeait une rupture brutale qui a partout entraîné une catastrophe économique et sociale dont les esclaves affranchis ont été les premières victimes –, préfiguration du « mouvement des droits civiques » de Martin Luther King aux États-Unis et de la « révolution arc-en-ciel » de Nelson Mandela en Afrique du sud.

Et aussi dans la vie religieuse, avec la théologie moderniste d’Alfred Loisy, qui a ouvert une brèche dans l’autorité du Magistère et de la tradition en général, la théologie crypto-panthéiste de la « noosphère » et du « point Oméga » conçue par le père jésuite Pierre Teilhard de Chardin, puis le concile Vatican II (1965) et la réforme liturgique du pape Paul VI (1969), qui ont consacré le rejet de la tradition et la promotion du relativisme au sein de l’Église catholique au nom de l’œcuménisme et du dialogue interreligieux.

Le mouvement pacifiste, bien qu’il fût instrumentalisé par les communistes, a lui aussi posé les bases de la future victoire métapolitique du cosmopolitisme, qui devait se substituer à l’« internationalisme » de Marx, lequel consacrait en réalité l’existence des nations, ainsi que Joseph Staline l’avait bien compris et comme l’avait montré la formation de l’URSS.

L’idéal de la « construction européenne » propagé par Richard Coudenhove-Kalergi et Jean Monnet a fortement contribué, après la seconde guerre mondiale, à miner le sentiment nationale et l’amour de la patrie, faisant ainsi le lit du cosmopolitisme. Aujourd’hui, l’Union européenne est devenue une machine à imposer l’ordre cosmopolite aux pays membres, comme l’a prouvé éloquemment la réaction des institutions européennes contre la loi hongroise qui interdit de faire de la propagande homosexuelle aux enfants.

Le facteur le plus important fut cependant le récit manichéen de l’histoire de la seconde guerre mondiale, présentée comme la victoire du Bien sur le Mal, avec la diabolisation d’Adolf Hitler, du racisme, du « nazisme » et du fascisme en général, complétée par l’amalgame de ces courants de la gauche révolutionnaire avec la droite ou l’extrême droite et l’institution de la religion de la Choah, religion officielle protégée aujourd’hui en France contre l’hérésie et le blasphème par la loi Gayssot (1990).

Révolution cosmopolite

Le cosmopolitisme a supplanté l’idéologie de Karl Marx, le marxisme, forme moderne du collectivisme, après la révolution de 1968, quand la gauche a basculé du second vers le premier. Ce bouleversement intellectuel et politique a été préparé par l’influence de la psychanalyse de Sigmund Freud, de l’anthropologie relativiste de Franz Boas, de la théorie pure du droit de Hans Kelsen, du structuralisme de Claude Lévi-Strauss.

Il a été préparé aussi par l’« individualisme méthodologique » de Joseph Schumpeter, héritier du nominalisme de Guillaume d’Ockham et qui, s’il n’est pas la simple évidence que la société est une collection d’individus, signifie que les phénomènes sociaux ne doivent pas être considérés en eux-mêmes, comme des structures ou des systèmes, ce qui peut s’appliquer à la rigueur dans certains domaines, notamment en économie, avec la théorie de l’équilibre général, mais qui ne saurait être étendu à tous, ainsi que l’existence de la linguistique comme discipline scientifique suffirait à le démontrer .

Il a été préparé encore par l’essor de courants sociaux comme le mouvement « hippie » ou le mouvement « New Age » (Nouvel Âge), par la vogue des spiritualités exotiques, par la montée en puissance de nouvelles thématiques comme l’autogestion et l’écologie.

Enfin, par des formes transitoires entre les deux pôles de la gauche, collectivisme et cosmopolitisme, comme le « socialisme autogestionnaire », de Josip Broz Tito à Edmond Maire et Benny Lévy, comme le « marxisme culturel » de l’école de Francfort, avec Max Horkheimer, Theodor Adorno, Herbert Marcuse et Jürgen Habermas, promoteur d’un « patriotisme constitutionnel » qui est la négation du patriotisme authentique, le « situationnisme » et le « conseillisme » de Guy Debord, ou comme l’« écologie sociale » et le « communalisme » de Murray Bookchin, comme l’écologisme « pastèque », vert à l’extérieur, rouge à l’intérieur, qui a permis la reconversion des marxistes extrémistes d’obédience trostkiste, orphelins de la « dictature du prolétariat »…

Le cosmopolitisme, idéologie dominante mondiale

Le cosmopolitisme est devenu l’idéologie dominante mondiale en intégrant notamment l’écologisme, le féminisme et l’homosexualisme comme des composantes de son système de pensée et en s’appuyant aujourd’hui philosophiquement sur l’existentialisme de Jean-Paul Sartre et sur le déconstructionnisme de Jacques Derrida, nouveaux Diogène qui, avec le renfort de quelques autres auteurs français comme Gilles Deleuze ou Michel Foucault, ont donné naissance aux États-Unis à la « French Theory » (Théorie Française), dont dérivent des formes radicalisées comme la « théorie du genre » de Judith Butler, la « Justice sociale critique », le « wokisme » (mouvement de l’éveil), la « cancel culture » (mouvance de l’anathème) et le « décolonialisme », diffusées et imposées non seulement par des universitaires, mais aussi par des groupes violents d’extrême gauche tels que les « Black Blocks », les « No Borders » (sans frontières) ou les « Antifas » (soi-disant antifascistes, alors qu’ils combattent la droite).

La doctrine de Sartre, pour laquelle « l’existence précède l’essence », a donné enfin au vieux cosmopolitisme de Diogène et Zénon la métaphysique dont il avait toujours manqué. En dotant l’individu d’une liberté inconditionnée, Jean-Paul Sartre allait à l’encontre de la doctrine de Karl Marx, pour qui « ce n’est pas la conscience des hommes qui détermine leur être, c’est au contraire leur être social qui détermine leur conscience ». Le philosophe marxiste George Lukács en a conclu à bon droit que l’existentialisme était incompatible avec le marxisme. Et, en effet, ils campent sur les deux versants opposés de l’utopie égalitaire.

Existentialisme et déconstructionnisme ont été appuyés par un foisonnement de théories adjacentes, qui aboutissent au cosmopolitisme par des voies diverses, telles que la « société ouverte » de Karl Popper, à cet égard disciple de Bergson, concept popularisé par George Soros, le « postmodernisme » de Jean-François Lyotard, le « convivialisme » d’Ivan Illich, le « principe de responsabilité » de Hans Jonas, l’« écologie profonde » d’Arne Næss, l’« hypothèse Gaïa » de James Lovelock, qui prend la Terre pour un être vivant, l’« égoïsme rationnel » d’Alissa Rosenbaum, dite Ayn Rand, papesse des « libertariens », qui rivalisait dans ce rôle avec Murray Rothbard, la « créolisation » d’Edouard Glissant chère à Jean-Luc Mélenchon, ou encore la « défense sociale nouvelle » de Marc Ancel, qui voulait rééduquer le criminel au lieu de le punir… et surtout la religion de la Shoah de Claude Lanzmann, qui fut lui-même proche de Jean-Paul Sartre et de son égérie Simone de Beauvoir, religion nouvelle qui surplombe le christianisme, religion du Golgotha, depuis que le pape Jean-Paul II a ordonné aux carmélites de déguerpir du camp d’Auschwitz pour aller prier ailleurs.

Le tout forme une constellation idéologique qui, en dépit de sa diversité apparente et de ses réelles contradictions internes, provient en dernière analyse d’une seule et même source, qui n’est autre que la pensée de Diogène le cynique et son idée centrale d’abolir les lois et traditions de la cité, en même temps que les frontières de toute nature. Le cosmopolitisme a beau être multiforme, il est un dans son essence. On peut écrire à son propos : au commencement était la parole de Diogène.

Pour autant, on ne doit pas sous-estimer les contradictions du cosmopolitisme et surtout celles de la mouvance idéologique qui en est issue. Elles résultent essentiellement du fait que la cible est l’homme occidental de race caucasoïde et de sexe masculin. Ainsi, premièrement, la sympathie de principe des « islamo-gauchistes » pour les immigrés mahométans leur fait accepter bien des pratiques, par exemple le voile imposé aux femmes, qui heurtent l’égalitarisme et le féminisme des cosmopolites orthodoxes. Deuxièmement, l’exaltation de la race, en fait essentiellement de la race congoïde, par haine des caucasoïdes, ou celle des minorités ethniques, qui se dressent contre la majorité de culture occidentale, sont contraires à la négation de l’identité individuelle ou collective qui est le fond de la pensée cosmopolite. Où l’on voit que la praxis de l’idéologie cosmopolite s’accorde mal avec sa théorie.

Conditions sociales et économiques de l’avènement du cosmopolitisme

Si le mouvement des idées n’est nullement réductible à celui des conditions sociales et économiques, il va de soi qu’il n’en est pas indépendant et surtout ques les idées ne peuvent agir en infusant dans les masses que lorsque les conditions en sont réunies. C’est pourquoi l’essor du cosmopolitisme à l’époque de la PRH a été pour ainsi dire sans effet avant le XIXe siècle et n’a connu sa consécration qu’après la révolution de 1968 en France et dans le monde. Contrairement aux idées reçues, ce n’est pas la mondialisation qui est la cause du mondialisme en particulier ni du cosmopolitisme en général, la meilleure preuve en étant que l’essor des nationalismes a été postérieur aux grandes découvertes des Portugais et des Espagnols. C’est au contraire la proximité territoriale des races, peuples, ethnies ou communautés qui renforce le sentiment identitaire de chacune d’entre elles et peut conduire à des conflits sanglants, comme au Liban en 1975 ou en Yougoslavie en 1992.

Cependant, la poussée des idées cosmopolites dans la seconde moitié du XXe siècle a donné un résultat inédit : la formation de la superclasse mondiale (SCM), ainsi que l’a nommée Samuel Huntington. Cette classe sociale anationale est d’un type nouveau, bien que la « finance apatride et vagabonde » dont on parlait un siècle avant en ait été le germe. La mondialisation était nécessaire à la naissance de la SCM, mais c’est le cosmopolitisme qui lui a permis de se constituer et ici, contrairement aux fantasmes marxistes, c’est bien la « superstructure », le monde des idées, qui a changé la société, et non l’inverse. Ensuite, par un effet de rétroaction positive, la SCM est devenue le principal agent de la domination de l’idéologie cosmopolite. Son bras séculier est la superstructure mondiale, immense galaxie d’organisations dites abusivement « internationales » et de leurs satellites que sont les innombrables ONG, organisations « non gouvernementales ».

Dans chaque pays, la SCM est représentée par un groupe cosmopolite qui s’emploie à devenir oligarchie, c’est-à-dire à confisquer le pouvoir en lui conservant les apparences trompeuses de la démocratie. L’oligarchie cosmopolite tient les media par l’argent et impose sa doxa par l’endoctrinement des masses. Elle a de nombreux relais. Par exemple, sur le mode mineur, quantité de comiques, souvent talentueux, comme Guy Bedos, et de chanteurs de variétés, comme Serge Gainsbourg ou Michel Polnareff, qui l’étaient moins, ont vulgarisé les idées cosmopolites et n’ont pas peu contribué à l’aliénation des masses, qui est la condition de leur soumission à l’oligarchie.

Si l’on peut affirmer, en schématisant, que le libéralisme est l’idéologie pour ainsi dire « naturelle » des commerçants et des industriels, le cosmopolitisme est l’idéologie naturelle des financiers. Au départ, le face-à-face entre le prêteur et l’emprunteur est un échange personnel concret, mais la finance n’a cessé d’aller vers toujours plus d’abstraction : titrisation des dettes, dématérialisation des titres, actions au porteur des sociétés « anonymes », développement exponentiel des marchés financiers ; il est loin le temps où, dans la Bourse du Palais Brongniart, à Paris, les agents de change criaient : « Je prends ». D’ailleurs, il n’y a plus d’agents de change. Jean-Charles Naouri les a liquidés au nom du progrès. L’économie mondiale est devenue cet immense casino que dénonçait le grand économiste français Maurice Allais, prix Nobel de science économique.

Le paysan qui est propriétaire d’un champ, le rentier qui est propriétaire d’un immeuble, l’industriel qui est propriétaire d’une usine ou le commerçant qui est propriétaire d’un magasin ont un rapport avec un actif matériel bien localisé dans l’espace, dont ils tirent leur revenu. Le financier qui est propriétaire d’un actif immatériel pendant un laps de temps qui peut être inférieur à une seconde, dont la vie professionnelle est tournée vers la spéculation, ne trouve rien dans son métier qui l’attache à un lieu déterminé et encore moins à une patrie. Il parle anglais à longueur de temps et n’échange que par Internet avec des individus de tous pays et de toutes origines auxquels il est lié par une communauté d’intérêts. La finance est le centre névralgique de la superclasse mondiale.

Remarques

1. Le panorama du courant cosmopolite de Diogène à nos jours est si vaste qu’il peut sembler désespérant. On pourrait s’imaginer qu’il ne laisse pas de place dans le champ des idées occidentales pour une pensée anti-égalitaire, anticosmopolite, nationale, libérale et identitaire. Ce serait une lourde erreur. D’abord, bien sûr, parce que le christianisme occidental, hormis des hérésies marginales, est la religion de l’Incarnation et que son universalisme est résolument anticosmopolite. De ce fait, l’importance pratique du cosmopolitisme a toujours été en Occident, avant le XXe siècle, en proportion inverse de la place impressionnante qu’il avait acquis dans la théorie.

De plus, il va sans dire que Michel de Montaigne ou François Rabelais, que l’université a porté aux nues, sont pourtant fort inférieurs à tous égards à Blaise Pascal, à Jean Racine et aux autres grand auteurs classiques du siècle suivant, qui ont fait un bien meilleur usage de la culture antique. Au XIXe siècle, non seulement la tentative de Victor Hugo de rivaliser avec Racine ou Corneille a été un fiasco, mais, pour ce qu’il est de la prose, il n’est pas non plus l’égal de ses contemporains Joseph de Maistre ou François-René de Chateaubriand.

Ensuite, l’on peut citer de nombreux penseurs importants qui se situent à l’opposé du cosmopolitisme et qui l’ont toujours emporté intellectuellement sur les promoteurs de celui-ci. Aux sept principaux philosophes qui ont défendu le cosmopolitisme ou qui lui ont au moins ouvert la voie, qui furent Diogène le cynique, Pélage de Bretagne, Guillaume d’Ockham, Baruch Spinoza, Emmanuel Kant, Frédéric Nietzsche et Jean-Paul Sartre, on peut opposer sept immenses penseurs qui ont affirmé la primauté de la volonté et montré la nature de l’identité : Aristote le Stagirite, saint Augustin d’Hippone, le bienheureux Jean Duns Scot, René Descartes, Guillaume Leibniz, Arthur Schopenhauer et Martin Heidegger.

Aux nombreux auteurs cosmopolites ou semi-cosmopolites cités ci-dessus, on peut opposer les sept maîtres à penser du national-libéralisme : Edmund Burke, Gustave Le Bon, Vilfredo Pareto, Carl Schmitt, Konrad Lorenz, Friedrich-August von Hayek et Julien Freund. On pourrait allonger la liste en ajoutant notamment Hippolyte Taine et Maurice Barrès, autres penseurs considérables.

En outre, les progrès de la science, en dépit des contre-feux allumés par le lyssenkisme et la pseudo-science, ont fait définitivement justice des mythes, des illusions et des mensonges qui sont inhérents à l’égalitarisme de la gauche sous toutes ses formes et au cosmopolitisme en particulier. Ils ont démontré que l’égalité n’était pas dans la nature, que l’identité de l’homme et celle de la société découlaient de leur fonds génétique et que la culture des nations occidentales avait une lointaine origine indo-européenne. Dans le domaine de la biologie, à la liste des glorieux anciens que furent Carl von Linné, Jean-Baptiste de Lamarck, Alfred Wallace, Charles Darwin, Grégoire Mendel, Hugo De Vries, Ronald Fisher…, on ajoutera d’autres noms fameux : Konrad Lorenz, Cyril Darlington, Carleton Coon, Jacques Monod, James Watson, Irenäus Eibl-Eibesfeldt, Edward Wilson, Richard Dawkins… Dans le domaine de la psychologie, on citera Cyril Burt, William Shockley, Hans Eysenck, Pierre Debray-Ritzen, Arthur Jensen, Richard Lynn, John Philippe Rushton… Pour les études indo-européennes et l’histoire des religions, Georges Dumézil, André Dupont-Sommer, Geo Windengren, Jacques Duchesne-Guillemin, Marija Gimbutas, Jean Haudry…

2. Il est regrettable que la plupart des gens de la droite nationale ou populiste s’abstiennent encore d’appeler par son nom le cosmopolitisme qu’ils combattent, soit qu’ils ignorent le nom, soit qu’ils l’évitent. Ils disent à la place mondialisme, multiculturalisme, progressisme, droits-de-l’hommisme, libéralisme libertaire, ultra-libéralisme (sic) et plus récemment wokisme… ; c’est un festival d’approximations ou de contresens. Cette inintelligence du phénomène cosmopolite a de graves conséquences politiques, surtout en France, où les deux pôles de la gauche sont représentées par deux formations opposées, parrainées en 2022, l’une par Jean-Luc Mélenchon, plutôt collectiviste, l’autre par Emmanuel Macron, parfaitement cosmopolite. En réservant le nom de gauche à la première, ou en prétendant que le clivage droite-gauche a disparu, on méconnaît le fait que celui-ci s’est simplement métamorphosé et l’on risque de se fourvoyer dans de mauvaises stratégies politiques.

Il est vrai que les cosmopolites ont rarement la franchise de combattre sous leur bannière. Ils préfèrent presque toujours se réclamer de formules incapacitantes, comme l’antiracisme, la diversité, le vivre-ensemble, les droits de l’homme, le refus de l’exclusion, l’inclusion, la non-discrimination… Il y a quand même eu de notables exceptions. Jacques Derrida a signé un manifeste sans ambiguïtés : « Cosmopolites de tous les pays, encore un effort ! » ; Guy Scarpetta, un « Éloge du cosmopolitisme » ; Ulrich Beck, dans « Qu’est-ce que le cosmopolitisme ? », a fait l’apologie dudit concept, en se réclamant de Kant et de sa dissertation Idée d’une histoire universelle du point de vue cosmopolitique. Bernard-Henri Lévy et Daniel Cohn-Bendit se sont eux aussi ouvertement réclamés du cosmopolitisme.

Il est pourtant nécessaire de désigner l’ennemi par son nom. Si l’on parle de « l’idéologie arc-en-ciel » ou de la « révolution arc-en-ciel » avec Martin Peltier, on manque de mot pour désigner ses partisans, on emprunte au vocabulaire de l’ennemi une expression valorisante, et surtout on présente ladite idéologie comme un phénomène moderne, en coupant, si l’on ose dire, le cosmopolitisme de ses racines. Si l’on parle de « mondialisme », on oublie la moitié de l’idéologie cosmopolitique, qui est également nihiliste, s’attaquant tout autant aux frontières intérieures et morales entre les valeurs et les anti-valeurs qu’aux frontières extérieures et physiques entre les peuples.

Beaucoup n’osent pas dénoncer le cosmopolitisme par crainte d’être traités d’« antisémites ». Sur le fond, cet amalgame n’est pas sérieux. Diogène n’était pas juif et les Israélites n’ont joué aucun rôle, à l’exception notable de Spinoza, dans la diffusion des idées cosmopolites avant le XIXe siècle. Certes, aujourd’hui, de nombreux Juifs défendent ces idées et plusieurs s’en réclament ouvertement, on l’a vu, comme Bernard-Henri Lévy ou Daniel Cohn-Bendit, oubliant en général de les appliquer au cas du sionisme, le nationalisme israélien. Mais cela ne change rien au fait que le cosmopolitisme n’a strictement rien à voir dans son principe avec la haine envers les Juifs. Et quel que soit le rôle incontestable que jouent aujourd’hui de nombreux Israélites, comme George Soros, dans la promotion des idées cosmopolites, il ne faut pas oublier que le sionisme est un nationalisme et qu’il est donc intrinsèquement anticosmopolite.

L’opposition entre les deux pôles antagonistes de la gauche est profonde. L’internationalisme de Marx n’est pas un cosmopolitisme. Joseph Staline, son fidèle disciple, a écrit en 1913 un livre intitulé « Le marxisme et la question nationale » qu’un nationaliste pourrait presque signer. Et, s’il a combattu le cosmopolitisme, ce n’était nullement par hostilité aux Juifs ou « antisémitisme », mais bien parce que le marxisme, étant collectiviste, était nécessairement anticosmopolite et en outre, concrètement, qu’il ne pouvait pas accepter que des Juifs soviétiques entretinssent une double allégeance après la création de l’Etat d’Israël en 1948.

Le prétendu « antisémitisme » de Staline est un bobard forgé par les trotskystes, qui étaient presque tous juifs comme Trotsky lui-même et qui ont donc voulu se présenter comme des victimes de cet antisémitisme imaginaire. La meilleure preuve, c’est qu’à la mort de Staline en 1953 son bras droit n’était autre que le Juif Lazare Kaganovitch, qui a continué, jusqu’à sa mise à l’écart avec le « groupe anti-parti », à défendre la mémoire de l’ancien Vojd contre Khrouchtchev. Quant au « complot des blouses blanches », neuf médecins, dont six Juifs, qui ont été accusés de vouloir empoisonner les dignitaires du Kremlin, affaire qui est censée démontrer l’antisémitisme de Staline, il suffit de remarquer qu’elle a éclaté en 1953 quelques semaines seulement avant la mort du maître de l’URSS, ce qui veut dire que celui-ci et ses collaborateurs étaient soignés par des Juifs jusqu’à cette date et qu’il ne serait donc devenu « antisémite » qu’in extremis. Ce n’est pas sérieux.

Outre l’influence des trotskystes dans le monde occidental, la fortune de ce bobard a une triple raison. En premier lieu, au cours de la guerre froide, il a alimenté la propagande anticommuniste des Américains et de leurs alliés. En deuxième lieu, lorsqu’Alexandre Soljénitsyne a fait découvrir aux Occidentaux l’horreur du Goulag, la propagande judéo-israélienne a voulu occulter le fait que les cadres et dirigeants de l’appareil répressif de la patrie du communisme, y compris le système concentrationnaire, étaient des Juifs à 90%, et que le Slavocide, qui avait fait dix-huit millions de morts – trois fois six millions – entre 1917 et 1953 parmi les Russes, Biélorusses et Ukrainiens, avait donc été perpétré principalement par des Juifs ; elle a réussi, par ce tour de bonneteau, à présenter les coupables comme des victimes. En troisième lieu, dès lors que Staline se rapprochait du « mal absolu » qu’avait incarné Adolf Hitler, lequel avait exterminé six millions de Juifs, et même qu’il le dépassait quant au nombre de victimes, il fallait à tout prix en faire un antisémite, pour que l’antisémitisme restât l’expression du mal absolu, ce qui est le premier dogme de la religion de la Choah.

Dès lors que la doxa enseigne que l’anti-cosmopolitisme de Staline n’était qu’un faux-semblant pour dissimuler son antisémitisme, l’équation est posée entre les deux notions : tout anticosmopolite est antisémite, tout antisémite est anticosmopolite. Voilà pourquoi la plupart des hommes droite de n’osent pas appeler le cosmopolitisme par son nom, tant ils ont peur de se voir affubler l’étiquette infamante qui ramène aux « heures les plus sombres de notre histoire » par la reductio ad Hitlerum

3. La philosophie stoïcienne de l’empire romain avait une fonction parallèle à celle qu’aura plus tard la religion musulmane de l’empire du califat. L’islam est un universalisme sans incarnation à vocation égalitaire qui veut, lui aussi, abolir les frontières entre les peuples et les ethnies. C’est une orthopraxie et non une orthodoxie, ce qui signifie que le pieux musulman doit avant tout obéir aux commandements de la charia, la loi islamique, plutôt qu’adhérer à une foi. En Algérie, les militants du FIS (Front islamique du salut) ont défilé en 1991 en clamant en anglais : « Islam is a way of life » (l’islam est un mode de vie). Et non une foi, donc. On pourrait être tenté de qualifier l’islam de « cosmopolitisme puritain », ce qui serait abusif et, à vrai dire, une contradictio in adjecto, car, si l’islam se rapproche du cosmopolitisme, il ne saurait se confondre avec lui dès lors qu’il repose sur une révélation, celle contenue dans le Coran, parole de Dieu, et dans les dits du prophète, la Sunna, et que s’ajoute à cela l’autorité de l’ijma, du consensus des oulémas pour les sunnites, de celle des ayatollahs, pour les chiites, alors que, dans le cosmopolitisme, l’homme est livré à lui-même, privé de la religion, de la révélation et de la tradition. L’islam efface seulement les frontières extérieures des peuples, qu’il voudrait tous rassembler au sein du Dar-el-Islam, mais non les frontières intérieures de la société entre les valeurs et les anti-valeurs, puisqu’il fait peser au contraire sur ses adeptes le poids d’une morale intransigeante, islam voulant dire « soumission » en arabe, la langue du Coran, qui est celle d’Allah.

A lire : Pierre Milloz, Le cosmopolitisme ou la France – l’idéologie cosmopolite, voilà l’ennemi (Godefroy de Bouillon, 2011).

Ce compendium doctrinal des nationaux-libéraux a été publié pour la première fois le 18 février 2022. Publication en ligne ici-même sur le site https://lesquenfr .

Cosmopolitisme et pédophilie

par Maxence de Touraine

Le cosmopolitisme entend transformer la société en carnaval en abolissant non seulement ses frontières physiques et externes, mais aussi ses frontières morales et internes. Il s’agit d’abattre le mur qui sépare le bien du mal, la beauté de la laideur, la vérité de l’erreur, les valeurs des anti-valeurs. Nous connaissons bien la négation de la distinction entre les sexes (théorie du genre) et de la distinction entre les races (antiracisme). Il nous faut également évoquer la négation de la frontière entre les âges, notamment dans le domaine de la sexualité.

Dans le cadre de la révolution cosmopolite de 1968, de nombreux esprits subversifs ont jugé opportun de soutenir la cause de la pédophilie : ils réclamaient, entre autres, la disparition de la majorité sexuelle, ce qui serait revenu dans les faits à légaliser les rapports sexuels entre adultes et enfants. Par exemple, Guy Hocquenghem, journaliste de Libération, militant homosexuel, mort du SIDA en 1998, petit-fils de Gustave Joseph Hocquenghem, l’époux d’Alice Meyer, elle-même fille de Charles Meyer et de Rosalie Lévy, a précisé en 1978 sur un plateau de télévision la manière dont il imaginait « l’amour en l’an 2000 ». En l’occurrence, le terme « amour » dénote aussi bien, si ce n’est plus, la sexualité que les sentiments. Voici l’évolution que notre intellectuel de gauche appelait de ses vœux :

« Si l’on parle de l’avenir qu’on souhaite, en tout cas, on peut dire qu’on espère qu’il tend à une mixité croissante, à des relations de plus en plus mixtes, c’est-à-dire entre enfants et adultes, des relations entre gens de même sexe, aussi bien que de sexes différents, et entre des gens de races différentes également. » (source : https://youtu.be/eUJWhaJ_EuE?t=92, consultée la 25 juin 2022)

Nous sommes consternés de voir que le militant de la révolution sexuelle situait sur le même plan la pédophilie, l’inversion et le métissage, comme si ces trois comportements se valaient. Quoi que l’on pense des deux derniers, ils relèvent de la liberté individuelle tant qu’ils impliquent des personnes majeures et consentantes.

En revanche, la pédophilie, c’est-à-dire les sévices que l’on inflige à un enfant, être innocent, répugne aux honnêtes gens et ne saurait trouver sa place dans une cité saine et équilibrée. Allons plus loin dans l’analyse : si l’on peut supposer que le sinistre Guy Hocquenghem, proche en d’autres temps du gourou de la Prétendue Nouvelle Droite, Alain de Benoist (source : https://www.revue-elements.com/liberation-alain-de-benoist-faiseur-de-droites/, consultée le 25 juin 2022), qui a soutenu Gabriel Matzneff et excusé la pédophilie, se livrait à un plaidoyer pro domo, puisqu’il assimilait la banalisation de la pédophilie à la progression de la « mixité », dont il paraissait épris, il ne faut pas sous-estimer pour autant la dimension idéologique de l’action qui était la sienne.

En désacralisant l’innocence et l’enfance, en vantant des comportements délictueux, voire criminels, en portant aux nues l’un des pires vices de l’humanité, le cosmopolite, immoraliste invétéré, inflige un coup de taille à la morale, à la famille et à la civilisation, tous biens que nous, hommes de droite, ennemis des cosmopolites, chérissons. L’apologie de la pédophilie s’inscrit donc dans un système, lequel porte un nom : le cosmopolitisme, ou idéologie cosmopolitique.

Notre programme

Avec Henry de Lesquen, agissons pour que la France redevienne la France.

IMMIGRATION

Nous voulons mettre fin à l’immigration-invasion. Cela nécessite deux conditions et huit mesures phares parmi lesquelles figure l’abolition du droit d’asile. L’asile doit être une faveur, non un droit. Nous souhaitons également engager une grande politique nationale de réémigration des populations extra-européennes qui ne souhaitent pas ou qui ne peuvent pas s’assimiler à la culture française.

Notre plan se déroulera en trois actes : une réforme de la constitution, une grande loi sur l’immigration, et un départ d’au moins 2 millions d’immigrés en 5 ans.

DROIT DE LA NATIONALITÉ

Nous voulons réformer le droit de la nationalité. Nous proposons 10 articles au lieu de 114 actuellement.

JUSTICE ET SÉCURITÉ

Nous supprimerons l’État de droit. L’État de droit est contraire à la république, qui suppose l’État légal, où les juges sont soumis à la loi.

Nous voulons rétablir la sécurité dans notre pays. L’ordre sera rétabli dans les zones de non-droit, au besoin par l’armée. Il y aura de véritables peines-planchers pour tous les crimes et délits. Les honnêtes gens pourront porter une arme.

DÉMOCRATIE

Nous souhaitons rétablir la démocratie en France. Ce projet ne pourra se réaliser que s’il y a primauté de la loi française sur le droit international. Nous souhatons restaurer la liberté d’expression en abrogeant le dispositif criminel et arbitraire que représente la législation antiraciste. 

La liberté de discrimination, premier des droits de l’homme, sera pleinement restaurée. 

RÉFORME TERRITORIALE ET DÉMOCRATIE LOCALE

Nous proposons une nouvelle réforme territoriale couplée à un développement de la démocratie locale. La France sera divisée en 26 régions fondées sur l’histoire et la géographie. Nous supprimerons les départements et transférerons leurs compétences aux nouvelles régions.

Nous traiterons définitivement la question corse. Nous rétablirons définitivement l’ordre en Corse en mettant en œuvre les ressources de l’état d’urgence. Nous abolirons les privilèges et aberrations juridiques et fiscaux pour favoriser le développement de l’île. Nous accorderons à la Corse une large autonomie.

ÉCONOMIE

Nous voulons redresser l’économie française en libéralisant le marché du travail. La liberté du commerce et de l’industrie sera inscrite dans la constitution. La loi en tirera toutes les conséquences. Le contrat pourra déroger au code du travail et le SMIC sera supprimé. La préférence nationale sera instituée.

ENSEIGNEMENT

Nous avons pour projet de rénover l’enseignement en France en mettant fin à l’égalitarisme scolaire. Nous proposons une privatisation de l’ensemble de l’enseignement français. Les enseignants ne seront plus fonctionnaires. Les programmes viseront l’excellence et seront adaptés aux capacités des élèves. Nous engagerons également la suppression du collège unique.

FAMILLE

Nous voulons ressusciter la famille. La constitution proclamera que le mariage ne peut unir que 2 personnes de sexe opposé. L’autorité du chef de famille sera restaurée. Nous souhaitons établir un suffrage universel authentique. Le chef de famille votera pour ses enfants mineurs.

La loi Veil sera abrogée. Retour au code pénal de 1810 : avortement tenu pour un crime et passible de prison. La loi ne doit autoriser l’avortement volontaire que dans 2 cas : la femme a été violée ; la grossesse met la femme en danger.

IDENTITÉ NATIONALE

Nous voulons faire respecter notre identité nationale. La circoncision rituelle des enfants sera interdite. L’égorgement rituel des animaux sera prohibé. Le port du voile islamique sera proscrit. Le processus de construction des minarets et des mosquées–cathédrales sera arrêté.

Nous voulons promouvoir un racisme républicain, positif, sans haine et sans reproche.

DÉFENSE NATIONALE ET POLITIQUE ÉTRANGÈRE

Nous voulons réorienter la politique étrangère de la France. Celle-ci aura pour principes la souveraineté, le rang, la grandeur ; pour objectifs la puissance, l’indépendance, la paix. La France maintiendra et développera sa force de frappe nucléaire. Nous augmenterons les dépenses militaires à 4% du PIB (moins de 3% actuellement).

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POLITIQUE CULTURELLE

Notre nouvelle politique culturelle sera l’amorce d’une renaissance culturelle de la France, qui a vocation à la grandeur. L’Etat combattra le cosmopolitisme culturel et l’art dégénéré qui en est le produit. La pornographie sera interdite.

« Je porte un programme nationaliste, libéral, démocrate, républicain, traditionaliste, identitaire, populiste : national-libéral. Le national-libéralisme est l’expression doctrinale du populisme de droite. Il est la réponse au cosmopolitisme et à l’étatisme. »

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